Repentir (le) - Tome 1

Au hasard d’une promenade, il est possible de croiser bien d’étranges êtres. Ils ont toujours une histoire à raconter à condition de savoir les entendre. Contes, légendes ou histoires historiquement prouvées, quelle importance cela peut-il avoir ? Ce qui je crois est vraiment important, c’est ce que laissent en nous les mots que nous avons lus ou entendus. Quelle résonance provoquent-ils. Car, au-delà des mots, même des plus invraisemblables, il y a toujours une réalité cachée.

Cette réalité-là fut celle d’un elfe de la cité d’or appelée autrefois Lune d’Argent. Je l’ai vu assis sur un tabouret, fantomatique et énigmatiquement entouré d’esprits vengeurs et voraces au milieu d’un lieu sinistre qui n’avait plus rien de doré. Je ne saurais vraiment dire comment j’ai pu l’approcher sans y laisser ma peau, les esprits ont disparu quand je me suis approchée. Mais ce que l’elfe fantôme m’a dit m’a paru très intéressant :

« Ces choses que vous venez d'abattre, elles vont revenir. Elles sont là pour me tourmenter. Jamais je ne connaîtrai le repos. La seule créature qui l'aurait permis est disparue à jamais, comme toutes les autres. Mais je suppose que mes petites misères n'intéresseront jamais une personne telle que vous ! Laissez-moi à mon sort, je l'ai largement mérité. Passez votre route avant qu'elles ne reviennent. »

J’ai été surprise par ces mots et, alors que j’allais lui expliquer que je n’avais abattu aucune créatures pour l’approcher, il enchaîna ceci : « Votre curiosité risque de vous coûter chère, vous savez ! Je ne suis qu'un monstre ignoble et sans cœur ! Mais peut-être que cela pourrait servir à modifier un peu le destin de personnes estimables qui ne méritaient pas ce qui leur est arrivé. Si vous voulez en savoir plus, vous devriez chercher après une certaine Naviniel. Je n’ai aucune idée d’où elle se trouve mais elle pourra tous nous aider si vous êtes assez persuasive. »

Il n’ajouta plus rien. Qu’entendait-il par "persuasive;" ? Je décidai donc de partir à la recherche de cette Naviniel. Derrière moi, les esprits réapparurent. Un paysage de mort défilait sous les sabots de Morval. Pas une mort comme la mort, mais plutôt une mort comme une maladie, une sorte de non-mort qui laisse le monde à l’agonie, une souffrance comme une absence. C’était effroyable ! Mais le rêve continuait quand-même.

La suite est encore moins plaisante parce que, même si le paysage avait laissé place à de la verdure, de l’or et d’autres magnifiques couleurs, Naviniel était nettement moins agréable. Alors qu’elle semblait proposer l’espoir en affirmant que la vengeance est mauvaise conseillère, elle ne voulut coopérer que quand je lui montrai que la nature savait se montrer convaincante. Après quelques jaillissements de force verte, elle finit par me confier ce qui suit :

« Oui, je l'ai aimé si fort que je lui aurais tout donné. Mais il m'a trahie. Il est revenu pour me voler mon enfant. Il est reparti et je ne l'ai jamais revu. Je n’ai eu longtemps que mes yeux pour verser toutes mes larmes sur toutes les terres du monde alors que j’allais à sa recherche. C’est au court de ces voyages que j’ai su qui il était vraiment.

« Un jour, je l’ai retrouvé et je l’ai tué. Il était non loin d’ici. Ces paroles, je les entends encore. « Pardonne-moi ! » implorait-il. « J’ai changé. Je regrette le mal que je t’ai fait… et à tant d’autres ». C’est le « tant d’autres » qui, en définitive, a déclenché sa mort. L’éternité de suffira pas pour me permettre d’expier ma sottise ! »

Elle me parla d’une femme elfe qui avait vécue autrefois. Elle avait connu mon fantôme. Impossible de savoir où elle était. Je me dis qu’il y avait peu de chance de la retrouver vu que tout l’ancien monde était mort. Mais, qui sait : Peut-être qu’un autre fantôme pourra me guider ?