Plus vite, Plus loin, sans jamais s'arrêter

Combattre par fierté, combattre par courage.... combattre par peur.

Rinidiel levait la tête vers le guerrier perché sur les roches en surplomb. C’était la deuxième fois qu’elle le voyait, et tous deux savaient ce qui allait se passer. Lors de leur première entrevue, La messagère avait eu le dessus, le poussant au fond de sa colère pour le maitriser. Elle lui avait alors promis de le retrouver. C’était chose faite. Les raisons de leurs combats ne regardaient qu’eux.

Chacun voulait prouver la faiblesse du raisonnement de l’autre, le premier à abandonner portera le fardeau de ses convictions déchues. Aucune règle n’avait été établie, mais tous deux se battraient à main nue et avec les seuls vêtements qu’ils portent. En une seconde le combat commença. En une seconde tout manqua de se terminer. Le grand guerrier s’était élancé, profitant de sa hauteur pour assener un coup de pied à la demoiselle. Elle pensait pouvoir l’énerver à nouveau, profiter de sa colère et de ses gestes irréfléchis, mais cette fois, il était calme et déterminé. Il était aussi plus rapide, trop pour qu’elle puisse se mettre en garde assez rapidement. Le souffle coupé, elle dégringola sur les pierres, protégeant son visage de ses bras, jusqu’à ce qu’elle cesse de tourner. L’homme ne l’attaqua pas immédiatement, raillant son état. Elle le provoqua en retour. L’elfe était descendu pour la toiser et lui fit regretter ses mots. Rinidiel finit de dévaler la pente après avoir reçus un coup de poing chargé de la part du guerrier. Sa tête lui tournait, y avait-il un tel niveau de décalage entre les deux pour qu’elle ne voit ses coups qu’au dernier instant. Elle essuya son visage, remarquant le sang. La subtilité devrait attendre. Elle se jeta sur lui dans un grognement de rage. Elle le fit tomber en le percutant mais sa stature l’empêchait de le contraindre au sol. Aussi, Mush’a en profita pour rouler sur lui-même et se ramassa avant de plaquer l’éclaireuse au sol.

Le poids de l’elfe lui coupa le souffle. Elle était en très mauvaise posture et le savait. Elle essaya de se débattre et le déstabiliser avec un coup de boule, qu’il esquiva sans difficulté. Il voulut lui rendre la politesse, mais au lieu de tenter de l’arrêter, elle appuya son mouvement, se décalant pour offrir le sol rocheux en cible à son front. Mush’a était distrait, sa peau ouverte suite au choc. Elle en profita, son coude vint cueillir sa mâchoire pour le dégager. Ils se redressèrent tout deux pour se faire face. Elle devait lui reconnaitre, il savait encaisser, sa stature imposante lui donnait un avantage certain. Il fut debout avant elle. Les coups reprirent, elle évita ses poings mais lui n’évita pas son coup de pied au tibia qui le fit chanceler. Tous deux étaient en colère à présent et tous deux se délectait de la rage de l’autre. Le coup suivant, elle ne put y échapper. Les phalanges de Mush’a s’enfoncèrent dans son ventre et mit la demoiselle à terre. Elle se laissa tomber à quatre pattes au sol, vomissant.

Pour le guerrier, le combat été fini, elle était au sol et il aurait pu l’achever, au lieu de quoi, il la méprisa et s’éloigna. Rinidiel écumait de rage et se releva malgré la nausée. Il lui restait ses jambes, pour courir et elle finit par le rattraper face à un manoir. Dans un cri, elle enfonça son épaule dans ses côtes, le faisant chuter sur les escaliers d’entré. Elle tomba avec lui, son corps tremblant. Il se débarrassa d’elle d’un coup de botte au visage. Elle se recroquevilla au sol. Tous deux soufflaient et toussais. Elle rampa dans la cour jusqu’à lui et enfonça ses dents dans son mollet. Le sang coula dans sa bouche mais elle ne relâcha pas, pas tant qu’il ne s’effondrerait pas. Il tenta de la dégager mais se fit repousser avant de basculer. Le visage couvert de sang, elle rampa sur lui faisant pression sur ses bras pour les maintenir malgré son manque de force. Leurs regards se croisèrent.
La haine brulait, aucun des deux n’abandonnerait, ils le savaient. La victoire s’arracherait sur un coup décisif. Le sang coulait sur la pierre, bouillonnant autant que la colère qui embrasait leurs âmes. Dans un élan mutuel, leurs têtes s’entrechoquèrent avec force. Remettant dans ce simple geste toute la symbolique de leur combat. Tous deux s’effondrèrent au sol, inconscient. Ils avaient perdu, le destin avait tranché, aucun d’eux ne se battait pour la bonne raison.

Changer à chaque fois, ou persévérer... le combat est le même tout comme le résultat.

Il pleuvait, la roche était glissante, et le vent soufflaient en continue. Les deux elfes se fixaient avec de la haine. Ils étaient perchés en haut d’une montagne, l’un des côtés était une pente abrupte menais directement à l’océan, tandis que l’autre était un canyon dans lequel coulait tranquillement une rivière. Les deux être se faisant face partageaient des points communs indéniables, un point de vue à défendre, de la haine envers l’autres et une trop grande hargne pour abandonner. C’était leur troisième rencontre, chacune des précédente avait donné lieu à un combat, celle-ci ne ferait pas exception. Quand les mots devinrent trop difficiles à supporter, quand la lassitude d’essayer d’éduquer l’autre à la raison les prirent, leurs lèvres se turent pour laisser parler leurs poings.




Rinidiel observa l’elfe musclé qui la chargeait, c’était devenu une habitude, presque un passage obligatoire de l’ouverture des hostilités. Mais cette fois, elle ne comptait pas lui opposer une force brute, elle ne faisait pas le poids. Elle esquiva de côté son coup de poing, tournant sur elle-même pour frapper son dos et le pousser plus loin, tel une provocation que cette fois, elle ne se ferais pas abattre si facilement. Le sol était irrégulier, aussi profita-t-elle de son avantage temporaire à se retrouver plus haut que lui. La main de Mush’a intercepta son pied avant qu’il ne frappe son visage, elle dû se contorsionner, tournant sur elle-même pour ne pas se retrouvé enfermé dans sa poigne. A peine avait-elle finit son tour que son poing essayait de l’atteindre. Mais le guerrier l’attendait, son assaut percuta sa paume et il lui saisit le poignet. Tirant sur son bras, il la déstabilisa, la faisant avancer pour l’accueillir avec le poing de sa main libre. Rinidiel, propulsé en avant, fit appel à toute sa souplesse pour se tordre de côté et esquiver. Déséquilibrée, sa contre-attaque le fit la lâcher à défaut de l’atteindre. Elle tentait de reprendre son équilibre quand le pied du géant lui coupa le souffle dans un coup droit. Elle fut projetée vers le bord, peinant autant pour ne pas tomber que pour remettre en route ses poumon.  

La vengeance fut immédiate, une fois son équilibre retrouvé, elle passa sous la garde du guerrier qui approchait et lui enfonça le poing dans le sternum pour lui couper le souffle et avoir assez de temps pour reprendre le sien. Tous deux avaient conscience du vide qui les entourait et la mort brutale qu’il promettait au moindre mauvais pas. L’eau ruisselait sur les deux combattant qui se dévisagèrent pendant une seconde suspendue dans le temps. Rinidiel décida de limiter ses mouvements de pied pour ne pas glisser, Mush’a fit le choix inverse. Il s’élança dans toute sa force et projeta son pied en premier en direction de l’elfe. Elle se protégea avec son avant-bras, déviant l’attaque tout en se déplaçant. Son autre main vint le frapper pour parfaire sa chute imminente. Son assaut porta, mais fut aussi son erreur. Elle vit la colère dans les yeux du guerrier qui lui saisit le poignet. Mush’a allait tomber, mais il ne le ferait pas seul. Les yeux de Rinidiel s’écarquillèrent quand elle fut entrainée dans sa chute. Ils roulèrent de concert jusqu’à une corniche quelque mettre plus bas qui arrêta leur chute. Ils grognèrent de concert, la roche ayant entaillé leurs chaires.

L’estafette, perdue, tenta de remonter le bras qui la tenait toujours pour s’attaquer à son propriétaire. Elle y renonça en sentant les puissants muscles du guerrier se tendre pour l’emprisonner en retour. Elle roula de côté et enfonça son talon dans le ventre pour le garder à distance. Elle espérait le faire tomber, mais Mush’a se rattrapa à la pierre et commença à se redresser pour lui faire face. Elle fit de même, reconnaissant qu’elle devrait y mettre plus d’énergie pour se débarrasser de lui. Elle fut trop lente à se relever. Ou plutôt, le guerrier ne lui laissa pas le temps. Il était encore courbé comme un lion en chasse quand il s’élança sur elle pour la plaquer au sol. Rinidiel avait beau se débattre, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne la bloque complètement. Il ne lui laissait aucune ouverture, déterminé à la soumettre et prouver sa volonté supérieure. Rinidiel n’était pas du genre à reculer... son honneur l’empêchait d’utiliser ses armes cachées ou même son poison, mais elle s’interdisait d’abandonner si facilement. Son œil repéra une descente un peu plus douce... elle y mit toute sa force, non pas pour rejeter son adversaire, mais pour tomber avec lui vers les profondeurs du canyon. Elle comptât sur le corps large du guerrier pour lui servir de bouclier, se cramponnant à lui dans leur chute jusqu’à ce que l’eau finisse par les arrêter.  

Ils sortirent, contusionné et écorché de l’eau, toussant côte à côte et s’invectivant l’un l’autre d’abandonner. Tous deux étaient affaiblit, mais aucun ne déclara forfait. Mush’a attaqua d’un coup de poing, qui fut esquivé de justesse. La suite fut rapide. L’assaut de Rinidiel fut arrêté par un balayage de la main du guerrier, faisant reculer cette dernière pour éviter le coude qui volait à son visage. Le haut de son corps reculait, mais son pied s’avança vers le genou de l’elfe aux cheveux sombres. Ce dernier l’esquiva et profita de la posture précaire de son ennemie pour la saisir à la gorge et la redresser en refermant sa poigne. L’estafette réagit rapidement en frappant l’articulation du bras qui la tenait pour se dégager. Ce combat était sans fin, tous deux étaient usé, mais aucun n’arrivait à porter de coup décisif. Ils esquivèrent tout eux le poing de l’autre, et l’estafette manqua de se faire mordre de peu. S’il désirait se venger de la dernière fois, elle lui ferait comprendre qu’elle n’était pas en reste. Elle se jeta à son cou, et ses dents s’y enfoncèrent. A moitié allongé dans l’eau, elle serra la mâchoire alors qu’il lui saisit la gorge pour l’étranger. Chacun serrait de plus en plus fort. Mais Rinidiel ne comptait pas sur lui pour abandonner. Elle enfonça son coude dans son ventre pour lui couper le souffle et le distraire. Ce qui fonctionna... mais qui ne la sauva pas.

