Fille des Naaru

Morte. A peine née. Le bruit de ses sabots s’est arrêté net, près du grand sanctuaire de la Lumière, ou de l’Ombre qui se dressait silencieux dans la forêt. Il semblerait que rien ne soit encore acquis, ni pour l’une, ni pour l’autre.

Retourner d’où elle était venue, son esprit s’était assis là où elle avait été émue par ce fantôme, celui ton on avait volé le corps, et qui errait pour l’éternité dans ce monde en vie et mort. Elle le comprenait encore plus, maintenant. Mais elle ne le voyait pas. Elle ne voyait plus rien, d’ailleurs, comme si elle était encore plus morte qu’avant de vivre.

« D’une autre planète ? A quoi bon venir sur celle-ci si c’est pour y finir ainsi ? »

Abercrombie avait compris. Le vieux fantôme révéla d’étranges secrets, ce soir-là. C’était une fille des Naaru. Il lui avait tendu les deux clés mais il savait que celle qu’elle prendrait serait celle de droite, celle de la porte de la Lumière. Quelque chose au font d’elle l’y poussait. C’était tellement évident. Etait-ce vraiment un choix ? Si vous saisissez ce que vous possédez déjà sans la savoir, est-ce réellement un choix ? Et faire le contraire, en est-ce un aussi ? Certainement ! L’un comme l’autre. Nous choisissons, contraint ou non. Cela reste un choix qu’il allait ensuite devoir assumer.

Un mort-vivant ! Une horreur inavouable ! Il s’était attaqué au petit groupe déterminé à se reposer qui marchait vers l’entrée. Ravage ne put rien faire. C’était là qu’il les guettait. Nuktela nettoya la pourriture mais il était déjà trop tard. Coupine s’écrasa sur le sol, percée par une lame immonde.

Le réveil fut douloureux. La blessure lui faisait mal. Dans l’abbaye, le calme régnait. Harmonie avait donné toute sa force pour aller rechercher Coupine dans le royaume de mort. Elle était allongée à côté d’elle. Nuktela veillait sur les deux et Ravage s'agitait non loin. Tout le monde allait bien. Coupine cherchait à comprendre ce qu’il s’était passé dans ses souvenirs confus pendant que Ravage et Nuktela lui racontait l’histoire.

Pour le moment, le danger était écarté mais pour combien de temps ? Coupine, ressentait l’influence bienveillante de la Lumière dans l’abbaye, mais elle ressentait aussi cette présence était faible et fragile. Les ténèbres rampantes guettaient, prêtes à occuper la place. Il faudrait faire quelque chose rapidement.

Le poisson ne manque pas dans le lac. Amoureuse de cette région, Coupine pêchait tranquillement sur le petit ponton près du village. Elle se sentait bien mais une chose commençait à lui manquer : De la compagnie. Souvent, elle pensait à la grande draeneï qu’elle avait rencontrée juste après son éveil. Nuktela. Son nom semblait avoir une résonance particulière dans son cœur. Nuktela. Nuktela. Ce nom la rendait nostalgique. Au bout du troisième poisson-chat moustachu, elle se décida à remonter le talus après les avoir rangés dans sa besace. Ces repas étaient simples : du poisson et quelques plantes qu’elle utilisait pour les accompagner et leur donner un bon gout.

Cette région du lac était magnifique. Verte, calme et sans souillure, elle ressemblait beaucoup au paradis. Coupine l’explorait et n’y trouvait absolument rien de mauvais, de néfaste ou de corrupteur. C’était un monde en paix où il faisait bon vivre. L’architecture des constructions qu’elle y trouvait la déroutaient. Elle était souvent immense, comme si des géants en avaient taillé les pierres ainsi que les sculptures qui les ornaient mais les vestiges témoignaient, au contraire, d’une occupation par un peuple de gens de petite taille. Paradoxe ! Après une longue marche, grisée par toute cette verdure, elle se décida à allumer un feu pour faire cuir ses poissons et les dévorer de bon cœur. Puis elle s’endormit là, sur l’herbe baignée de soleil.

Des picotements la démangeaient. Elle se gratta pour les faire disparaître, mais ils en revenaient sans cesse. Cela devenait plutôt désagréable et plus elle se grattait plus il en revenait, de plus en plus abondants et intenses. Bientôt, elle eut l’impression que des centaines de petites bouches lui mordaient la chair. Elle prit peur et se leva d’un bond, se frappant les corps de toutes parts pour chasser ces vilaines bêtes ou méchants démons. C’est là qu’elle se réveilla. Il pleuvait. Les gouttes de pluie, fines et froides, étaient ce qu’elle avait prises dans son rêve pour des morsures cruelles.

