Romuald le Sang-mêlé

Plutôt dans la journée, Sissi s'était précipitée de rentrer auprès de l'auberge afin d'avertir tout le monde qu'elle entendait des voix ! Sissi allait expliquer aux personnes présentes le soir même que cette étrange apparition avait eu lieu à proximité du lac à l'ouest de la Forêt. Un peu plus tard, un groupe s'était mobilisé afin de contrôler la zone.

« Si, j’te dis ! Elles l’ont agressé comme si c’était un copain du Nécro.
- Cela peut se comprendre. C’était un mort-vivant ?
- Ben on aurait dit. Il était tout blanc et tout maigre, avec comme une tête de mort. Même que, des fois, y perdait sa mâchoire quand y parlait.
- Hmm.. donc c’était un mort-vivant. C’est effroyable. Le pauvre bougre ! Il faut l’aider.
- ...
- Ne me regarde pas comme cela. Les morts-vivants sont des gens qui sont morts et qu’une force ténébreuse ramène à une sorte de fausse vie qui n’est faite que de douleur et qui ne peut plus connaître la Lumière. Ce sont des malheureux.
- Ben... Y faut faire quoi alors, pour qu’ils soient plus malheureux ?
- Il faut les persuader de retourner dans le royaume des morts pour reprendre le cycle des naissances et des morts et qu’ils puissent revenir en accord avec les lois de la Lumière.
- J’ai dans l’idée qu’ça va pas être facile. Il avait pas l’air d’avoir envie d’retourner dans l’monde des macchabées, mais plutôt l’contraire.
- C’est pourtant la seule solution, Feuyice. La seule ! »

Feuyice regardait Neige avec ses yeux naïfs et pleins d’admiration pour cette femme qu’elle considérait comme sa grande sœur. Feuyice était comme une enfant de dix ans qui porterait des secrets bien trop lourds pour ses petites épaules. Mais elle était prête à tout croire, du moment qu’on lui donnait de l’amour. Et c’est ce que faisait Neige. Neige éprouvait, sans trop savoir pourquoi, un véritable amour presque maternel pour la petite elfette qu’elle avait prise sous sa protection. Neige n’avait qu’une envie : Que Feuyice la comprenne et se tourne vers la Lumière. Mais jamais elle ne le lui imposerait. On ne vient pas forcé à la Lumière. On y vient par foi, et la foi était sans doute ce qu’il manquait le plus à Feuyice. La foi en elle-même.

En attendant, elle avait foi en sa grande sœur et l’écoutait comme on boit un grand bol de lait frais après une longue course sous un soleil de plomb.

« Alors j’dois faire quoi ? Aller voir l’macchabée et lui dire de s’ré-enterré pour roupiller encore un moment ? »

Neige la regarda avec un sourire bienveillant et amusé avant de répondre

« Cherche juste à en savoir plus et revient me dire ce qu’il en est. Nous aviserons de ce qui doit être fait le moment venu. »

« C’était un vrai carnage, t’aurais vu ! On empilait des tas d’os les uns sur les autres et ont f’sait des montagnes avec. Et l’autre, tout blanc, il en m’nait pas large. Y s’débinait dès que j’l’approchais pour lui faire des guili-guili dans l’dos. »

C’est grosso modo ainsi que Feuyice résuma l’événement de la soirée à Neige, après qu’elle soit rentrée chez seule elle, se soit mise nue, sous les yeux exorbités de Lee pour aller se décrasser dans le lac. Elle voulait ôter toute la puanteur de mort et de pourriture brûlée qui empestait tout son corps.

Feuyice faisait la maline surtout parce qu’elle avait beaucoup progressé dans son art de la discrétion. Elle arrivait à se faufiler partout, agile comme une anguille, jusqu’à se caller derrière une cible pour lui balancer de bons coups de miséricorde avant qu’elle n’ait le temps de réagir.

« Tu as récupéré ton cheval ? » demanda Neige
« Ben non ! J’ai pas réussi à l’convaincre » répondit Feuyice.

Elle oublia de raconter qu’avant de venir, alors qu’elle était encore dans l’eau du lac, elle avait subi un échec bien plus cuisant pour elle que la perte d’un cheval. Alors qu’elle barbotait nue non loin de la rive, une ombre s’était approchée et, malgré l’obscurité, comme si elle avait un sixième sens pour cela, Feuyice comprit tout de suite qu’il s’agissait d’un mâle. Et pas n’importe lequel : Renard. Elle sentit tout son corps frémir et se tendre comme la corde d’un arc, prête à lancer une flèche. Il la prit sans doute en plein poitrine et se laissa tenter d’aller se baigner avec elle. Toute excitée, Feuyice entreprit de le frictionner sous prétexte de le laver en s’enhardissant de plus en plus. Renard senti le coup venir et eut une réaction étrange : Au lieu de profiter d’un plaisir facile qui s’offrait à lui, il éclaboussa Feuyice dans les yeux et profita de sa confusion pour regagner la rive.