Faible dans ses forces, le guerrier ne l’était pas dans sa conviction. Ses bras se refermèrent tel étaux sur la demoiselle et alors qu’il plongeait dans l’eau, elle le suivit contre sa volonté. Elle relâcha sa gorge, à la recherche d’air, mais Mush’a ne comptait lui offrir aucun répit. Il se trouva incapable de reprendre le dessus sur elle, mais elle le fut tout autant d’échapper à son emprise. Décidé à se venger de la faible créature qui lui résistait tant, le guerrier imprima la marque de ses dents dans le cou de Rinidiel. Tous deux étaient à bout, l’estafette avait sa vision embrouillée par le manque d’air, la fatigue et la douleur. Mais s’ils partageaient une chose... c’est qu’il ne comptait pas laisser ne serait-ce qu’une demi victoire à l’autre, il fallait vivre pour voir l’autre s’écraser, mourir serais lamentable. Ils retrouvèrent la surface. Mush’a recrachant le sang pour reprendre l’air, il avait lâché sa gorge, mais pas son étreinte. La demoiselle faisait de son mieux pour respirer, le courant commença à les emporter vers les chutes. C’est le guerrier qui, dans un dernier effort, les poussa en partie hors de l’eau. Rinidiel était écrasé entre la roche et le guerrier qui perdait conscience. Elle était à bout et le monde se faisait de plus en plus obscure, entraînée par l'épuisement  

Elle ne pouvait pas laisser faire ça. Abandonner ici, aussi lamentablement n’avait aucun sens. Ils ne pouvaient plus se battre, elle le savait, sa vision était floue, mais elle sentait tout son poids sur elle et sa respiration lente. Elle dégagea sa main, assez pour fouiller une poche secrète et en sortir son plan d’urgence, une potion de soin. Elle ne l’empêcherait pas de s’évanouir, mais lui éviterais une l’hémorragie dangereuse. Elle en engloutit la moitié, peinant à avaler avant de tousser. Elle ne pouvait pas supporter de ne pas contempler sa victoire.... l’homme allait peut-être y passer et il n’avait pas avoué la faiblesse de ses idées. Elle le maudit, elle se maudit, elle maudit le monde entier. Lui qu’elle détestait si férocement, allait peut-être mourir dans l’honneur du combat, sans qu’elle ne puisse savourer sa fin, sans qu’il n’avoue ses échecs. Même sa petite triche pour survivre ne lui apporterais au final aucune satisfaction. Son poing se serra sur la fiole. Rinidiel se haït pour ce qu’elle allait faire. Elle grogna avant de verser le reste du contenu dans sa bouche. Elle était à peine consciente de son environnement, elle sentait juste son poids, ses yeux ne lui offraient qu’un monde flou. Alors elle avança la tête à sa recherche et lui transmit le reste de sa potion pour que son sang cesse de couler de sa morsure. Elle le fit avec ses dernières forces avant que la faiblesse n'aie raison d’elle et l’emmène dans un sommeil forcé. Le guerrier finit par sombrer à son tour, inconscient ce qu’il venait de se passer, la masse de son corps les empêchant tout deux de se faire emporter par le courant à leur pieds et s’écraser au bas des chutes.

La journée était longue, la soirée qui viendrait le serait tout autant. Ses pas l’amenaient à traverser six régions pour cinq arrêts. Elle avait commencé devant les terres de la Grotte rouge pour ensuite se rendre à la capitale de pierre avant de prendre les chemins vers le sud, s'arrêtant à Ruisselune. Elle courrait à présent dans le bois sombre vers les terres de la Horde Blanche, dernière étape avant le final au camp Evigil dans les marais. Elle s'était déjà présentée dans chacun de ses endroits, aussi sa présence n'étonna personne, ça ne lui rendit pas l’exercice plus facile pour autant.

Partout où elle s'était arrêtée et partout où elle le ferait, elle répétait les mêmes gestes, les mêmes paroles. Elle se trouvait un lieu où elle pouvait être entendue, attirait l'attention de ceux qui la voyaient et reprenait d'une voix douce, mais portante.



Rinidiel était consciente qu'elle avait déformé la vérité, lissant et arrangeant les faits pour les rendre plus héroïques. Ça la faisait pester alors même qu'elle courait sur les pavés du bois sombre. Elle aurait très bien pu dénoncer à la place son assassinat par l'une de ses amies pour l'empêcher de devenir lui-même un monstre... ce qui se rapprochait plus de ses convictions personnelles.

Ce ne serait pas pour cette fois. Pour autant, elle était loin de le faire pour de nobles raisons, l'espoir du peuple, la bonté des gens... elle n'y croyait pas elle-même. Par ce geste, elle s'imposait un peu plus en porteuse de nouvelle, rendant sa présence un peu partout plus naturelle. Et peut-être que par là, elle avait aussi réussi à porter un hommage à l'une des rares personnes qu'elle appréciait dans ce monde. Un dernier acte avant de le laisser être happé par le passé.

Premier contact



Une aura de lumière grandit autour des mains de la prêtresse à l’instar des yeux de l'elfe qui fit les yeux ronds face à ce danger.

NB:

Quand tu cours si vite que tes yeux ne voient plus.

Rinidiel observait la dame en robe blanche tout en montant les dernières marches de la tour. La pluie tombait dru sur leurs têtes. L’elfe s’en moquait, ce n’était qu’un détail comparé à la raison de leurs présences ici. Elle offrait un visage vide de sentiment à la prêtresse souriante, c’était le mieux qu’elle pouvait faire.  

La coureuse aux cheveux bleus préparait cette entrevue depuis des jours, d’abord en récupérant de ses blessures pour ensuite s’entrainer durement. Elle portait une armure de maille sombre et les fioles qu’elle avait préparées pour contrer à la plupart des cas pendaient à sa ceinture. Ce soir, il n’était pas question de fuir devant elle. Ce soir, elle devrait aller jusqu’au bout. Mais avant d’agir, elle avait besoin de réponses. Comme un dernier appel pour prouver qu’elle avait tort. Les excuses la traversaient sans l’atteindre, elle n’était pas là pour ça. Néanmoins, il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Rinidiel ait ses réponses.

_Je veux juste que vous sachiez que jamais la Lumière ne fait de mal aux justes.

Le visage de l’elfe se crispa dans un sourire en coin. Voilà donc la raison de sa souffrance, elle ne devait être une créature que la lumière avait jugée indigne, voire même peut-être impie. Oh, mais la prêtresse avoua qu’elle n’avait eu d’autre intention que celle de vouloir lui enseigner les facultés de la lumière. La messagère n’en doutait pas, c’était le cœur de leur problème à tous, ils étaient convaincus de bien user de leurs pouvoirs. Les boules de feux pouvaient pleuvoir sans conséquence, mais qu’un seul ose lever une lame ordinaire, son arrêt serait brutal.  

_Vous vous considérez supérieur sans même vous en rendre compte, pour vous, votre supériorité est devenue normal, vous ne jugez qu’en vos yeux.

Le masque de Rinidiel se fendillait laissant échapper une grimace plus qu’amère.

_Votre sourire n’est que le reflet de votre abjecte autosatisfaction.

La colère montait dans son visage, Neige n’était pas la seule dans son cas, mais c’était la première à avoir fait le pas de trop. Ce geste qui avait été une confirmation de la folie de ce monde. Leurs textes sacrés le montraient, l’univers se compose entre sacrée, nature, arcane, ombre, nécromancie et gangrène... le reste n’était qu’insignifiant, ceux ne recevant pas de don du destin, élue de la destinée ou né magie en main, ne seraient que des outils pour les plus grands.  

_Il est si rassurant de savoir que votre déesse maudite vous apprécie, vous élevant au-dessus des misérables, que vous en oubliez que vous seriez moins qu’eux sans les dons qu’elle vous prête.  

L’elfe voyait que l’humaine était effrayée, mais elle s’en moquait. La colère brulait bien trop fort en elle pour qu’elle s’arrête là. Les paroles du druide l’avaient conforté dans ses choix. “La vie est cruelle et impitoyable”. Ceux qui avaient du pouvoir l’utilisaient sans réfléchir à leurs conséquences, tel loup qui tuait le daim, certain prenaient même plaisir à le faire, abusant de leur puissance tout en se confortant d’être juste. Mais le tauren avait agi, il avait tué le loup: “J’ai subi sa cruauté, et accepté l’idée qu’il n’arrêterait pas”. Il avait appelé ça de la bienveillance, un mot cruellement ironique aux oreilles de la messagère. Aujourd’hui, le loup avait un sourire bienveillant.  

Le regard de Rinidiel se couvrait de haine. La priseuse n’était pas encore complètement folle, elle sentait le danger. Elle se défendit en paroles, assurant que Rinidiel se trompait, qu’elle ne comprenait pas.

_Je pensait que vous le pouviez, je suis désolée, peut-être que le mieux serait de m’oublier.

Elle le prit pour de la condescendance, l’erreur de la démone blanche aurait été de croire Rinidiel meilleur que ce qu’elle n’était ? Et à présent qu’elle devait y faire face, elle voulait se faire oublier. Toujours la même rengaine, elle n’était pas digne ?  Ce monde broyait ceux qui le parcouraient, n’accordant la tranquillité qu’à ceux s’aveuglant dans leurs propres suffisances induites par leurs pouvoirs qui les rendaient si... meilleurs. Elle avait cru pouvoir s’améliorer, courir plus vite, dépasser ses limitations, prouver qu’il y avait une chance pour tous. Mais elle avait vu ses espoirs disparaitre un à un. Ils étaient rares ceux qu’elle avait sincèrement apprécié la compagnie... cinq, ils étaient cinq, trois avaient fini par disparaitre, essayant de survivre... ou n’ayant pas réussi, une s’était vue pervertie par la lumière à un tel point qu’elle contrôlait ses émotions. Le dernier ? Il passait ses journées à travailler plus que son corps ne le supportait pour essayer de devenir meilleur. Et à chaque fois elle entendait les “grands” se critiquer entre eux comme si le reste n’était que futilité.  Neige lui reprochait de n’ouvrir aucune porte pour des discutions, il était si facile de les atteindre de son promontoire de lumière... Rinidiel sortit les dagues cachées dans les encoches de ses bottes, le poison suintait du bout des lames.

_Pour ce qui est des portes, je compte en condamner plusieurs.

La menace était claire et elle ne s’en cacha pas. L’élue haïe prit la fuite, dévalant les escaliers pour atteindre la sortie. L’elfe au sombre dessein la poursuivit et le laissa tomber lourdement devant l’entrée de la tour, lui barrant la retraite.  

_Vous allez devoir faire un choix, entre celui de mourir ou tuer.  

Le monstre de ses cauchemars, la démone aux mille sourires.... Refusa de tuer, affirmant qu’elle sortirait. Ça ne correspondait à aucune des fins qu’elle avait imaginées. Un rictus déforma le visage de Rinidiel, la peur était un combustible puissant et brulait en de vives flammes de haine. Elle avait prévu beaucoup de situations, mais un seul connaissait son véritable plan, un elfe qui descendait aussi vite les bouteilles qu’il crachait ses pensées. Elle lui avait tout dit sur ce qu’elle comptait faire. “Tu fais juste un gros caprice. La plus capricieuse c’est toi. C’est pas les autres qui font du feu ou des étincelles” ses paroles l’avaient blessé, mais au moins prouvé ce qu’elle essayait de se cacher, aussi loin qu’elle irait elle ne serait pas à la hauteur, toujours du mauvais côté, à se plaindre de plus fort qu’elle. “Tu n’as qu’à continuer à faire ta crise en te plaignant, le monde n’est pas comme tu veux. Tu finiras toute seule, tu perdras ta pote, ton village, tu n'auras des ennemis.”  

Elle était venue à la même conclusion, la conclusion que ce monde essayait de lui donner depuis le début, elle n’y avait pas sa place. Elle était jalouse, frustrée, mais surtout terrorisée par cet écart de force qu’elle ne pouvait rattraper. C’était à son tour de quitter ce monde, elle ne croyait pas en ses chances de vaincre l’élue d’Ishmii. Et quand bien même elle y arriverait, elle serait ramenée et elle condamnée. Qu’ils la haïssent, ce serait le seul moyen pour qu’elle parte sans laisser de regrets. C’est le moment que Neige choisit pour être lucide. Elle la croyait incapable de la tuer, égarée par sa haine. Et au moins elle avait raison, Rinidiel n’était pas une tueuse, elle ne se considérait même pas comme une bonne combattante, mais avec assez de colère elle aurait la force de se laisser consumer.  