Elle allait éclater de rire quand son attention fut attirée par une chose étrange. Un forme blanchâtre bougeait non loin, mais assez pour être difficile à distinguer. La curiosité de Coupine fut plus grande que sa méfiance et elle décida de se diriger vers cette forme. Avec prudence, toutefois. La petite tâche blanchâtre grossissait et pris la forme d’un animal aux allures de cheval, mais plus massif et avec de grandes cornes recourbées. Son poil était aussi plus épais et tout bouclé. Coupine n’avait jamais vu un tel animal. Il paissait tranquillement au pied de la montagne tout proche. Coupine tenta de s’en approcher au plus près mais l’animal finit par la repérer et s’en fut vers les hauteurs. Elle se lança à sa poursuite et manqua au moins dix fois de tomber en se tordant les sabots dans les pierres et les rochers. Elle ne le revit plus de la journée.

Finalement, la curiosité de Coupine se porta plus sur la découverte de sa nouvelle terre que sur celle de cette nouvelle sorte d’émotion que lui procurait l’apparition d’un mâle de sa race. Elle avait bien constaté les effets qu’il produisait sur elle. Une sorte d’excitation. Des frissons dans tout le corps. Un picotement sur les joues et des démangeaisons en des parties de son corps dont elle ne se préoccupait pas habituellement. Elle se sentait femme quand elle le voyait. Pourtant, le nord lui tendait les bras, et ses bras-là étaient bien plus irrésistibles que ceux du draenei. Avec hésitation, elle avait repris la route. Une route pleine de dangers mais peu importe.

Toute seule assise en haut d’une colline surplombant le village, Coupine pensait. Certaines choses ne peuvent s’obtenir qu’après avoir acquis une certaine expérience. Mais dans ce pays paisible, vide de toute méchanceté habituellement rencontrée partout ailleurs où elle avait pu racler ses sabots, comment acquérir une telle expérience ? Repartir vers les terres de cendres et se mesurer aux quelques monstres qui parcourent ces terres ? Non ! Il fallait développer sur place les moyens de se construire. La région du lac devait probablement cacher les ressources nécessaires à un développement personnel. Il fallait entreprendre, imaginer, faire appel aux dieux et aux forces surnaturelles de ce monde. Pour Coupine, c’était la Lumière, bien évidemment. Sans doute qu’Ishmii ne l’abandonnerait pas. Mais par où commencer ? Peut-être cet étrange animal blanc aux cornes rondes ? Pourquoi pas !

Contente de cette trouvaille intellectuelle, Coupine retrouva le sourire et se mit en quête de son avenir, ici, et maintenant.

Coupine, assise sur un lit des appartements des hôtes, dans la tour, tentait de se remémorer tous les événements de ce soir-là. Des tas de questions se bousculaient dans son esprit et elle doutait même d’avoir vécu ce que sa mémoire lui montrait. N’était-ce pas un rêve ? Cette grande demeure n’est-elle pas la maison des rêves ? Tout est si invraisemblable ici.

Tout a commencé, alors quelle pêchait tranquillement sur le ponton au bord du lac près du village où elle avait élu résidence. Son esprit vagabondait au fil des vaguelettes qui faisaient danser paisiblement la surface de l’eau quand une voix se fit entendre dans sa tête. C’était la première fois qu’une chose pareille lui arrivait. Et, au début, elle ne comprenait, cherchant autour d’elle d’où pouvait venir cette voix.

« Neige ? C’est toi ? Mais où es-tu ? »
« Je suis dans la crypte, dans le monde des morts. Je sais que tu peux me sortir de là, tu me l’as dit l’autre fois. Je suis dans l’aire de résurrection. Aide-moi, je t’en prie ! »

Coupine comprit alors que Neige était morte et elle se mit immédiatement en route vers le sud. Il fallait traverser toutes les terres de cendre et passer à travers la montagne de feu. Grâce à son bouclier lumineux, elle échappa in extremis aux puissantes pinces d’un scorpide énorme qui la chargea. Puis, dans la montagne, elle glissa plusieurs fois sur des pierres lisses, manquant de tomber dans des trous d’où jamais personne ne serait venu la chercher. Elle atteignit la Forêt Verte, puis la Forêt Sombre et, enfin, les Terres du Maître.

Il n’y avait personne. Espoir brillait. Une forme gisait sur le sol. C’était Harmonie dont la voix l’appela de la même façon que Neige auparavant. Le retour d’Harmonie se fit en quelques minutes.

Le regard de Coupine avait été à plusieurs reprises attiré par des ombres sur sa droite. Puis, ce furent ses oreilles qui se dressèrent au son du trot calme d’une monture si haute, qu’on se demandait comment l’être qui était sur son dos avait put y monter. Ce petit être, haut comme trois pommes, lui parla de façon fort désagréable. Il prétendit que Coupine et sa copine n’avait rien à faire là et les enjouignit de partir.

Des gens qui s’attribuent un lieu comme étant leur territoire, alors qu’il était celui des nouveaux venus, de Milly et de LeRouge ne pouvaient pas satisfaire à la logique de Coupine. Elle avait aussi aperçu le corps de Neige, allongé devant les ombres, comme une offrande abandonnée là. Coupine expliqua donc au petit être la raison de sa présence. Elle lui demanda de l’aide pour transporter le corps de Neige à l’abri des mauvaises créatures qui montaient la garde ténébreusement devant la chapelle. Le petit être ironisa et se montra fort peu enclin à coopérer.