« J’aurais dû rester là-bas avec Lee. Au moins, lui, y m’déçois jamais à c’sujet » pansa-t-elle en regardant un coin sombre du beffroi qu’habitait Neige. Mais Feuyice préféra rester près du clame et de la sérénité de celle qu’elle considérait comme une grande sœur. Elle passa une sans doute une nuit voluptueuse, mais seulement en rêve, la tête posée contre l’épaule de la Lumière.

Il fallait être aveugle ou ne pas aimer la vie pour ne pas succomber aux avances de Feuyice.
Le Renard était une personne bienveillante, pleine de vie, bien que son tempérament soit vraiment rigide.

Visiblement, quelque chose l'empêchait de pouvoir se rapprocher de trop prêt des membres de Hautemaison. A vrai dire de tous...

La simplicité, la fouge et la beauté de Feuyice allait sans doute réchauffer le cœur du Renard. Malgré tout, il était peiné de ne pouvoir partager pleinement la vie aux côtés d'autres personnes.

Pour ce calmer, il allait écouter les histoires d'un récent combat ayant eu lieu auprès d'un petit groupe encore sous le choc...

Le village était en danger permanent, il fallait trouver le temps d'élaborer une stratégie et de gagner en force pour éliminer la menace.

Il semblerait que la vie soit un perpétuel combat... Il l'avait comprit après quelques semaines en ce monde. Tous devaient en permanence s'armer, s'entraîner pour protéger leurs intérêts. Avec tout cela, on pouvait se demander comment il était encore possible de voir de la beauté en ce monde.

Papillon rentrait paisiblement chez les mortels, après un séjours dans le Rêve.
Elle avait apprit beaucoup, plus que ce que même Valiamei pensait lui avoir enseigné. A peine de retour au village, elle rencontra Manon et lui montra son arbre magique ... et "invoqua" sa maison-bûche.
Elle pensait y couler quelques jours heureux et la montrer a tout ses amis, mais le lendemain ...

Feuyice cherchait un cheval perdu, Eris faisait son Eris, Laëris profitait de l'auberge et Lys venait visiter le village. Elle n'eut pas le temps de montrer à cette dernière ses nouveautés que Seoman criait à l'alerte.

Après une rapide enquête à l'ouest de forêt, ils virent le machin-mort et sa forteresse remplie de squelettes. Et le cheval perdu. Il avait prit un cheval à Feuyice et l'avait tout bousillé ! Ce qui eut le don ... d'énerver Papillon; ça et les squelettes animés ... si tant est qu'énerver soit un terme applicable à Papillon ! Disons que ça la fit entrer dans un état d'humeur un peu moins Papillon et un peu plus autre chose.
Avec le groupe, elle progressa dans la forteresse, à grand coups d'épées sacrées, dos à dos avec Lys, soutenues par Laëris et accompagnés d'Eris et d'un nouveau qu'elle ne connaissait pas .. Ah oui, elle a oublié de lui demander son nom, mais ni lui ni Eris ne servirent à quoi que ce soit. Sauf à voir dans la cave, et encore, c'est Laëris qui déclencha l'incendie.
Et Feuyice ? Elle était là, mais elle a un don pour se cacher.

Le vilain s'avéra être encore plus vilain que prévue, mais moins que les escaliers pourris qui firent tomber Papillon ! Ce qui n'est pas du tout gentil !
Elle put poursuivre avec l'aide de Lys, mais cet événement n'aida en rien et changea largement la donne, diminuée par sa blessure, Papillon eut bien du mal à chasser le vilain !
Pire encore, elle dût prendre sa forme d'Ourse pour neutraliser deux compagnons qui se mirent à agir étrangement, s'en prenant aux mauvaises personnes !

Ils finirent par s'en sortir, plus où moins en bon état. Papillon dans le pire.
Lys persista dans ses soins une fois rentrée à la maison, elle était blessée aussi, mais voulait à tout pris soigner son amie kaldoreï. Elle put toutefois constater une choses, lors des soins : Les blessures de Papillon était .. trop nombreuses ? Elle ne l'avait pas quitté d'une semelle, et pourtant s'était comme si Papillon avait souffert de dégâts a peut près du double des coups reçus effectivement ...