_Vous allez obéir, mais à quoi, j’aimerais le savoir...

La pensait-elle soumise aux ombres ? La messagère les détestait pourtant tout autant, mais si c’est ce qu’elle voulait croire...

_Les puissance de ce monde sont grande imaginez la pire d’entre elle, et vous serez loin du compte, je lui appartiens, alors vous allez mourir.
_C’est bien ce que je pensais.  

Elle la pensait incapable de ses propres choix, de faire sa propre voie. Elle ne comprenait pas le néant dans lequel elle s’était retrouvée, la seule force à laquelle elle appartenait, était la peur. Mais ce n’était pas assez visiblement... Ce manque de considération fut la goutte d’huile qui suffit à la laisser s’abandonner à sa rage. Elle bondit sur l’humaine, ses dagues lacérant son bouclier avant de le percer pour s’attaquer à sa chaire. Elle la forcerait à se défendre et à finir ce qu’elle a commencé.  

La vie est cruelle et impitoyable... la lumière accorda la célérité à sa soumise pour qu’elle puisse fuir plus vite que les coups qui la poursuivait. Quelque chose de plus se déchira en Rinidiel. Elle qui avait passé sa courte vie à toujours courir, d’essayer de prendre plus de vitesse, voyait ses objectifs s'éloigner par un simple don qui battait tous ses efforts. Elle hurla sa rage et sa haine. Alors qu’elle se perdait dans un tourbillon des deux, une voix s’imposa à son esprit, celle de l’ange blessé. Directement dans son propre esprit, n’avait-il dont aucune limite ? N’y avait-il rien qui pourrait lui appartenir rien qu’à elle ? Elle tomba à genoux en hurlant pour chasser la voix. Elle se redressa, l’ombre d’elle-même, ne suivant que sa peine. Elle irait les chercher.

_EMPORTEZ LA AVEC VOUS !

Elle s’était introduite sur les terres du sanctuaire et sa lance vola vers l’un des anges le gardant. L’arme n’attendit pas sa cible. Mais elle sentit une force écrasante, venue pour broyer toute violence qu’elle pouvait exprimer. Elle n’était pas de taille, elle n’était pas libre de ses actes, les monstres du sanctuaire ne lui accordaient rien d’autre que la soumission. Elle fuit, elle qui s’était juré de ne pas le faire. Jusqu’à ce que ses poumons lui brulent.  

Aube tenta de la raisonner, elle qui était perdue dans son propre chaos. Elle aurait pu le tuer, elle allait le faire, mais il n’était pas responsable de sa douleur. Elle n’était pas une tueuse, elle l’étourdit pour pouvoir fuir.  Elle n’avait pas de famille, pas de communauté pour la protéger ou la réfugier, même pêche qui avait dit qu’elle essayerait de faire bouger le village pour cette affaire n’avait rien pu faire de plus que lancer une rumeur. Que tous la pensent folle ou possédée, qu’on la croit surtout dangereuse qu’on puisse lui accorder son repos pour qu’elle trouve peut-être sa place en un autre monde. Elle s’effondra, se recroquevillant dans l’une de ses cachettes, le visage couvert de larmes, quand la haine disparaissait, il ne lui restait que ses échecs.

Quand.... Tout est chaos.  

Rinidiel observait le plafond de la grange, allongée sur une des larges poutres. Elle devait se l’avouer elle-même, elle était complètement perdue. Elle avait échoué à tous les niveaux, rien de ce qu’elle avait prévu n’était arrivé. Pire, la main du destin avait fini par lui prouver qu’une simple bénédiction suffisait à dépasser tous ses efforts. Sa jambe pendait dans le vide alors qu’elle reposait sa tête contre le bois dur.

Elle essaya pour la centième fois de réviser ses solutions, mais elle se perdit au bout de la deuxième. Un sentiment de peur lui collait à la peau. Celui de ne pas être à sa place, de ne pas être à la hauteur. Mais dès qu’elle essayait de s’y ouvrir, sa frustration prenait le dessus et l’alimentait en colère. Elle s’était piégée dans sa propre boucle. Pêche lui avait dit qu’elle la suivrait et la protègerait, qu’elle fuirait même avec elle aussi loin qu’elle voudrait, mais la messagère ne pouvait pas lui infliger ça. La fuite n’était pas une solution, partout le monde serait pareil. Elle devait en finir ici, mais elle ne savait plus comment faire.  

_Dame Rinidiel ?

L’elfe sursauta, et se recroquevilla sur sa poutre pour se cacher. Qui, quoi, comment ? Elle jeta un œil furtif à l’humain qui venait d’entrer. Elle reconnut Aube, et sans aucun doute, il la cherchait. Il ne fallut pas longtemps pour qu’elle devine qui lui avait où la trouver. Une seule personne le savait *Pêche, ça, tu vas me le payer*. Elle se laissa glisser avec discrétion jusque dans son dos. Il avait intérêt à avoir une bonne raison de sa la chercher.  

Elle avait toujours eu un peu de mal à comprendre cet humain... c’était en même temps le cas de la plupart des comportements des autres races. Mais elle était forcée de reconnaitre qu’il avait montré plusieurs fois qu’il voulait l’aider. Aussi, elle l’écouta, rangeant ses lames. Est-ce par un instant de faiblesse, ou qu’elle n’avait plus rien à perdre, ou bien encore par ce qu’il écoutait sans la juger... quoi qu’il en soit, elle finit par se confier sur ses véritables intentions... le fait qu’elle ne savait pas quoi faire. Elle se mentait à elle-même sur ses craintes, sur sa jalousie, sur ses espoirs.  

_Vous devriez vous excuser auprès de Dame Neige.
_M’excuser ?!  

Elle n’était pas prête pour ça, pas prête à accepter ses échecs. C’est sa colère qui prit le dessus, se réfugiant derrière une fureur aveugle. Voir Neige, elle allait le faire, et elle finirait ce qu’elle a commencé. C’était sans compter sur l’humain. Il tenta d’abord de la raisonner, sans succès avant de se mettre en travers de son chemin. Elle le menaça et il se coupa en déviant sa dague. Niveau combat elle remarqua vite qu’elle n’avait pas le niveau, il lui faudrait forcer le passage et partir. Ce fut un nouvel échec. Elle atterrit au sol, maintenue dans cette position par le poids de l’humain, sa dague la menaçant.  

La messagère crachait son venin, mais l’humain aux yeux de sang, cria plus fort, la forçant à l’écouter, la plaquant au sol. Rinidiel finit par céder, abandonnant la colère et sa tentative de se libérer. Ce que Aube mettait comme énergie à essayer de la raisonner la dépassait. Elle n’avait aucune envie de lui faire du mal. Elle rendit les armes et l’humain en armure la prit dans ses bras pour la consoler.

_Vous avez dame Pêche, moi et tous les autres membres de Hautemaison. Vous n’êtes pas seule au monde.

Elynnira expira lentement. Elle savait qu’il avait fait beaucoup d’erreurs, que certains n’étaient pas contre une condamnation à mort pour lui, elle l’avait elle-même menacé de mort au moins quatre fois. Et pourtant, il était là et faisait son possible pour l’empêcher de commettre plus d’erreurs. Peut-être... peut-être pouvait-elle accepter de voir ce qu’il tentait tant de lui montrer, que tout n'est pas perdu.  

Ce soir-là, elle apprit à avoir un peu plus confiance en lui. Elle qui avait vu toutes les personnes qu’elle considérait disparaître ou corrompue. Elle avait beau avoir toute confiance en Pêche, ce que lui infligeait la lumière lui restait sur le cœur. Peut-être pouvait-elle essayer une dernière fois de croire en quelqu’un de plus. Elle lui fit faire une promesse... une qu’elle savait qu’il était peut-être le seul à pouvoir respecter. Si elle venait à replonger, à faire du mal. Il devrait l’arrêter, quel qu’en soit le prix pour elle. Il accepta et lui assura qu’il serait là quand elle verrait Neige. Après son départ, elle changea de planque, mais au moins elle put s’endormir avec un espoir.

La sagesse des dieux.  

Rinidiel venait à se demander pourquoi elle prenait encore la peine de changer ses lieux de vie. Il avait fallu quelque seconde à la déesse Natalia pour les trouver, Aube et elle. La quintessence même du pouvoir absolu à l’esprit étriqué. Il fallut énormément d’effort à la messagère pour contenir ses mots. Ce qui ne l’empêcha pas d’envisager de sauter sur la déesse de la nature pour arriver à ses fins, mais elle se dit que les conséquences pourraient la dépasser elle et en impacter d’autre... ce qui n’était pas non plus dans ses objectifs.  

Alors elle en profita pour apprendre. Le savoir est un grand atout et avec l’humain assassin à ses côtés, ils en apprirent plus sur les armes légendaires du monde et leur contrepartie. L’apprentissage ne s’arrêta pas là pour autant. Ils en apprirent plus sur le fonctionnement du monde, et ce fut comme une descente aux enfers. Tout n’est que pouvoir et volonté supérieure. Même les choix des mortels sans pouvoir ne sont pas toujours de leurs faits. Aucun moyen d’y échapper, la seule solution est d’être un élu ou de subir. Même leurs exitances n’est que... de la chance en fait.  

Tous les dieux s’ennuient, et visiblement les mortels ne sont que des essais. Ceux recevant de grands pouvoirs ou des responsabilités ne sont que des élus de l’un ou l’autre. Leurs vies ne valent que peu, et encore plus pour ceux qui n’ont les bonnes grâces d’aucun des puissants. Et la fatalité est encore plus évidente qu’ils ne s’en cachent pas.

_ Natalia vient parler aux mortels pour voir s'ils ont toujours dignes d'exister.
_ Oh, et donc, sommes-nous encore dignes de divertir les dieux ?

Rinidiel partirait dormir sans réponses autres que la déesse aurait préféré voir ses propres incarnations couvrir le monde que les voir eux. Elle savait que c’était une lutte impossible, les clefs n’avaient jamais été dans leurs mains, on ne fait que les agiter devant eux, les relevant plus haut à chaque fois qu’ils avançaient.  

Aube tenta de lui changer les idées en lui offrant le reste de l’armure qu’il avait commencé à lui faire. Elle l’en remercia intérieurement, elle ne savait pas combien de temps de plus elle aurait pu ternir son masque de neutralité en entendant toutes ses révélations. Elle put penser à autre chose le temps de quelques minutes.  

Au moins, la remarque sur la futilité du monde lui fit prendre une décision. A quoi bon continuer ? Elle préparerait ses dernières affaires et se mettrait en route. Elle mettrait fin à cette histoire, elle avait un message d’importance pour la priseuse souriante.

Que le monde devienne ton chemin.

Rinidiel continuait sa route. En pleine course sur les chemins ombragés de la forêt verte, elle faisait le point sur les évènements qui s’étaient enchainée depuis plusieurs lunes. Pour une fois, le soleil dardait ses rayons au travers des feuillages, faisant remonter l’humidité de la terre, l’odeur d’humus empreignant les chemins. La messagère pouvait se laisser aller à ses pensées sans se méfier du sol glissant.