C’est à partir de ce moment que le merveilleux entre en scène. Coupine sentit une force monter en elle. Pas de doute possible, c’était la Lumière. Comment cette force pouvait-elle être aussi présente alors qu’elle ne savait encore que si peu de choses sur les naaru, les dieux de la Lumière ? C’était un mystère. Gonflée par cette force inattendue, Coupine tenta de marchander avec le petit être. « Nous vous laissons la chapelle si vous nous laissez le corps de Neige. » Cette proposition fit rire le petit être qui refusa tout net, bien à l’abri sous la protection des ombres. La force lui commanda à Coupine de se montrer diplomate. Il fallait éviter un affrontement direct. Non pas à cause du petit être, mais plutôt à cause des ombres. Elle renouvela sa proposition au petit être qui refusa à nouveau et qui fit disparaître le corps de Neige en même temps que lui.

Etrangement, Coupine ne ressentit aucune tristesse. Une étrange confiance en elle la faisait briller. C’est là qu’elle se rendit compte qu’elle brillait pour de vrai. Aucune voix ne se fit entendre mais elle comprit qu’elle n’était pas seule. Il ne s’agissait pas. Un nom lui apparut : Ishmii. Sans aucun mot, Coupine comprit. Les Ombres étaient comme paralysées, incapables d’attaquer. Coupine entra dans la chapelle sans hésiter et sentit la présence d’une force opposée à elle. Elle s’agenouilla et pria mais tout était déjà joué. Ishmii était là aussi. Les ombres disparurent et la chapelle s’illumina à nouveau. La fée Lumière apparut devant elle et Harmonie.

Harmonie est Hazel. Coupine est Rekhii, plus connue autrefois sous le nom d’Epine. Autrefois. C’était autrefois. Coupine comprit qu’il s’agissait de ce qu’elles étaient avant de se réveiller sur le tas d’os de la crypte. Harmonie l’avait sans doute compris aussi. Ishmii n’en dit pas plus. Elle les bénit et disparut comme elle était apparue.

Assise sur un lit des appartements des hôtes, dans la tour, Coupine ne pouvait pas vraiment croire que tout cela c’était produit. Elle rechercha l’âme de Neige mais ne la trouva pas. Elle se leva et repartit dans son nouveau pays. Elle avait de quoi méditer pendant un bon moment avant de revenir peut-être dans le sud.

L’affaire "Bouclerouge" était maintenant oubliée. L’elfe sombre avait disparu mystérieusement de la cave. Sa gardienne, Fumée, avait disparu aussi. C’était étrange comment les gens avaient cette capacité à s’effacer du monde pour parfois ressurgir de façon imprévisibles quelques temps plus tard. Que les mauvais disparaissent n’était pas en soi un problème mais combien d’histoires commencées ne trouveraient jamais de suite ni d’aboutissement ? C’était cela qui embarrassait Epine car elle avait compris une chose importante : Ce n’est que dans la volonté de mener jusqu’au bout une aventure commencée que l’on pouvait progresser et comprendre ce monde.

Quoi qu’il en soit, il fallait profiter de ce moment d’accalmie qui permettait de mieux s’occuper de la reconstruction du monde. C’est ainsi qu’Epine décida de s’installer dans une ferme, au sud de Comté de l’Or pour y planter du lin et d’autres plantes indispensables pour améliorer le bienêtre des éveillés. Ne penser qu’à soi ? C’est ce que presque tous faisaient. Ils ne comprenaient pas que pour faire un monde, il fallait s’unir. C’était pourtant tellement évident ! Comment des choses aussi simples avaient-elles été oubliées ? Epine pensait souvent à son lac, sa maison dans le nord. Elle aurait aimé pourvoir retourner s’y installer mais elle sentait qu’il ne fallait pas trop s’éloigner du lieu d’où les éveillés provenaient. Le nord attendra. Il ne fallait plus se dispercer.

La petite maison était modeste mais agréable. Il n’y manquait qu’une couche pour dormir et des chaises. Epine pu facilement faire un feu dans la cheminée qui était encore en bon état. Dehors, il y avait d’étrange plantes alignées sur de piquets et des fils de métal. A chaque piquet sortait de terre un pied végétal qui se prolongeait en plusieurs ramifications courant le long des fils et donnant, à intervalle irrégulier, des grappes de petites boules. Les vertes n’étaient pas bonnes, mais les sombres étaient sucrée et donnaient un jus exquis. Epine se dit qu’il fallait entretenir cette plante dont elle ignorait encore le nom. Elle découvrira un peu plus tard, en cherchant dans les livres du Sanctuaire, qu’il s’agissait de vignes et qu’autrefois les gens fabriquaient des boissons à partir de ce jus. Ils appelaient cela du vin.

Elle parvint également à rassembler quelques animaux. Notamment des vaches. Elle s’aperçût que certaines avaient les mamelles plus grosses. En fait, il s’agissait de celles qui avaient des petits et que ceux-ci venaient régulièrement les téter. L’idée lui vint de vouloir gouter à ce liquide blanc qui sortait des mamelles. Elle profita d’un moment de pause dans la nourrissage de son petit pour approcher sa main d’un pie et tirer doucement dessus afin d’en faire jaillir un peu de lait qu’elle recueillit dans son autre main. Elle goutta et trouva cela excellent. Elle alla alors chercher une bouteille vide dans une caisse un peu plus loin pour le remplir de ce liquide succulent. Etonnamment, l’animal se laissa faire sans broncher.