Elle avait réussi à faire la paix avec le monstre de bienveillance, enfin plus ou moins. Encore aujourd’hui, elle ne savait pas trop quoi en penser, ils s’étaient expliqués et par certain aspect, elle avait compris les intentions de la démone blanche. Aube avait servi de gardiens pour empêcher que les choses ne dérapent. Il s'était montré quelqu'un de fiable, même si parfois maladroit. Elle avait appris à le respecter. Pourtant, la catastrophe n’était pas passée loin. Néanmoins, elles avaient fini toutes deux par s’entendre, assez pour obtenir un point d’équilibre. Une forme de respect s’était formée au-delà de la haine. Neige n’était plus son ennemie, mais ne savait dire ce qu’elle était devenue.

Ce sentiment s’était renforcé lors de son voyage dans le nord. Alors qu’elle découvrait les chemins menant chez les éclaireurs, elle tomba sur Neige, Barde et Dornaa. Elle avait décidé de les accompagner pour le voyage retour… c’est ce qu’elle croyait. Elle se retrouva embarqué dans les terres elfiques ou débuta son cauchemar.

A bord d’un navire volant propulsé par la lumière dont elle ne pouvait pas s’échapper, elle atterrit au royaume de l’autolâtrie. Les antiques forêts elfes étaient bien calmes à présent, mais pas inhabité pour autant. C’était devenu les terres de Brave et Miracle, sous l’œil veillant de la déesse de l’ennuis et du passé. Il ne fallut pas longtemps pour découvrir de Rune faisait aussi partis des invités de la région. La messagère avait senti tous les poils de son corps se hérisser. Elle était entourée des seigneurs du pouvoir aveugle, les cultistes de la force prédestinée, les élus du passé.  

Elle aurait pu fuir, elle aurait dû fuir. Tout son corps l’en suppliait, d’empoigner sa pierre et de disparaitre. Mais elle s’y refusa, Elle ne baisserait pas les bras, quelque soit l’endroit où elle se trouverait, elle montrerait qu’elle est capable, de s’adapter, d’évoluer et de devenir meilleur. Les fruits de sa résistance dépassèrent son espérance. Elle participa à la mission consistant à récupérer la terradiance et revint avec plus de minerais que quiconque. Elle obtint une clé qui lui permettrait de revenir. Et contre toute attente, la déesse lui apprit quelque chose qui la conforta dans ses choix, si elle était revenue à la crypte, ce n’était pas tant par ce qu’elle avait été appelée que surtout par sa propre volonté.

Le minerai lui avait permis de conclure un accord officiel avec Hautemaison et le sanctuaire. Elle était à présent sous leurs protections. Et ce n’était pas le seul accord passé. Quelques lunes plus tard, elle avait réussi à obtenir le même de la part des Evigils. Suite à de longues discutions et d’échange, elle avait appris beaucoup sur leur culture intéressante et sur leur vision du monde. Elle avait fini par obtenir une part de la confiance de Monamie et inversement. Rinidiel était sous la protection de 3 communautés parmi les plus puissante dans leurs domaines. Mais elle ne comptait pas s’arrêter là.

La messagère ne ménageait pas ses relations et ne ratais jamais une occasion de les améliorer. Ses nombreux trajets l’emmenaient souvent à passer par la forêt sombre. Elle emmenait à chaque fois une offrande pour les worgens qu’elle croisait et était fière d’être à présent reconnue par les worgs qui l’accueillait toujours avec de la joie. Ce n’était pourtant encore loin de son objectif.

Pour cette raison elle s’était rendue devant le domaine de la sombre déesse, Azmii, lui portant un message tout particulier. Elle l’avait fait la peur au ventre et avait eu du mal à garder sa voix sans tremblement, mais il était hors de question de reculer. Elle avait rencontré une voix, un de ses serviteur qui lui avait assuré que son message serait entendu et qu’elle devrait se préparer à une réponse. Elle avait pu repartir entière et libre, un exploit qui la poussait à continuer.

Tout n’était pas rose non plus… Garrick lui avait imposé une mission presque impossible qui lui avait demandé de voyager dans tout le continent, faisant appel à toutes ses ressources pour essayer d’avancer ne serait-ce qu’un peu. Il y avait eu le retour du couple tonnerre de feux, Il y avait eu quelques blessures, et des nuits où ses joues étaient aussi humides que ses bottes traversant le ruisseau. Rinidiel continuait d’avancer, encore et toujours vers on objectif irréalisable, elle finirait par l’atteindre, elle ne renoncerait pas. Elle se perdait parfois en route, ses blessures étaient parfois physiques, parfois elles touchaient son cœur. Les souvenirs s’alourdissaient dans ses sacs et elle avait de plus en plus de mal à s’en détacher. Mais elle n’était pas seule non plus.

Parmi les vivants ils étaient de plus en plus nombreux à obtenir sa confiance, certains d’entre eux avais le droit à des fragment de son vrai visage, caché au-delà des milles couches qu’elles accumulait et rajoutait encore.  Qui pouvait se vanter de la connaitre réellement, de savoir ce qu’elle attendait du monde ? De quoi elle rêvait ? de quoi elle avait vraiment peur ? Savoir la profondeur de la haine qui l’envahissait ? Peut-être que certains avaient un début de vérité. Elle pouvait compter sur ces petit instant, ces paroles, ces gestes, ces insouciances pour soulager son esprit, lui permettant d’avancer. Parmi les éveillé, il y en avait deux qu’elle considérait réellement comme ses amis, mais même cela, elle le garderait secret.

Rinidiel reprit une grande inspiration, concentrant son regard sur le chemin devant elle. Dans ce monde maudit, elle arracherait la place et deviendrait inarrêtable.

Bonus : "Cours Rini, Cours !" Merci à Barde !:

HRP-En Bref:

Sans racine, rien n’empêche la chute

Rinidiel suivait de regard le vol de la chouette sur les hauteurs. Ses cercles continus lui indiquaient qu’elle avait trouvé sa cible et la messagère était sur la route pour la rejoindre. Elle gravit les montagnes jusqu’à voir la silhouette solitaire qui observait de toute sa hauteur la forêt verte qui s’étendait à ses pieds. Il y avait longtemps que l’elfe n’avait pas croisé le fier guerrier au cheveux sombres. Ils avaient par le passé échangé et même coopérer pour mettre fin au tourment d’Anrius. Mais aujourd’hui qu’ils se retrouvaient seul, les choses risquaient d’être différents. Mush’a avait découvert une vérité qu’il n’appréciait pas, au contraire de Rinidiel qui voyait là, la confirmation de ses idéologies. Avait-elle gagné pour autant ? Pas forcément. Elle avait piqué le guerrier à vif dans son égo, le poussant à réagir, à sortir de ses propos pour agir. Le rituel pouvait commencer.


Comme à son habitude le guerrier ne la ménagea pas, et l’ouverture fut brutale. Le poing du grand elfe s’enfonça dans le ventre de le messagère, manquant de lui retourner l’estomac. Cette dernière tituba en arrière pour éviter un potentiel second coup rapide. Elle cracha, grondant.

_Vous n’êtes.. pas qu’une loque alors…. Enfin, pas seulement.

Elle prit l’initiative, s’engageant à viser son flanc. Mais le guerrier était plus rapide. Etais-ce son ascension qui l’avait déjà affaibli ? Elle n’en savait rien, mais elle esquiva de justesse le pied qui voulais la percuter, se glissant sous ce dernier elle tenta de le faire tomber, trop lente, encore. Le guerrier elfe s’était lancé pleinement dans le combat, semblant se retrouver dans son élément et un saut agile lui permit de prendre le dessus. Dans un retour violent, le dos de son poing percuta la messagère qui roula en arrière sous le choc.

_Tu parle beaucoup… mais pour l’action, il n’y a plus personne.

Elle se rattrapa pour se redresser. Le rapport de force était inégal, elle devait combler son désavantage, si elle continuait à ce rythme, elle serait vite vaincue. Aussi, elle changea de tactique, elle devrait ruser. S’élançant vers lui, elle feignit de retenter le même coup, attendant qu’il lève sa garde, elle abaissa son poing et frappa la rotule droite du guerrier qui en tomba à genoux. C’était pourtant loin d’entamer la hargne de l’elfe qui se redressa comme l’éclaire tentant d’assener un coup vertical à son adversaire.  Mais la vitesse devait être l’apanage de la coursière qui s’écarta du danger et profita de l’ouverture pour cette fois réellement frapper le flanc non protéger du géant aux cheveux bleu nuit. Il tituba mais riposta immédiatement d’un coup puissant. Si proche, Rini ne pouvais esquiver, elle subit le violent choc mais au lieu de reculer, elle s’agrippa au bras qui venait de la frapper. Elle ne cèderait pas. Ignorant la douleur encore quelques secondes pour elle frappa du pied sa rotule affaiblie.

Les deux se séparèrent légèrement. La messagère essayait de reprendre son souffle et de se remettre du coup qu’elle avait subi. Néanmoins le guerrier enragé était plus prompt à lui faire payer ses assauts. Il lui bondit dessus, l’écrasant sous son poids et lui faisant percuter le sol pierreux. A force, ça devenait une tradition, aussi, elle répliqua de suite frappant dans le flanc qu’elle avait déjà touché pour le faire basculer de côté et prendre le dessus. Mush’a grogna, Rinidiel sourit.

_Pourquoi ce sourire ?
_Tu y mets enfin du tiens.

Elle esquiva son coup de tête qu’il tenta de lui-même tout en grognant. Mais elle ne pouvait pas tenir la situation. L’élève du destin disposait de plus de force qu’elle, et les prises manquait pour l’immobiliser. Le guerrier inversa la situation, faisant basculer son adversaire sur le côté. La longue chevelure bleue de l’elfe tomba en cascade autour de son visage alors qu’il la dominait. Rinidiel grogna, Mush’a sourit.

_Pourquoi ce sourire ?
_Pour avoir fait disparaitre le tiens.

Jamais deux sans trois, elle tenta de frapper le même flanc qu’elle avait réussit à atteindre par le passé. Mais son élan s’arrêta net, la main du guerrier s’était refermée sur son poignet avant qu’il ne fasse de même avec l’autre. Avec une force inéluctable, il l’immobilisait peut à peu. Elle saisit sa dernière chance, attrapant ses bras également, elle tira dessus. En même temps elle joua de ses jambes et du poids de l’elfe pour le faire passer au-dessus, l’envoyant voler un peu plus bas.

Les deux se redressèrent après quelques secondes. La messagère avait les hauteurs mais tout deux sentaient l’épuisement des coups. Mush’a la fixa du regard, préparant sa défense. Rinidiel s’avança vers lui, de quelque pas, puis d’autres, plus rapide et se mit à courir sur la pente avant de lui sauter dessus. Elle le percuta de plein fouet et leur descente commença. Au milieu des pierres, des mottes de terres et de quelques brins d’herbes, ils dévalèrent la pente, accroché l’un à l’autre. Seul une dépression dans la roche réussit à arrêter les deux elfes en parti sonnés. Ils se séparèrent péniblement.

_C’était… Stupide…
_Oui.

Il resta allongé sur le dos pendant que la coursière s’écarta un peu, toussant, pour se placer en position mi allongée. Le combat était terminé.

_Tch… Pas… De vainqueurs encore…

Rinidiel n’était pas du même avis, pour la première fois, elle considérait qu’ils avaient gagné tous deux. Mais garda cette partie pour elle, préférant provoquer à nouveau, le piquant sur ses choix de vies, jusqu’à ce que tout deux finissent par se taire. Réfléchissant chacun sur les objectifs de leurs vies. Mush’a ne bougea pas, s’endormant parmi les pierres qui lui rendirent son silence. Rinidiel rampa un peu plus loin, se couvrant de sa cape, recroquevillée autour de sa chouette qui gardait son repos.

La citée ensevelie.

Rester sur place et attendre n’était pas dans la nature de la coursière et elle avait assez tournée en rond pour que ses empreintes se marquent durablement dans le sol. Aussi au lieu de faire l’une des folie insensée qui lui passait par la tête, elle décida de dépenser l’énergie accumulé dans un voyage vers une terre qui lui était encore inconnue.

Elle avait repéré cette étendue sauvage pendant l’une de ses remontée vers le nord, il s’agissait un pays aride prit entre les terres de cendres et la région du lac. Le sol y était orange et la région était habitée par de gros loup et des mastodontes semblant insensibles au rafale de poussières.
Elle y était arrivée après un long voyage fait en majorité durant la nuit et avait finit par trouver refuge dans une bâtisse abandonnée et pour tout dire, une réplique de la maison de Monamie. Elle reprit alors son exploration au prochain crépuscule. L’endroit était principalement vide et inhospitalier, mais elle y fit d’intéressante rencontre. En tout premier un esprit qu’elle avait déjà aperçus dans les terres jaunes, une sorte d’énorme guépard. Elle ne l’approcha pas trop, mais qu’il s’agisse d’un de ses écho ou un frère, sa présence lui donna une idée afin de toujours pouvoir évoluer. Elle découvrit également un charmant fort intégré à la montagne. Mais la découverte qui la marqua le plus fut l’esprit au fond de sa grotte qui gardait une imposante entrée. Elle l’avais trouvé après s’être longuement enfoncée sous la terre dans ce qui semblait être un site de recherche.

_Je suis le Prince Skaldenox, Vendez-vous honorer les vrais dieux ?

Ils étaient donc partout…La demande étendit le sourire de l’elfe qui s’inclina néanmoins poliment avant de décliner la proposition.

_Je ne suis ici que pour découvrir, mais je retiendrais votre offre.

Elle tourna les talons, mais du haut de la corniche où elle s’installa, elle observait cette entrée scellée avec curiosité. Cet endroit devais forcément contenir d’intéressant secret. Elle devais y rentrer. Et ça aurait été mal la connaître de l’en croire incapable. Le lendemain, elle pénétra le lieu à l’insu de son gardien et se mit à farfouiller ce vaste sous-terrain. En voyant une imposante maquette au sol, elle comprit à une ville ou du moins un imposant complexe qui avait fini par être enterré. La présence de golem lui arracha un sourire amusé, le royaume de tempérance s’étendait donc si loin ? Après une période de errement dans les tunnels, elle finit par trouver une autre porte, de ce qui semblait être un temple.

_Voilà qui devrais être très instructif

Sur le dol dallé au au milieu des colonnes aux cuivre depuis longtemps oxydé, Rinidiel avançait d'un pas qui ne provoquait aucun bruit. Le silence était total dans ces profondeurs oubliées. Vielle... mais pas inoccupée. La messagère se méfia énormément des différents golems, actif ou non, usant de chaque recoin pour s'y dissimulé, recouvrant sa tenue de poussière grise pour passer au mieux inaperçus, prenant parfait des minutes entière à faire quelques trois pas. L'édifice s'enfonçait dans le sol. Elle y découvrit de d'intéressant détails, comme un être de pierre mouvante, bien mieux sculpté que les autres... mais aussi un coffre au trésor. C'était la le plus profond qu'elle pouvais atteindre, mais nul trace de véritable dieu en ces lieux... et si ? Elle observa l'image translucide que générait une pierre. Elle fouilla son sac à la recherche de ses notes, surtout celles concernant les dieux, il ne devais pas y en avant tant de sortes différentes.

_Ca ne ressemble pas à un cauchemars incarné... ce n'est au moins pas un dieux très ancien..

Elle étudia la liste et finit par en conclure que si la créature était un dieu, ça devait être d'un titan ou d'une élémentaire. L'image recopiée de la cosmologie la poussais à croire à la première hyposthèse. L'architecture en colonnes, les gardiens aux grandes épaules carrées. Mais ça ne restait qu'une supposition. Elle pris note de chaque détails qu'elle découvrit ci et là. Elle se reposa ensuite à côté d'un tas de pièce d'or plus grand qu'elle, mais ne repartis sans aucune d'entre elle, s'échappant du temple sans en réveiller les gardien à moitié éveillé. Après une longue course, elle réussit retrouver l'air libre. Elle prit le temps de noter chacune de ses observations, avant de partir vers de nouveaux horizons.

Elle s'était décidée à respecter un de ses projet... Une idée qui l'avait travaillé longuement, et repoussé tout autant...mais si elle ne se lançait pas aujourd'hui, elle ne le ferait jamais. Le tour des civilisations du sud. Elle avait inauguré cette tradition un sombre jour, celui où un homme de valeur était parti pour ne jamais revenir. Un être de plus qui marquait un passé dont souhaitait se détacher sans y arriver. En rappel de ce premier voyage et lors de tous les prochains qu'elle effectuerait pour le même objectif, elle porterait sur elle une écaille d'armure dorée accroché sur un tissu vert. Néanmoins, cette fois les nouvelles étaient meilleures. Il faudrait néanmoins les formuler pour qu’elles conviennent à tous. La vérité n’était que le mensonge le plus probable. Comme 7 lunes plus tôt, elle parcourra les régions plusieurs jours durant pour répéter le même message, que ce soit dans le défilé faisant face aux grottes rouges, à la scierie du camp de l’est, à la place de Hautemasion, à Ruisselune, à la ville de la forêt sombre et ce jusqu’aux portes de du camps d’évigil. Elle n’avait plus à se présenter, et sa voix douce portais au loin pour atteindre chaque oreille.


Un salut de rigueur et la dame reprenait déjà son chemin, ne s’arrêtant que pour dormir dans l’une de ses caches qu’elle avait repérés. Elle n’hésitait pas à donner plus de détails à ceux venant la voir ensuite, citant à l’envie tous les héros de cette histoire à qui elle ne pouvait rendre justice dans un si court discourt. Passant du trio d’elfe, à sa fière amie paladine, en passant par la sorcière de feux qui sert de femme au paladin orageux, sans oublier les deux trolls de la jungle, la gnomette aux grand pouvoir, la goléomancienne, la maitresse d’evigils et bien d’autres dont elle ne connait même pas l’implication. A ses yeux le monde avait fait un pas en avant, mais elle n’arrêterait pas de courir, au contraire, quel qu'elle soit chaque pas la rapprochait d’une destination.

HRP:

Lire les yeux fermés.

Rinidiel profitait d’un sommeil tranquille sur un de ses perchoirs qu’elle gardait secret. Même dans ses rêves les plus profond, elle courrait, mais cette fois-ci fut vers un petit quelque chose bien particulier. Aux milieux des ténèbres de son esprit, une lueur l’avait attiré au loin. Bien qu’elle soit endormie elle finit par rejoindre un lieu que son esprit n’avait pas créé. Elle y découvrit un livre, aussi étrange qu’attirant, sur lequel elle posa ses mains avant de l’ouvrir. Définitivement ce dernier devait être issus d’une magie qui lui était inconnu. Pourtant l’écriture, elle, ne l’était pas. Le style, le phrasé, lui en indiquait l’origine.  

Ses yeux en parcoururent les lignes et son rire fit échos dans l’endroit onirique. Elle referma l’objet avec un sourire satisfait. Il était à ses yeux bien rassurant de remarquer que l’espoir existait encore dans ce monde souvent hostile. Lire ces lignes lui avait rappelé l’être de lumière qui tendait à échapper à son esprit et les conclusions qu’elle pouvait y lire était très bonne pour son moral. Des divinités, réel ou juste affilié, pouvaient disparaitre, il était possible de s’en débarrasser. Et elle regrettait juste que ce souvenir finirait par s’estomper et qu’elle n’aurait pas la joie d’en jubiler le reste de sa vie. Quel que soit l’infime participation qu’elle avait eu à ce départ, elle ne pouvait que s’en satisfaire, son objectif final était réalisable.  

La messagère aurait donné cher en cet instant pour voir Neige lire ces lignes afin d’en étudier sa réaction. Ishmii était-elle partie car même ses anges avaient fini par l’abandonner, ce qui en dirait long sur la foi et loyauté des religieuses, ou était-elle partie alors même que le groupe continuait à la prier, ce qui ne ferais que prouver l’inutilité d’un foie aveugle et la considération médiocre qu’avais l’être de lumière pour ses fidèles.  

Mais ce n’était pas tout, elle n’était pas la seule à être partie, plusieurs ont disparu dans un court intervalle, ce qui au-delà de régaler l'elfe aux cheveux bleu, déchargeait le monde de bien des ennuis. A ses yeux cela ne voulait dire qu’une chose, ces être surpuissant avaient besoin d’eux pour exister, si non au moins l’une de ses créatures en aurait profité du départ de ses sœur pour tout conquérir. Ce n’était donc que des parasites, qui assoiffé d’esclave, se sont retourné vers des mondes où on ils trouverons des êtres prêts à souffrir pour leur plaisir.  

Elle gardait néanmoins le meilleurs pour la fin. Réouvrant le livre pour en relire les ligne avec un sourire grandissant. Ainsi personne n’avait cherché la nature de ces puissants être, bien qu’elle puisse concevoir que peu y ont fait attention, au vu des répercutions négligeable de leur présence, et sans parler de leur manque de présence plus que flagrante quand les éveillé cherchait à communiquer avec. Elle savait cette phrase complètement fausse. Elle avait elle-même interrogé les croyant comme les dieux à la recherche de ce que ces être représentait. Après tout, il faut bien connaitre ses ennemis avant de le détruire. Mais cela la renseignait sur le fait que même du haut de leur tour ou de leurs cieux, ces créatures de puissance et leur servant étaient, au pire, aveugle, ou au mieux tellement bouffis de leur orgueil que ce dernier s’insinuait dans leur esprit pour les rendre ignare. De toute manière l’avis de l’elfe sur ces derniers n’était plus à faire. Mais elle put au moins constater que juger sans connaitre n’était pas que l’apanage des éveillés, à la différence près que ce seigneur absolu semblait, en plus, être fier de montrer la bêtise des leurs.  

Elle avait vu bien des morts et était convaincue que certains ne reviendrait jamais, néanmoins, elle était forcée de constater que le texte avait raison, malgré les tords des éveillés ceci trouvait toujours un moyen de revenir. Si malgré tous leurs mauvais actes décrié et répété par ces être puissant, les éveillés continuent à revenir, c’est qu’ils n’ont pas besoin d’eux. Il y aura toujours un être pour se satisfaire de ce que l’on fait, alors les critique de l’un, sont les éloges d’autres, à moins qu’ils aient enfin trouvé un moyen de s’affranchir de cette dictature divine, ce qui serait encore plus que parfait. Elle refermait une fois encore le livre avant de tourner les talons. Pour elle, ce n’était là qu’une suite de ligne qui ne faisait que prouver que du haut de leur trône, ces êtres ne savaient pas regarder en bas et se contentait de se plaindre qu’on ne suive aveuglement leur vision. Car il est bien connu et tous les “dieux” vous le diront, chacun d’eux détiens la seule vérité à suivre.  Elle pourrait continuer à dormir sereine, riant une dernière fois une dernière fois sur le retour vers ses songes. Le maitre à choisit son écrivaine car elle était trop naïve.... Quoi de plus beau pour elle que ce petit aveu ?  

Elle reconnaitrait du moins une chose, la croyance donnait du pouvoir, que ces sangsues intangibles feraient tout pour capter.
«tout ce qu’ils veulent, c’est qu’on arrête de penser par nous même pour qu’ils le fassent à notre place, il veulent le control et notre foi... maintenant, au moins, je sais comment contrarier ces horreurs.»