Ainsi, la ferme d’Epine prenait vie. Elle y prenait gout à tel point qu’elle commençait à oublier les terres du nord. Mais il faudra qu’elle y retourne pour en rapporter cet étrange insecte dont parle un livre trouvé dans une maison et qui permettait de fabriquer ce qui était nommé autrefois la soie.

Il y a des choses qui ne se racontent pas. Elles ne se racontent pas parce qu’elles sont indescriptibles, comme les rêves. Les mots du langage ordinaires sont impuissants à pouvoir les exprimer ou les décrire. Epine s’en rendait compte. Elle comprenait que pour parler de ces choses, il faudrait inventer un autre langage, un art – mais ça, elle ne le savait pas encore. Les couleurs, les sons, les émotions sont bien plus complexes, bien plus profonds que ce que la langue d’une bouche ordinaire peut produire. Pourtant, sans les mots, il était impossible de se fixer un souvenir vraiment. Impossible de donner une consistance à l’incroyable, à l’au-delà de l’entendement. La transmission passe par les mots, inévitablement. Elle voulait transmettre ce souvenir à d’autres pour que, même un peu, ils puissent à leur tour ressentir ce qu’elle avait vécu quand Natalia l’a emmenée là-bas.

Alors comment faire ?

Comment parler d’une immense cité faite comme une seule maison ? Bien plus qu’un palais, c’était une ville-maison. Comment parler des couleurs, toutes nouvelles, inconnues dans le monde réel, mis à part peut-être, mais de loin, pour certaines fleurs ? Comment décrire le raz-de-marée d’émotions qui l’ont submergée quand elle s’est retrouvée devant un simple petit lit qui résonnait encore de rires d’enfant perdus dans un lointain songe ? Comment parler de ces douces caresses auditives qui entraient par ces oreilles, passaient par son cœur pour s’échouer sur sa peau en vagues de poils dressés ?

Epine, assise dans l’encadrement de la porte de sa petite ferme, songeait encore à cette cité-maison avec une lumière si brillante dans les yeux qu’elle aurait pu éclairer tout la forêt verte. Le soir tombait. Les vaches qui meuglaient dans l’étable, elle ne les entendait pas. « C’est une peu comme la maison-bûche de Papillon mais en un milliard de fois plus grand. C’est chez-moi » se disait-elle. Elle ne savait pas comment mais elle savait qu’elle y retournerait un jour. C’était chez elle. « On ne pas rester éternellement loin de chez soi. »

Dans notre monde à nous, il existe une créature qui pourrait peut-être comprendre Epine à cet instant : Le saumon.

« La vie pourrait être agréable ici » pensait Epine, assise dans une vieille charrette abandonnée dans laquelle continuaient de sécher quelques sacs de graines dont elle ignorait l’espèce. Autour d’elle, un village. De l’herbe, des arbres, un air saint et vivifiant qui inspire à la paix. Hazel lui avait dit que serait une bonne chose que d’aller visiter les régions nord, celles-là même où Blanche avait voyagé et où Natalia semblait vouloir les pousser. Elles y rencontrèrent du monde et ce monde s’était auto-nommé les Eclaireurs.

C’était une chose étonnante que de voir des éveillés qui vivaient là. Comment étaient-ils arrivés dans ces régions alors que celles-ci avaient été fermées par les gardiens draconiques pendant très longtemps. Certains prétendent qu’ils sont apparus ici directement après avoir erré quelques temps dans les souterrains de la tour du Maître. Epine s’interrogeait mais elle savait aussi qu’elle n’aurait sûrement pas la réponse. Les secrets des dieux étaient bien gardés.

La particularité des Eclaireurs était qu’ils n’avairnt qu’un seul culte, une seule croyance, celle de la Lumière. Ils suivaient une certaine Abbendis et semblaient ne pas avoir entendu parler d’Ishmii. Pour Epine qui devait tant à Ishmii, c’était plus inexplicable que tout. Il y avait donc plusieurs émissaires de la Lumière et des Naaru ? Epine se souvenait du nom d’Abbendis. Elle l’avait lu dans un livre qui se trouve dans la bibliothèque du sanctuaire de Comté du Nord (l’abbaye). Elle s’en souvenait d’autant plus qu’elle avait trouvé étrange la façon dont cette femme – une militaire, semble-t-il – considérait la Lumière. Elle prétendait que la Lumière lui parlait comme une personne. Et puis, parfois, elle ne lui parlait plus... Tout cela ne correspondait pas à l’expérience qu’Epine avait de la Lumière. Comble de tout : Les Naarus ne sont jamais cités, comme si ils n’existaient pas. Pourtant, les textes officiels étaient clairs : Les Naarus sont les porteurs directs de la Lumière et tous les croyants ne pouvaient ignorer cela.