Sort de ma tête.

Rinidiel se laissa glisser contre l’arbre qui lui servait de refuge. Elle avait le souffle court, le visage pâle. Elle entreprit immédiatement de resserrer les bandages détrempés qui la recouvraient. Pour la dixième fois elle se demandait ce qu’elle faisait là et ce qui s’était passé. Tout avait pourtant commencé si simplement. Pêche avait demandé à la voir pour lui parler. Elles s’étaient données rendez-vous à la mine pour parler ouvertement sans craindre les oreilles indiscrètes. Pêche-lui avait fait part de ses inquiétudes la concernant, ayant sentis quelque chose de sombre en elle quelques nuits plus tôt. Rinidiel de son côté faisait tout pour garder son calme. Elle savait que ses sentiments pouvaient affecter son amie, plus surement qu’aucun de ses gestes.  

Pêche lui répéta de nombreuses fois qu’elle voulait l’aider, autant de fois où la messagère répondit qu’elle n'avait pas de problèmes. Elle avait redouté un peu cette entrevue. Cela faisait des jours qu’elle esquivait Pêche volontairement pour lui cacher ses réactions. Elle était consciente que ce qu’elle avait découvert n’étaient pas bon, mais à ses yeux il était impératif qu’elle garde sa découverte secrète. Si le bruit venait à courir, alors la convoitise aussi. Sous couvert de vouloir aider, de chercher à comprendre, ou autre acte de bonne fois, ils mettraient les autres en danger. Elle avait décidé de trouver une solution plus sûre avant de pouvoir en parler.  

La paladine était son amie, et elle avait longuement hésité à lui en parler, mais pêche avait tellement souffert ces derniers temps. Belette l’avais mise en garde, ce qu’elle pouvait vivre, on s’en moquait, l’important était l’état de Pêche. Aussi avait-elle finis par faire son choix. Elle comptait sur la confiance de son amie, la confiance dans le fait qu’elle avait pris ses précautions. Elle avait menacé de ternir publiquement sa réputation pour s'en prendre à son travail. Elle se rappelait aussi l’avoir vu s’approcher, main tendue vers son visage puis.... une tempête... la douleur. Quelque chose forçait son intrusion dans son esprit. C’était impossible. Elle réagissait d’instinct pour repousser l’assaut, son esprit en pleine confusion. Elle ne pouvait pas laisser les secrets des communautés être découvert. Les premiers mots à revenir pourtant furent ceux du cristal.  


Elle avait cru à une ruse de plus, cherchant à pousser les visiteurs à se méfier inutilement, de les retourner vers “l’oracle”, Natalia. Mais cette dernière leur avait confié un détail après être sortit.  


Rinidiel sentis le chaos se faire dans sa tête. Ça devait s’arrêter, quel qu’en soit le prix. La douleur augmenta alors qu’elle repoussa de toute sa volonté l’esprit étranger. Elle s’écroula alors au sol, incapable de prononcer un mot, incapable de réfléchir. Sa tête lui brulait, à moins que ce soit son esprit, comme un muscle qui s’était en partie déchiré sous l’effort. Elle tenta de ramper, hagard. Elle entendit un cri, puis un second.... le seconds sortait de sa propre bouche. La douleur s’était rependue dans son dos. Son instinct prit le dessus, mobilisant son corps pour réagit. Elle se souvient de la face rageuse de Belette au milieu d’un flous de coups, la morsure des lames dans sa peau et plus de cris.  

La suite était entrecoupée de vide, elle s’en était sortis... elle se souvient de la forêt... de la rivière. L’urgence de soigner ses blessures et d’arrêter le sang qui coulait. Elle avait dû s’évanouir quelques instants. Cachée en partis dans la boue. Des bruits de pas la réveillèrent. Elle avait saisi sa dague avant d’ouvrir les yeux, elle n’eut pas à frapper. Elle ne dit rien, ne fit rien alors que Aube s’approchait. Elle tentait de retrouver ses esprits, rassemblant ses pensées... elle ne savait même plus si s’était les siennes. Elle aurait dû se douter que l’humain serait le premier à la retrouver. Il avait aussi prouvé plusieurs fois vouloir l’aider. Dans son état elle ne pourrait pas le combattre. Aussi elle le laissa faire. Aube la souleva et commença à marcher avec la blessée dans ses bras.

Rinidiel mit trop longtemps à son gout pour se localiser... et surtout pour déduire la direction. Ils revenaient dans la direction de Hautemaison. Belette était de Hautemaison et il n’avait pas hésité à tuer Aube sur les routes près du village. Elle s’était agitée demandant vaguement de ne pas y aller. L’humain avait insisté. Rini comprit alors que ce n’était pas finit. Elle usa de l’un de ses tours de passe-passe pour échapper à l’humain. Elle s’était alors arrêtée là... contre cet arbre caché dans les collines. Son corps lui faisait mal, elle avait l’impression que son cerveau avait été plongé dans la boue. Il lui fallait du repos, il lui fallait des soins. Elle entendit à nouveau des pas s’approcher... il lui fallait un lieu sûr, hors d’atteinte. Elle débouchonna plusieurs fioles à sa ceinture. Elle payerait probablement encore plus durement le contre coup... mais elle n’avait plus le choix. Elle but le contenu de chacune des fioles et se mit à courir, vite, loin et sans s’arrêter. Elle réfléchirait aux conséquences plus tard.

Elle avait du retard, la nouvelle lune était déjà passée, la traque dont elle avait fait l’objet l’avais obligée à décaler ses projets. Mais cela faisait du bien de parcourir à nouveau les routes ! A présent que les choses s’étaient stabilisées, il était temps de reprendre ses habitudes. Le tour des communautés du sud était lancé. Des terres rouges aux marrais, en passant par la forêt verte, la ville de pierre, les terres jaunes et la forêt sombre, ses points d’arrêt devenaient habituels. Reprenant les même bases que ses venues précédentes.  



La messagère prenait généralement le temps de répondre aux questions plus détaillées avant de reprendre la route. Cet instant de repos lui permettant de supporter ces récentes cicatrices.  

Elle reprenait ensuite la route vers d’autres contrée, prête à recommencer le même discourt pour des oreilles différentes.

Un pas symbolique.


Rinidiel avait lu une dernière fois la lettre avant de se rendre à la tour qui servait de point de rendez-vous. Elle n’était pas arrivée qu’elle regrettait déjà d’avoir accepté la présence de l’elfe à cette entrevue. Elle avait dit qu’elle partirait à la première de ses insultes... elle regretterait longtemps de ne pas avoir suivi sa parole. Mais il y avait plus important que le grossier aux oreilles pointues. Elle devait voire Pêche. Elle voulait comprendre, comprendre quelle folie l’avait poussé à forcer les portes de son esprit. Elle qui plus que toute autre connaissait son aversion envers l’utilisation abusive des pouvoirs, quel était la raison qui lui fit penser que ça améliorait les choses. Il y avait une seconde raison, si elle-même avait pu se protéger de la corruption par sa prudence, Pêche aurait pu, elle, être affectée pendant son acte. C’était cette seconde raison qui la pousserait à supporter le comportement de l’elfe aux cheveux court. Elle faillit pourtant ne pas s’y tenir.

Elle découvrit une Pêche triste et affaiblie moralement. Elle la poussa à donner sa version. Ça ne répondit pour autant pas à son incompréhension.  La raison qu’elle en comprit était qu’il s’agissait d’une méthode qui avait fonctionné sur Belette. Mais pour elle s’était comme si elle disait vouloir sauter d’un toit sur la place publique car un jour elle avait réussi à sauter d’un pont dans l’eau. Elle en conclut qu’elle devrait renoncer à comprendre la paladine sur son geste. De son côté Belette n’avait pas tenus longtemps avant de commencer ses insultes, reprenant d’abords les mêmes paroles de Brave avant de se varier dans son vocabulaire vulgaire. Rinidiel trouvais plus qu’ironique que tout ceux la traitant de victime étaient les mêmes qui étaient intervenu dans une affaire qui ne les regardait pas et qui venait ensuite gémir leurs plaintes sur la situation. A ses yeux à elle, la seule personne qu’il victimisait était Pêche, qu’il isolait et rappelait continuellement les évènements douloureux au lieu d’avancer. Aussi, bien que l’envie de faire taire le moulin à insulte lui avait été de plus en plus tentant, elle l’ignora pour se concentrer sur son amie.  

Elle fut soulagée de constater qu’elle n’avait pas de séquelle suite à cette bataille d’esprit. Elle constata également qu’ils ignoraient plus de la moitié des conséquences à leurs actes. La messagère se dit que ce devait être mieux ainsi. Remuer le passé était inutile, et comme on lui avait dit et répéter, elle devait passer au-dessus et se montrer meilleure. Son sang ne fit pourtant qu’un tour quand elle entendit la créature aux cheveux en pointe lui dire qu’elle devait s’excuser. D’excuse, elle n’en avait eu aucune et d’aucun, alors que sans leur médiocres intervention irréfléchie rien ne serait arrivé et tout se serait bien passé, chacun d’eux n’avais fait que pire que mieux. Elle l’observer, lui, fier de son idée tout droit sortis de son esprit étriqué qui n’acceptait que sa propre vision, bouffit de l’égos que sa seule vérité existait. On lui reprochait la réputation de Pêche, elle n’était pourtant pas celle qui avait raconté dans tout Hautemaison la certitude de ses propos. Quand elle était revenue, la communauté entière était déjà au courant. Dès le début, elle n’avait eu le temps de contacter Brave que celui-ci l'avait fait de lui même, défendant corps est âme que Pêche avait bien fait. Et à présent on lui ordonnait des excuses ?  


Rinidiel retint la bile qui lui montait dans la gorge et partit après avoir assuré qu’elle s’occuperais de la réputation de la Paladine. Son oreille capta le début d’un au revoir de son amie, mais ne put s’arrêter. Elle devait s’éloigner de là rapidement, au risque d’en perdre le contrôle.

NB:

L’elfe aux cheveux bleu observai l’océan qui lui faisait face, perchée sur un morceau de pierre. Elle tentait vainement de faire de la clarté dans ses idées, de prendre des décisions. Pourquoi tout cela était-il devenu si compliqué ?  


Ses oreilles se redressèrent, comme à la recherche du vent qui avait poussé son nom, pourtant il n’y avait eu aucun bruit, elle sentit la chaleur émaner de son épaule et se concentra pour situer l’appel avant qu’il ne disparaisse. Elle ramassa sa sacoche et se remit en route, sans attendre, pour le centre de la forêt verte. Arrivée au village de Hautemaison, elle chercha la source de l’appel qui devais prendre la forme d’un humain à la queue de cheval et l’armure verte. Elle le repéra, accompagné d’une autre elfe au phrasé si particulier. Dès lors elle s’attendis à une nouvelle mission, peut-être manquait-il un bout à la pierre de Papillon, ou fallait-il transmettre un message pour avoir des renforts sur leurs quêtes. Elle remarqua alors la présence d’un ours au pelage blanc qui semblait patienter.  

Les estimations de la messagère se révélèrent toutes fausses, car elle était tombée droit dans un piège, un piège des plus attentionné. Aube lui expliqua qu’il avait remarqué qu’elle n’allait pas bien et que son moral ne faisait que chuter. Leur dernier voyage dans la jungle n’avais fait d’ailleurs que le confirmer. Il l’avait alors attiré ici, avec l’accord de Papillon et surtout de Nuage, devenu l’ours blanc pour lui remonter le moral. Il avait remarqué à quel point elle appréciait faire des câlins à la peluche vivante. Il avait raison. La messagère alla s’enfuir dans le pelage du druide en le serrant fort.