Epine savait qu’il faudrait retourner bientôt chez elle. Ces bêtes et ces cultures l’attendaient. Ces amis aussi. Ses racines étaient plantées dans le sud et il n’était pas envisageable d’aller les planter ailleurs. Pourtant, cette région était fort agréable et avait besoin de protection. Des menaces l’entouraient. Peut-être faudrait-il établir un pont entre le sud et le nord, de façon à pouvoir réunir tous les éveillés ? Mais avant, il faudra que les Eclaireurs s’ouvrent à d’autres croyances et ceci ne semblait pas évident.

La maison devenait trop petite. Déjà, elle rétrécissait beaucoup quand Uktena y pénétrait, mais maintenant que les enfants étaient là aussi, Dornaa, Zohor, Shineï, ce n’était plus qu’un petit coffre abritant tous les petits trésors, d’Epine. La ferme est grande dehors mais pas assez dedans. Le temps était venu d’agrandir. Non loin, vers l’ouest, il y en avait une autre qui la touchait presque. Alors pourquoi na pas la récurer et y installer Dornaa avec Zohor pour qu’ils aient la place de vivre et de cultiver leurs propres nourritures ? Epine resterait dans la première maison avec Shineï. Quand à Uketna, elle habiterait les deux, comme elle veut.

Mais, alors qu’elle était allée visiter la future nouvelle extension de son habitat, Epine se trouva face à un problème : La nouvelle maison était déjà occupée. Une horde de loups gris s’y était installée et ne semblait pas du tout prête à quitter les lieux. Une portée de toutes petites boules de poils piaillait près de la cheminée et quand Epine tenta d’engager une conversation pour les convaincre qu’une maison humaine n’était pas ce qui convenait le mieux à des loups, les loups se rejoignirent leurs petis, étonnamment peu disposer à se battre contre la Lumière de cette l’intruse cornue. Epine ne voulait pas leur faire de mal, surtout en voyant les mignons.

Elle eut alors une idée et imagina un stratagème. Elle avait besoin de viande mais, étant végétarienne, elle n’en avait pas et décida d’aller chercher de l’aide au village. Elle y croisa un homme qu’elle ne connaissait pas. C’était un humain. Grand comme elle. Elle ressentit à ce moment une sensation étrange dans tout le corps mais refusa presque inconsciemment d’y prêter attention. Il s’appelait Martens et était fraîchement sorti de la crypte. Après quelques minutes de conversation pour faire connaissance, elle lui exposa son projet et il accepta sans hésiter de l’aider. Epine ressentit à nouveau une sensation plaisante qu’elle ne compris pas.

Les deux prirent la direction de la ferme et récupérèrent de la chair de grouik au passage. Il semblait hésiter à tuer l’animal, ce qui provoqua en Epine un sentiment d’admiration encore plus grand envers lui. Ils allèrent ensuite exécuter le stratagème d’Epine. Il avança vers la maison avec la viande fraîche. Les loups, attirés par l’odeur, franchirent le porte, bien décidé à festoyer. Martens reculait, tentant d’éloigner les loups plus possible de la maison. Dans le distance fut assez grande, Epine se précipita ver la cheminée pour s’emparer des louveteaux et les emporter vers l’ouest, dans les restes d’un camp qui avait dû appartenir autrefois à des sauvages ou des forestiers. Elle alla ensuite se cacher derrière une souche, attenant de voir si les parents allaient retrouver leurs petits une fois qu’ils auraient mangé.

Elle n’eut pas très longtemps à attendre. Le plan avait donc fonctionné. Epine se précipita vers la ferme pour y retrouver Martens qui, malgré les efforts qu’il fit pour le cacher, avait été blessé par les loups. Epine utilisa alors les ses pouvoir lumineux pour le soigner. Maintenant, il fallait occuper les lieux pour éviter que les loups ou d’autres indésirables ne viennent ré-envahir le lieu.

Epine se plaisait à voir les gens heureux. Elle les regardait vivre, leur souriait, s’attristait quand ils rencontraient des problèmes qu’elle s’empressait d’aller résoudre avec eux quand elle le pouvait. Elle aimait cette vie simple et pourtant si pleine de sens. « La Lumière est en toute chose » se répétait-elle avant d’aller vite remercier les naarus de lui procurer autant de joie pour les petites choses.

Mais le travail à la ferme devenait de plus en plus prenant et, malgré sa passion pour ce métier, elle avait souvent les sabots qui la démangeaient. Le récent départ de ses amis pour le nord fut ce qui la poussa à décider qu’il lui fallait de l’aide pour s’occuper de ses cultures et de ses animaux si, d’aventure, elle devait s’absenter. Elle pensa alors tout de suite à Kira. La récente "revenue" s’ennuyait visiblement à la maison commune, cherchant de quoi s’occuper, toujours en rêvant de redevenir boulangère. Quand Epine lui proposa de venir s’installer à la ferme avec elle pour apprendre ce métier et l’aider dans ses tâches quotidiennes, Kira accepta tout de suite, convaincue que se serait ses premiers pas pour retrouver la source de sa vie. Epine était contente. En plus, Kira pourra s’occuper de Shinei quand ni elle, ni Uktena, ni Dornaa ne pourront le faire.

Tout allait donc bien dans le meilleur des monde. Elle avait maintenant le temps de se consacrer un peu plus à une autre passion qui l’animait bien plus profondément : La Lumière. Presque chaque jour maintenant, elle parlait mentalement avec Neige. Celle-ci lui donnait les noms des fantômes qu’elle souhaitait arracher au vide et voir revenir avec un corps de chair, comme autrefois. Epine faisait ses offrandes chaque jour, stabilisant ainsi les fantômes les uns après les autres. Pourtant, quand Neige lui donna le nom de McBride, elle hésita. McBride était un soldat. Hazel ne souhaitait pas voir de soldats revenir, du moins pour l’instant. Mais C’est Neige qui le demandait. Epine fit donc les offrandes pour le général militaire avec la pensée d’avoir peut-être fait une bêtise. « Nous verrons bien » concluait-elle avant de repartir faire ses récoltes.

Elle regardait Shineï jouer dans l’herbe douce devant le sanctuaire. La décision avait été difficile à prendre car quand on aime un être, on a du mal à s’en séparer. C’est très égoïste. Quand on aime vraiment un être, ne devrait-on pas plutôt penser à son devenir ? C’est cette idée qui conduisit Epine à confier la petite aux Anges d’Ishmii. Au sanctuaire, elle pourrait parfaire son éducation à la Lumière et devenir un jour une prêtresse hors pair. N’était-ce pas Emiade qui la lui avait suggéré lors de leur dernière communication ? Shineï avait montrer quelques signes d’inquiétude au début, mais quand elle eut l’assurance que ses Mam’, Mom’, frère et sœur pourraient venir la voir quand ils voudraient, elle accepta définitivement la chose. Surtout, Shineï était une jeune draenei extrêmement curieuse et connaître de nouvelles expériences ne lui déplaisait pas du tout.

Depuis qu’il était arrivé au village des Hautemaisons, Epine constatait des phénomènes étranges en elle-même. C’était comme un fourmillement dans les jambes, comme une envie quasi irrésistible de gratter une démangeaison ou l’envie de se secouer la tête comme ce que l’on peut ressentir après avoir dit une grosse sottise devant plein de témoins, alors qu’il n’y a personne d’autre que soi-même pour se juger. Mais elle n’est pas idiote. Elle sait bien la raison de se dérèglement à la fois physiologique et psychologique. Elle l’appelait "l’instinct de prolifération de l’espèce" et avait déjà constaté ses effets parmi ses bêtes, à la ferme. « Mais je ne souis pas oune bête ! » s’exclamait-elle silencieusement. Elle se demandait si Uktena ressentait la même chose mais se rendit compte presque immédiatement de l’absurdité de la question. « Bien sûr qu’elle le ressent aussi. Elle ne se gêne même pas pour le montrer, et pas que pour des draeneis mâles ». Alors qu’elle discutait avec des amis à la maison commune de sujets passionnants tels que la Lumière et l’Ombre, elle ne pouvait s’empêcher de lancer quelques regards furtifs vers la chaise où il s’était endormi. Nous étions en plain après-midi à ce moment-là. Il était par conséquent inenvisageable de concrétiser les pensées lubriques qui la harcelaient. Elle prétexta donc sont travail exigeant à la ferme pour s’enfuir. Dans ses champs de lin, de maïs et de carottes, elle trouverait bien de quoi s’occuper.

Mais une autre idée la travaillait bien plus depuis quelques temps. Elle savait que le travail à la ferme finirait par ne plus la satisfaire. Un plan c’était dessiné dans son cerveau et, après avoir consulter l’esprit de Neige pour en savoir plus sur les anciens propriétaires de la ferme qu’elle occupait, elle demanda aux naaru de l’aider à leur rendre vie. Les Maclure, toute une famille. Il y a avait Maybel, la mère ; Pa, le père ; Joshua, le fils et un très jeune enfant, Billy, peut-être le petit frère. Il y a avait aussi un ouvrier qui initiait le petit au travail de la ferme... Tous des humains. S’ils revenaient, ils pourraient reprendre leur ferme et, ainsi, Epine pourrait aller vivre au Sanctuaire, retrouver sa fille et devenir un ange, comme Neige. Personne n’avait encore remplacé Neige.

Il restait une chose à faire : En parler à Uktena.

Le jour était maintenant arrivé. Pa et Maybell Maclure étaient de retour, en chair et en os. Ils mirent un peu de temps à réaliser ce qu’il venait se passer et furent presque inquiets quand ils virent la grande brune cornue venir les saluer avec tout le respect qui leur était dû. C’était Epine et elle leur expliqua que cette maison qu’elle occupait, cette ferme, était à eux. Kira était là aussi. Bien qu’un peu intimidée, elle prit sur elle de leur expliquer sommairement le fonctionnement de a ferme. Il faudra sans doute du temps pour qu’ils puissent tout assimiler mais certains automatismes commençaient à leur revenir. Puis, Epine leur annonça son intention de partir s’installer plus au nord, dans le sanctuaire, là où sa mission et sa fille l’attendait.