Pendant les instants qui suivirent, son monde s’allégea, bien qu’elle s’enquît d’abords de la santé du druide, elle se laissa ensuite aller laissant tomber les poids qui pesaient contre son cœur. Elle découvrit un nouveau fruit, délicieux, dont l’arbre avait été planté par le soin des druides non loin. Elle apprit des nouvelles heureuse et profita de l’enthousiasme naturelle de Papillon. Cet instant, si différent de sa routine, si.. Inattendu, la toucha énormément. Ses larmes mouillèrent le poil de l’ours dont elle sentit la patte peser sur son dos. Son regard se posa ensuite sur l’humain qui se tenais un peu plus à l’écart, Papillon l’ayant rejoint dans l’étreinte de l’ours. Cet humain qu’elle n’arrivais jamais à comprendre et qui finissait toujours par la surprendre, d’une façon ou d’une autre. Il avait subi sa colère plus de fois que quiconque dans le village et pourtant, dans cet instant où elle se pensait perdue, il avait allumé une torche dans l’obscurité lui dévoilant qu’il existait des bonheurs simples qu’elle oubliait.  Malgré ses mises en garde sur la malédiction mortelle, il avait continué à tenter de l’aider, à sa façon. A nouveau, il l’avait surprise. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle sera un peu plus le Tauren peluche, profitant de son monde en coton, se rappelant pourquoi elle continuerait à courir, et qu’au-delà des instant sombre, il en existait des plus éclairé. Parmi tous les mauvais mots, il y avait souvent une voix plus douce qui cherchait à se faire entendre, prêchant à cœur ouvert, elle s’en rappela, s’y raccrocha. Elle ne trouva pas les mots pour exprimer sa gratitude aux personnes présente, mais elle ne serait pas prête de l’oublier pour autant.

Elle allait devoir revoir sa copie, ou du moins l’ordre qu’elle utilisait. Depuis que les terres rouges étaient surveillées et inappropriée au voyage, du moins officiellement, elle devait faire un détour non négligeable pour parvenir à la grotte rouge. Aussi elle commencerait par ces derniers, se rendant ensuite au village de la Horde Blanche suivit d’Evigil, la capitale de pierre, la forêt verte et enfin les terres jaunes. Elle parlait toujours de sa voix claire et porteuse, habituée à réciter distinctement ses mots appris par cœur.



Elle laissa le soin à chacun de transmettre le message aux membres qui ne pouvaient être présent. Restant le temps généralement de se restaurer rapidement et de répondre aux questions demandant plus de détail avant de se remettre en route.  

Une surprise, pour sûr, mais une bienvenue.

Il était tard, les yeux reflétant les rayons de lune étaient les seuls repères qui permettaient de distinguer Rinidiel dans l’obscurité ambiante. Le ponton sous ses pieds craqua légèrement alors quelle changeait de position, penchant la tête de côté pour observer l’humain qui lui faisait face. Aube était éclairé par la lumière perçant les fenêtres de sa maison et finissait d’évoquer les derniers évènements qui avaient marqué la forêt verte.

La messagère s’apprêtait à partir pour reprendre ses activités, profitant de la pénombre pour n’être qu’une ombre parmi les arbres, qu’une main froide tendue dans la nuit. Néanmoins, le voleur aux yeux luisant lui avait demandé de rester quelque instant de plus. Intriguée, elle était restée, curieuse de découvrir ce qu’il pouvait bien cacher. Elle s’attendait à une fleur, lui qui avait pris l’habitude d’essayer d’en glisser dans ses cheveux, ou peut-être une demande d’information plus compliquée à obtenir ? Mais Aube n’avait qu’une règle à ses yeux, il la surprenait constamment.  

_C’est pour vous.

L’elfe aux cheveux bleu faisait les yeux ronds en prenant l’objet avec délicatesses. Elle tenait en ses mains une poupée de chiffon qui tenais plus de la peluche. Elle était moelleuse et Rini pouvait sentir, même au travers de ses gants, qu’elle était douce. Ca ne s’arrêtait pas là. La poupée était une copie miniature et fidèle d’Aube lui-même. Des dizaines de questions traversais l’esprit de la demoiselle. Elle releva la tête vers lui et comprit alors. Ce n’était pas de l’égoïsme, ce n’était pas un piège, il lui avait offert un moyen de ne plus se sentir seule. Le moyen de s’attacher à quelque chose quand l’ombre de la nuit ou la lueur du jour se faisait trop forte. Quelque chose qui ne risquait pas la mort à rester à ses côtés.  

Les bras de la coursière se resserrèrent sur la poupée de chiffon et son sourire s’élargit dans le même mouvement, même si la nuit empêchait qu’on le remarque. Elle observait l’humain qui semblait légèrement gêné face à elle et qui ne semblait pas avoir réfléchit à plus loin que lui offrir l’objet pour lui faire plaisir. Comme souvent, elle venait à reconsidérer le voleur, dont la logique des actions lui échappait, mais qui parfois se révélait être très attentionné. Il y avait beaucoup à penser, mais elle laisserait cela pour plus tard. Elle s’approcha de l’humain et l’étreignit pour le remercier. Elle s’écarta ensuite et remarqua qu’il était devenu rouge cramoisit. Elle n’y fit pas de commentaire et lui souhaita la bonne nuit avant de s’éclipser dans les ombres nocturnes.  

Ce jour-là, quand la nuit toucherait à sa fin et que l’elfe aux cheveux cyans rejoindrait une de ses cachettes pour se reposer auprès de Ganilia, elle s'endormirait en serrant précieusement cette peluche qui ne risquait de disparaitre.

La terre sous les pieds de la messagère ne changeait pas, elle avait tellement l’habitude de parcourir les chemins du sud du continent qu’elle aurait pu les traverser les yeux fermés. Mais dans ce monde il fallait toujours les avoir ouvert et attentif au moindre changement. Et du changement, il y en avait. Non seulement dans l’ordre de ses visites mais aussi dans le monde. En plus de ses arrêts devenus habituels (La grotte rouge, le camp de bucheron de la forêt verte, Hautemaison, la grande ville, les terres jaunes, la ville des worgens et Evigil), elle en ferais un de plus, dans un campement un peu plus retiré dans la forêt sombre, afin d’y délivrer ses nouvelles qui commençaient toujours de la même façon.

Elle n’avait pas évoqué certaines nouveautés, ni la présence de Damoclès et de son plan, ni celui de récupération de Terry par Hautemaison. Elle ne les oubliait pas, mais considérait que la connaissance devait souffrir du temps et que les évènements devaient se passer avant d’être propagés. Elle tentait également de taire ses propres visions, plaçant au-dessus d’elle, l’union d’un peuple libre et égal dans l’information. Ainsi sa route continuait vers sa prochaine destination.

Une question de rapidité.  

Derrière la roulotte de la tanneuse, la messagère faisait face à son ennemi du jour. Ennemis était un grand mot, Aube et elle avait décidé d’un combat amical loin des batailles à mort qu’elle livrait avec Mush’a. Le premier ou la première qui porterais trois coup réussis à son adversaire gagnerais le duel. En aimable demoiselle qu’elle était, elle laissa le voleur ouvrir le combat.

Ce dernier lui avait confié être habitué au combat à l’épée et non à main nue comme il le pratiquait actuellement. Au moins avait-il été honnête. Son style de combat était brut, pas aussi rigide que ce que pouvait apporter un guerrier, mais assez directe pour confirmer que la proximité des points n’était pas son point fort. Elle esquiva sa charge visant à lui mettre un coup de poing dans le ventre, tournant d’un quart sur le côté, le laissant avancer. Elle profita de son passage pour lui mettre un coup dans le flanc, sous son bras levé.  

L’attaque piqua au vif le voleur qui tenta de la balayer de son pied.... Il ne rencontrait que l’air pour toute résistance. La messagère avait bondi, effectuant un salto au-dessus de sa tête. Elle en profita pour lui faire une pichenette à la joue. Elle n’avait pas non plus l’intention de l’amocher.  

Il sembla que cette attaque piqua l’égo du voleur. Ce dernier changea d’appuis dans un geste souple de ses jambes et envoya son pied dans la direction de la tête de Rinidiel.


La messagère le prit au mot, s’abaissa pour esquiver son pied et balaya sa jambe restée fixe, envoyant le voleur tomber lourdement au sol. Elle se redressa ensuite avec calme. Le combat était terminé.

Cette fois, aucun changement dans la tournée de la messagère, elle serait la même que la précédente à passer par les régions des communautés du Sud. Seul changeraient le contenu de ses informations... comme à chaque fois.  

Rinidiel était assez fière d’elle, ayant réussi à ne laisser transparaitre aucun sarcasme et transmettant ses nouvelles toujours de sa voix neutre. Elle avait néanmoins hésité à dévoiler l’ancien nom supposé de Grêle, mais Renard, qui lui avait demandé cet hommage, préférait éviter de remuer le couteau dans la plais. Comme toujours les vérités étaient multiples et bien plus complexe qu’il n’y paraissait.

Quand il n'y a plus que la volonté.  

_Vous m’impatientez à m’en parler ainsi.  

_J’en suis navrée...  

_Vous allez devoir faire avec.  

_Je suis habituée aux conséquences.    

Les deux elfes se fixaient avec intensité. La chasseresse laissa tomber ses dagues au sol, devenant une menace. La messagère semblait vulnérable, montrant qu’elle était un danger. La coureuse des bois sentait le regard ardent de la prédatrice sur son cou exposé. Il n’y avait pas besoin de signal de départ, chacune n’attendant qu’une seule chose.  

Chantenuit s’élança la première, sautant à la gorge de Rinidiel à la suite d’une feinte. Elle était attendue, et au lieu d’un point vital, l’assaillante percuta un poing serré dans des gants de cuir. Il en fallait plus, bien plus, pour arrêter l’élan la chasseresse qui ceintura sa proie l'empêchant de fuir. Mais cette dernière ne comptait aller nulle part. En un mouvement, Rinidiel fit basculer Chantenuit sur le sol meuble du marais. Elle la suivit dans son mouvement, prenant le dessus. Elle repoussa ses bras et dans le même temps, ses dents blanches vinrent appuyer contre la peau du cou de celle qui croyait la chasser. Les mains de la messagère remontèrent le long des bras de l’elfe sauvage et les immobilisèrent. Elle appuya de son poids contre son corps. Ses canines faisaient perler de petites gouttes de sang, diffusant un arome amer sur sa langue. Dans un tournoi, tout se serait arrêté là. Mais elles n’étaient plus au tournoi et chacune savait que la victoire ne se jouerait pas si facilement.  

Rinidiel sentit, trop tard, la caresse des jambes de Chantenuit sur ses reins. En un instant, les positions s’inversèrent. La bleuté n'échappa à l’immobilisation que par son adresse et ses réflexes, subjuguant pendant quelques secondes celle qui la menaçait. Pourtant, elle fut incapable de reprendre l’initiative. La panthère aux longues oreilles n'avait pas l’habitude de relâcher sa prise. Chacune de ses avancées était définitive, chacun de ses acquis, immuable. Rini sentit les griffes se planter dans sa cuisse, s’appropriant sa chaire. Elle se défendit, distrayant son adversaire en lui volant son air et en écartant la poigne qui l'enserrait. Mais rien ne semblait pouvoir distraire Chantenuit de sa chasse. Les griffes s’éloignèrent da sa cuisse, mais seulement au profit d’une autre prise. Les doigts de la blanche se resserrèrent sur sa gorge et la plaquèrent au sol. Les lèvres de la chasseuse effleurèrent son oreille. Elle sentit ses doigts resserrés sur son cou, tout comme le poids du genou appuyé sur son bassin. Mais ce sont les mots murmurés qui la marquèrent le plus.  

Rini sentit un frisson la parcourir alors qu’une main glissait sur son ventre, elle la repoussa de peu, dans un réflexe. Elle tenta de se libérer de l’emprise qui la contraignait, mais elle n’était plus qu’un jouet entre les mains Chantenuit. La chasseuse était dans son domaine, et les actes désespérés ne la surprenaient plus. Ses crocs se placèrent au-dessus de la clavicule de celle qui lui était soumise et percèrent sa peau. Tous les actes de la bleutée restaient vains. Les crocs effilés se plantèrent un peu plus profondément. Des lèvres dégoulinantes de son sang vinrent ensuite lui murmurer d’abandonner.  

Elle s’y refusa, quand bien même elle sentait l’emprise se resserrer et ses yeux s’embrumer, elle refusait de capituler. Par sa volonté pure, elle réduisit la distance qui les séparait. La réponse de Rinidiel s’imprégna dans le cou de la chasseuse par la marque ses dents. Elle ne pouvait renoncer, même pour celle qui lui faisait face. Elles étaient néanmoins incapables de tenir son emprise. Elle relâcha sa morsure, puis ses bras manquèrent de force pour retenir l’assaillante. Elle pouvait sentir son emprise se resserrer sur elle. Le visage de Chantenuit était tout proche du sien, quelques centimètres les séparaient. Le reste de sa vision était obscurci, elle ne voyait plus qu’elle. Elle sentit ses propres bras s’étendre sur le sol, mais refusa de céder à l’inconscience. Ses yeux brulaient toujours de la même férocité, alors même qu’elle pouvait lire dans le regard de l’elfe qui lui faisait face, qu’elle n’aurait pas de pitié ... qu’elle irait jusqu’à la tuer. Et pourtant, son regard ne cessait de la défier.  

_Abandonnez, il n’y aucune liberté de l’autre côté.  
Rinidiel perçu le liquide chaud couler sur sa gorge, là où les griffes s’enfonçaient lentement. Elle sentit l’air filtrer un instant jusqu'à ses poumons, la brulant. Elle ferma les yeux et les mots glissèrent sur ses lèvres.  

_J’abandonne.  

Elle sentit la pression disparaitre, la douleur se faire moins vive. Elle sentit la douce étreinte des chants nocturne, l’engourdissement envahissant son corps comme son esprit. Tout devin alors très sombre.Quand elle rouvrit les yeux c'était pour redécouvrir Chantenuit. La chasse n'était pas le seul lien qu'elle avait noué avec elle et déjà, l'idée de la perdre l'effraya... sans pourtant réussir à la retenir de profiter de cet instant.

Rinidiel réfléchissait tout en courant, cette dernière lune avait été calme. Il y avait eu certe un peu de mouvement, des évènements très intéressant, mais peu qui avaient un gros impact. Elle savait que beaucoup de choses se préparaient, elle-même était aux portes d’un gros projet. Mais peut-être se disait-elle qu’après ces dernières lune très chargés la plupart s’étaient accordé un peu de repos, pour affronter les futurs ennuis qui finirait assurément par arriver. Quoi qu’il en soit, elle ne comptait pas abandonner sa mission, aussi, elle reprit son cycle des terres du sud, transmettant ses nouvelles comme à son habitude.

Rini se demandait la répercutions de cette dernière information, une rumeur courrait, après tout, que des morts habitaient les terres jaunes. De plus ce n’était pas la seule communauté à durcir sa volonté contre les morts. La Horde Blanche n’avait pas caché sa volonté de les exterminer et la grotte rouge était partante à tout instant pour les purger. Elle se promis de veiller cette tendance, il était possible que ce soit le premier pas vers un blocus organisé. De plus elle remarqua le renforcement de surveillance au frontière de la forêt sombre, les porteurs de la marque de la non-vie auraient probablement du souci à se faire.

C’est une rumeur, une légende, c’est un mystère !

C’était une folie ! Une folie qu’elle regrettait déjà. À bords du vaisseau de Dornaa qui survolait l’étendue infinie d’eau, Rinidiel pestait. C’était là une habitude qu’elle avait prise à chaque fois qu’elle mettait les pieds sur cette prison volante. Ce bout de bois ridicule perdu dans les nuages. Nombreux étaient ceux dont les oreilles devaient siffler pendant ce temps de vol. Et pourtant, cette fois, elle était là à sa propre demande. Elle avait monnayé sa traversée, un retour de service pour les bienfaits qui avaient servi à ramener une famille dans la grande ville. Elle l’avait fait pour des raisons absurdes.

Cela avait commencé des lunes avant ce trajet. Hazel et Barde étaient partis en vacances, laissant Hautemaison profiter de ses nouveaux dirigeants. Elle avait communiqué avec les vacanciers, leur transmettant les joyeusetés de la forêt verte et apprenant de leur périple. Puis, ça avait été le silence. Au début, la messagère n’y faisait pas attention, présumant qu’ils avaient à faire et profitaient de leur voyage. Sa première suspicion vint à la suite d’une discussion avec Natalia. Au détour d’une échoppe d’alchimie, elle avait appris que la déesse avait perdu la trace des deux amoureux en balade. Disparaitre des perceptions d’une déesse n’était pas facile, mais pour autant pas impossible. Même si la déesse divaguait sur des lieux étranges et de temps. De toute manière, Barde était avec Hazel, donc rien ne pouvait lui arriver et Hazel avait Barde aussi, rien ne pourrait l’arrêter.

C’est quelques nuits plus tard qu’elle croisa la route d’une elfe qui par ses mots obscurcis sa journée. Eclypse, dit la grande ou la vieille, prétendait venir d’un autre temps, d’une autre époque. Elle évoqua leur futur, probable tout au plus. Indiquant qu’elle se demandait de ne pas ouvrir les portes scellées du pays des insectes. Espérant peut-être qu’elle la croit. Néanmoins, elle mentionna surtout les amants chantants avec qui elle avait fait son chemin au travers des lignes du temps.

Ça n’avait pas et ne pouvais pas avoir de sens et elle refusait d’y croire. Pourtant, on la mandata pour aller voir Manon de la tour, essayant de recueillir des informations sur la situation, lui demandant si elle voulait, ou pourrait, aider le duo que plus d’un déjà annonçait perdu. Manon ne semblait pas vraiment y croire, même si elle démontra à Rinidiel que le temps était loin d’être une constante.

À partir de là, les doutes ne firent que grandir, passant de l’absurde au possible. Et si au fond, il y avait là une vérité ? La plus part ne s’en inquiétait pas, n’y pensait pas, mais dans ce monde où l’impossible est brisé en permanence, avait-elle le droit de penser que les chances étaient null ? Sa réflexion était en évolution, sa façon de faire aussi. On l’avait prévenu d’un danger et si tous le considéraient comme illusoire, elle s’appliquerait à y croire. Pourtant Rinidiel agissait rarement pour les  autres, elle était une témoin, une messagère, pas une sauveuse, était-ce vraiment neutre de laisser en plan ses missions pour partir à la recherche de mystères ?

C’est un elfe roux qui lui apporta la réponse, d’un haussement d’épaule, il lui avait dit qu’elle n’avait qu’a faire son travail et aller leur porter un message, où qu’ils soient. Elle s’était trouvé une bonne excuse pour aller vérifier l’état des absents. Après tout, elle pourrait ainsi dire à Manon si tout était faux ou si son aide était nécessaire, elle ne faisait que remplir ses fonctions.

Elle entreprit alors de faire ce pour quoi elle était douée : retrouver des destinataires. Elle marchanda, contre des essences de vie, l’aide d’Uktena et par son intermédiaire, celui des esprits. Elle ne leur demanda pas de chercher ce qu’une déesse n’avait pas trouvé, mais elle demanda un bateau. Le Chanterousse. C’est quand ils purent le localiser le navire qui n’avait plus bougé depuis longtemps qu’elle prit sa décision et embarqua avec Dornaa vers l’autre continent, maudissant au passage tout ce qui pouvait lui passer par la tête.

Sur place elles avaient trouvé un navire poussiéreux laissé à l’abandon depuis de nombreux jours. Elles trouvèrent aussi un Placide qui avait fait du campement, son domaine exclusif, machant les feuilles de palier avec un regard qui rendait hommage à son nom. Elles marchaient dans les pas du troubadour et de la louve, ou plutôt en repensaient la façon de penser pour essayer de reconstituer leur chemin, explorant la zone à la recherche de « la chose la plus étrange qu’on puisse trouver pour y entrer ». Elles finirent par découvrir un lieu qui dépassait leurs attentes. Un espace perdu dans la montagne dont l’entrée était difficilement descriptible. La messagère appréciait de se l’imaginer ainsi : C’était l’entrée d’une caverne au trésor, le domaine d’une Harmonie qui aurait vécu des milliers de lunes et aurait ramené chez elles des souvenirs de toutes ses conquêtes.

Il y avait là une grotte dont on savait qu’elle n’était pas normale, la peau de Rinidiel la picotait à son approche. Les deux femmes n’entrèrent pas de suite, si c’était l’endroit, il ne fallait pas s’y piéger. Elles prirent le temps d’analyser l’endroit, de se reposer dans les ruines de construction en terre. Quand elles s’estimèrent prêtes, c’est Rinidiel qui descendit dans les profondeurs de la grotte étrange, une corde autour de la taille.

Si l’extérieur était indescriptible, l’intérieur était impossible. Elle y vit certaines choses qui la marqueraient à jamais, des mondes de poches, des flots de magie volant infiniment loin, juste au bout de ses doigts. Elle emplit une fiole du sable qui était sous ses pieds, un souvenir comme un autre. Tout ça resterait longtemps dans sa tête, mais dans l’instant qui s’écoulait pour elle, et fit abstraction de tout sauf sa mission. C’est là qu’elle trouva la légende et le mythe, vivant dans une maison plus ancienne qu’eux et en même temps bien plus récente. Elle du les convaincre qu’ils étaient de son temps et qu’il était venu celui de partir avec elle. L’elfe ne doutait pas qu’ils voulaient sortir, mais il suffisait de regarder dans leurs yeux pour que la messagère doute elle-même d’être la bonne Rinidiel. Ils avaient quelque chose de changé et pourtant restaient eux-mêmes. Elle tut toute question et ils suivirent l’elfe aux cheveux bleu en dehors du domaine de l’impossible. Et c’est seulement dehors aux explications d’Hazel qu’elle comprit ce qui leur était arrivé et ce qu’elle avait devant elle.

Il y avait là-dedans la vraie liberté, celle qui n’avait cure de la destinée, la possibilité de s’abstraire des dieux, des prophéties, des fatalités et en même temps pouvoir les créer. Le temps qu’un grain de sable ne retombe sur le sol, c’est l’instant qui détermina si elle allait se précipiter dans la grotte et y disparaitre, ou mener son chemin. Son choix fut de garder l’emplacement de l’endroit secret, ce n’était qu’une tentation illusoire, il y avait toujours un piège. Le combat qu’elle voulait mener se trouvait ailleurs. Rinidiel rentra avec le rescapé, sur leur bateau bien plus large que le navire des cieux. Elle en profita pour leur raconter ce qu’ils avaient manqué avant de les laisser se reposer dans ce monde qui était le leur et auquel ils devaient se réhabituer.

Rinidiel, pour sa part, en rêverait longtemps.