Le mot "fille" produisit un effet inattendu sur Maybell. Sans doute qu’un souvenir lointain – une une réminiscence comme on dit – ou son instinct maternel fût réveillé. Elle regarde Epine avec attention et profita d’un trou dans son flot de paroles pour demander : « Savez-vous où se trouve mon fils ? » Epine, ne sachant pas trop quoi répondre, tenta de la rassurer en lui disant qu’il ne devait pas être bien loin, ce qui n’eut pas vraiment l’effet escompté. Il faudra sûrement en parler avec Donaa et Uktena mais, pour l’instant, ses sabots la démangeaient d’aller enfin recevoir sa robe d’ange. Elle se mit en route pour le sanctuaire en promettant aux nouveaux anciens propriétaires de la ferme qu’elle reviendrait les voir au plus vite et, surtout, de ne pas avoir peur d’Uktena si celle-ci venait les voir en son absence.

Epine l’avait dit à Dornaa mais sans doute que celle-ci, maintenant devenue grande malgré ce qu’en pensait sa tutrice, n’en avait cure. Les enfants ne sont pas destinés à rester attachés à leur mère, que celle-ci soit biologique ou non, mais l’inverse n’est sans doute pas vrai. La maison était vide. Les habitants de Hurlevent étaient rentrés chez eux. Uktena était… on ne sait où, Zohor sans doute avec elle. Quant à Shineï, elle était à la cathédrale pour aider les anges. Epine l’avait dit à Dornaa : Elle irait s’installer à l’Exodar une fois que la cathédrale serait libérée.

Pour le moment, il fallait préparer les choses. Elle s’assit auprès de l’arbre et s’envola pour un nouveau rêve, avec Cornu, sa fidèle monture. Une fois arrivée, les souvenirs l’assaillirent. L’Exodar était toujours dans le même état que lorsqu’elle l’avait quitté pour le Vide. Elle remonta sur Cornu et traversa le Hall de Cristal pour aller vers la Voûte des Lumières. Son bienfaiteur et maître, Velen le Prophète, était par-là. Elle gravit les escaliers. Arrivée en haut, elle descendit de Cornu. Velen semblait n’être plus qu’une ombre de lui-même, comme tout le reste de ce monde n’était qu’un fantôme. Elle entendait encore ses mots : « Comment vas-tu, mon enfant », accompagnés de cet éternel sourire qui inspirait plus de respect que de tranquillité. « Je vais bien, Prophète ! » répondit-elle. Elle resta un moment silencieuse, son cœur battait très fort. Des larmes roulèrent sur ses joues et s’écrasèrent sur sa robe blanche. Elle ajouta, comme une libération : « Je suis de retour, Prophète ». Puis elle se leva et partit vers l’Étage des Commerces où elle se souvenait avoir sa maison, la maison familiale.

Tout y était. Intact. L’appartement respirait encore l’enfance. Le petit train qui tournait. Les petits lits. Les bananes et les caisses remplies de bonnes choses. Le linge intime de Dornaa traînait encore autour de son ancien lit dans lequel elle ne rentrerait probablement plus, maintenant. Même la table d’alchimie vibrait encore des anciennes expériences que tout le monde y faisait, y compris le thé. Le bac d’eau chaude aussi était encore là. L’eau y était limpide, comme si quelqu’un ou quelque chose s'en était occupé pendant cette longue absence. Epine n’y résista pas et se débarrassa de ses vêtements pour se plonger dans cette eau du passé. Il paraît que l’eau garde la mémoire du monde. Epine s’endormit dans toute cette mémoire.

Préambule:

Epine n'a que peu été utiles dans sa nouvelle vie, à part peut-être pour avoir créé son vin à partir du raisin de ses vignes. La vérité est qu'Epine n'a jamais aspiré à devenir une héroïne. Sa seule ambition à toujours été de vivre une vie simple, proche de ceux qu'elle aime et proche de la terre, de la nature, qu'elle aime presque autant que la Lumière. Ces désirs de simplicité lui avait en fait bien compliqué les choses dans sa vie d’avant, mais dans la présente, hormis quelques aides sporadiques pour l’Église de Lumière, à la demande d’Emiade, rien d’extraordinaire n’avait permis de la faire grandir. Après avoir remis sur pied les fermes de l'ouest de la forêt d'Elwynn et retrouvé ses enfants, elle n'avait plus qu'un objectif : Reconquérir et faire revivre l'Exodar, la grande cité-maison qui avait été le vrai point de départ de toutes ses aventures. Son destin avait débuté là, et c’est là qu’il devrait probablement repartir, quand le moment sera venu. Ainsi, ceux qui à l’avenir la chercheront la trouveront là-bas, à condition de parvenir à s'y rendre.

Seule dans la cité-maison, Epine se souvenait. Des images du passé lui revenait, des lieux, des personnages, des aventures parfois heureuses et d’autres douloureuses. Une immense envie de revoir ces choses lui coulaient des yeux, roulant sur ses joues. Alors, elle décida de faire un voyage. Elle alla sur le quai, au dos de son elekk. Il n’y avait plus de bateau. Alors elle alla à l’arbre des rêves et put ainsi aller jusqu’en Kalimdor, en forêt de Feralas. Là, elle comprit que le voyage serait long car elle n’avait plus que ses sabots pour voyager. Et la destination vers laquelle elle souhaitait ardemment se diriger était le pays des des elfes, au nord, dans la ville d’Astranaar. Était-ce possible sans l’aide de la Tour ?

Il fallait se frayer un chemin à travers les fougères et les ronces. Des images lui revenaient. Elle s’y voyait réfugiée, cachée dans les collines, en compagnie d’un troll dont elle avait du mal à se souvenir du nom. A cette époque, avoir un ami troll quand on était une draenei était extrêmement dangereux. Non pas à cause du troll, mais des imbéciles qui n’avaient pour but dans la vie que de se faire la guerre. Elle ne savait plus quelle était la raison de son exil. Sans doute que cela lui reviendrait bientôt. Elle continua d’avancer, ses sabots s’enfonçaient dans le sol humide de cette forêt d’un âge immémorial et la nuit était tombée.

Les reflets de la lune faisaient luire certaines herbes, racines et pierres de façon très étrange. Une route pavée semblait vouloir la conduire vers le nord. Les Colosses Jumeaux. Ruine de Vent corbeau. Et toujours ce mélange d’eau, de végétal et de très vieilles pierres.

Puis, la montagne grandissait et les arbres devinrent rares. Il n’y eu bientôt plus que la pierre quand elle rencontra un grand félin noire. Elle ne vit que ses yeux de feu dans la nuit noire. Elle ne put aller plus loin.

[Bien longtemps plus tard]

Ce qui était ne reviendra jamais. Cette pensée hantait l’esprit d’Epine alors qu’elle parcourait la route qui traversait Orneval d’ouest en est. Son cœur était envahi par la nostalgie que des images du passé remontant des tréfonds de sa mémoire lui provoquaient. Dornaa n’était pas là. Les jeunes se remettent plus facilement de ce genre de séparation d’avec ce qui est ancien. Mais Epine revoyait tous ces moments passés qui avaient créer son histoire dans cette région et cela l’affectait beaucoup. Son amour pour le peuple des elfes de la nuit lui revenait et l’absence de ceux-ci lui faisait mal. C’est avec cet état d’esprit mélancolique qu’elle parvint devant la porte infranchissable des Tarides. Elle s’assit derrière un arbre et resta-là longtemps à méditer sur ce que pourrait être son avenir.

[Encore bien longtemps plus tard]*

Après la libération du port de Menethil, aux Paluns, Epine est restée quelques temps pour s’assurer que le mal ne hantait plus les lieux. Les anges et les gardes lumineux assuraient la protection de l’entrée de la ville et du donjon. Les quelques habitants se remettaient doucement de l’épreuve qu’ils venaient de franchir. La ville semblait pourtant très vide et Epine était inquiète pour l’avenir de ce pays. Il fallait pourtant partir. Elle envoya alors un message à Brave pour lui en faire part.

Elle avait une mission importante à accomplir chez elle, à l’Exodar : Repeupler son monde. Les éveillés de l’est étaient parvenus à faire revenir un grand nombre des humanoïdes en les arrachant à l’emprise du vide. Pourquoi ne serait-ce pas possible de le faire aussi ici ? Et pourquoi pas aussi ailleurs, partout dans le monde ? Elle se dit que ce serait formidable si tous les éveillés, au lieu de se disputer pour des broutilles ou de se perdre dans la vacuité, se mettaient au travail pour libérer toutes les âmes encore retenues par le Vide. Les draenei, oui, mais aussi les elfes, les orques, les nains, les... peut-être aussi les trolls... Un doute vint à son esprit. Faut-il vraiment qu’ils reviennent tous ?

La première chose qu’elle fit en arrivant à l’Exodar fut de se rendre auprès de l’esprit de Velen, son maître. En parcourant les couloirs, elle reprit conscience de la présence des étranges créature en bandelettes qui occupaient certains endroits de sa cité-maison, les éthériens. Ils avaient probablement l’intention de rester, voir même de conquérir tout le vaisseau. C’était hors de question mais impossible d’agir pour le moment car ils étaient bien plus nombreux que les occupants légitimes. Négocier avec eux serait sans doute la première chose à faire mais, pour le moment, il fallait consulter le prophète.

L’appuie de l’Église de Lumière était acquis. Sœur Emiade avait déjà demandé aux prêtres de la cathédrale de prier pour faire apparaître les esprits des disparus. La prière ne connaît ni les frontières, ni les distances, ni même le temps. Elle transcende l’espace-temps et peut, si la foi des croyants est assez forte, opérer n’importe où. Les prières de prêtres de la cathédrale de Hurlevent et de Neige feraient, sans aucun doute possible, l’effet voulu. Il ne restera alors plus qu’à demander à l’esprit de Nobundo de donner à Uktena le pouvoir de redonner de la matière à tous ces esprits libérés.

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HRP: