Tournée Générale

Musique du Barde:

C'était une nuit comme les autres pour Barde, une nuit calme, une nuit à inventer des histoires ou Bardises pour amuser ou faire rêver quelques instants un Éveillé. Une nuit à apprendre, découvrir et apprécier les sons de son instrument, ils avaient tous un sens, la tristesse, la joie ou l'aventure et lorsque Barde les mélangeait, les coupait et les faisait sonner ensemble, ils devenaient ainsi une histoire drôle, une légende épique, le triste destin d'une âme oubliée ou une berceuse pour enfant. Alors, il ne lui restait plus qu'à poser quelques mots, quelques rimes ou quelques vœux sur ces histoires, et ainsi naissait les ballades du Barde..

Et pendant que la nuit se poursuivait, que la pluie frappait le toit de la Taverne où Barde passait le plus clair de son temps, une idée lui vint... Il faisait longtemps qu'il n'avait joué pour le monde, il jouait pour ses amis certes, amusant Erika, Sissi ou autre passants et passantes de la Taverne mais... Depuis combien de temps n'avait-il pas jouer pour les éléments ? Pour ses amis loups ? Pour la Tour, oui, la Tour, où son amie Manon l'accueillait généreusement à chaque fois qu'il en avait eu le besoin.. Pour les disparus aussi... Ou pour cette nouvelle ville ?...
Après avoir énuméré chaque parcelles de son monde connu, Barde pris une décision. Il allait jouer, jouer pour ce monde, car c'est tout ce qu'il savait faire, mais il savait bien le faire... C'est ainsi que commença, la Tournée Générale du Barde.

Musique du Barde:

Pour sa première ballade, Barde choisi les Bois Sombre, il aimait énormément cet endroit, son "amitié" avec les loups était presque aussi vieille que lui... Durement gagnée offrande, par offrande.. Il aimait jouer pour eux, ils jouaient aussi pour lui parfois, au clair d'une lune aussi froide qu'éblouissante, hurlant, saluant, célébrant ce grand disque nocturne. Ou du moins, c'est ainsi que Barde entendait tout ces chants.


Il s'installa donc tout d'abord au milieu du village des loups, contre la fontaine, et il se mit à jouer, jouant doucement, jouant pour la nuit et pour son peuple. Pour ce peuple d'où était issu une partie de son amour, ce peuple qui avait toujours fièrement, protéger ses secrets, son territoire et sa parole. N'ayant le cœur à rimer, il préféra chanter la bouche fermé, accompagnant ses accords et notes, de vocalises enfermées dans son thorax.

Il joua ainsi un temps, long ou cours, il n'en savait rien, mais celui qui lui semblait le bon. Puis il se releva, salua son hypothétique publique, imaginaire ? Et repris son chemin, vers le centre de la forêt, vers cet immense portail du Rêve, encore plus proche de la Lune.


En arrivant dans la vallée du portail, vallée aussi imaginaire que réelle, des souvenirs lui revinrent, il avait été soigné ici, dans de l'eau de lune, ou quelques choses du genre... Il connaissait cet endroit, ainsi il s'installa sur les immenses marches du Portail et joua, joua pour la Lune, pour Elune, pour cette déesse qui avait animé Papillon, à moins que ce ne soit l'inverse ? Ou un peu des deux... Pour Elune il raconta des histoires, des bribes de son monde à lui, il raconta Papillon, il raconta la perte de ses amis rêveurs et rêveuse, leurs souhaita la paix et l'allégresse.
Cette fois ci le temps lui paru plus long, surement le fait de parler en même temps.

Puis, lorsqu'il estima que c'était fini, il se dirigea vers la grotte des éléments, chez celui dont il était les yeux.

HRP:

Musique du Barde:

Il était désormais temps pour Barde de rejoindre la grotte du colosse de pierre, Roc'Aad.. C'est accompagné d'Uktena, qu'il se rendit vers l'antre des esprits de la terre. Une fois arrivés à l'entrée, l'air chaud lui balaya le visage. C'était son dernier souvenir d'aveugle, les odeurs de fumée, les roulis des esprit de la terre, les chocs des pierres les unes contre les autres... C'était ça, le terme de son ultime voyage aux quatre sens, être privé de la vue avait aiguisé ses autres sens, mais de cet éveil il ne lui restait presque rien, l'habitude ayant repris le dessus sur les sensations. Barde emboita le pas à Uktena et pénétra dans le sanctuaire de la terre..


Il laissa d'abord cette dernière discuter avec la force de la nature, elle avait des affaires à régler, une histoire de Parlesprit dont il n'avait saisi que l'imminence. Une fois la discussion finie, la cornue, qui avait connaissance de la motivation de la présence de Barde, l'invita à commencer. Et Barde joua.

Il installa son instrument à la verticale, cherchant à obtenir des cordes plus épaisses, plus grave, plus... Terre. A la suite des conseils d'Uktena, le musicien décida de jouer un rythme lent, lourd, fort.. Très vite, l'inspiration vint, alors il se mit à jouer, à conter, muet, l'histoire des Pierres, l'histoire de la Terre. Au bout d'un moment son immense amie se mit à chanter, dans une langue qu'il ne connaissait pas, une langue rauque, gutturale et rocailleuse, il l'imita, préférant des vocalises à des mots, des sons à un sens. Pendant qu'il jouait, Uktena se mit à danser, doucement, dansant au rythme des esprits et dans une sorte d'harmonie mystique, les esprits dansèrent, à leurs manière, accompagnant la danse de la Parlesprit et la mélodie du Barde. Le barbu blond poursuivait son histoire sonore, évoquant, à sa manière, les avalanches à l'aide de courtes notes rapprochées, espacées par de long temps silencieux, faisant claquer ses cordes de lumières dans des notes sèches, courtes et puissantes. Et alors que la montagne rejoignait l'hypnotique ronde des esprits, Barde continuait de jouer, un peu inquiet du nombre de pierres qui virevoltaient autour de lui et de son amie, mais très vite, il eu confiance, comme il avait déjà eu confiance en ces êtres de la Terre et il se laissa alors porter lui même par ce qu'il jouait, s'oubliant, oubliant qu'il jouait pour les Esprits de la Terre, mais jouant avec les Esprits de la Terre.


Barde ne sut pas combien de temps le spectacle eu lieu, comme souvent.. Mais lorsque que la dernière note sonna dans la caverne, il savait que c'était elle, et tous l'avaient comme deviné et s’arrêtèrent presque simultanément.. doucement.. reprenant conscience, pour Barde, de son entourage. Alors la montagne lui parla, le remerciant... "Bromo", si il en en croyait la traduction d'Uktena. Alors il remercia à son tour Roc'Aad, pour lui avoir rendu la vue, pour aider Uktena à ramener des gens, pour contribuer à l'Équilibre.

Après un bref échange, il tourna les talons, saluant une dernière fois les esprits de la terre, et quitta leurs repaire, accompagnés par le chant des esprits qui fredonnaient, à la leurs manière, la chanson de Barde.

C'est la fraicheur de la nuit qui l'accueillit à la sortie. Il jeta un dernier coup d’œil à la caverne résonnante puis il rentra en compagnie de son amie vers la Forêt Verte.

Les loups ne sont pas des créature indifférentes. Elles ne sont pas non plus ingrates et elles savent se montrer reconnaissantes. Il est fort probable que Barde leur ait laissé un souvenir qui, s'il en éprouvait le besoin, inciterait les loups noirs à lui rendre les services que ses chants leur apportent en réconfort et en courage. Désormais, les loups-noirs de Croc-noir accompagneraient les chants du barde quand celui-ci chantera dans la sombre forêt, et il est fort probable que ces chants atteignent les oreilles de Morgenkriss, leur grande prêtresse de Goldrinn.

Musique du Barde:

Il s’installa au au pied d’un arbre mort, de toute façon tout était mort ici, même lui était mort ici. Et c’est avec cette dernière dans l’âme, dans les doigts et dans les yeux, que le Barde se mit à jouer.

Barde joua des airs d’ères lointaines, déserts de vies. Cette fois ci, le cœur n’allait plus, il n’animait pas sa main, il la tenait, s’accrochant à chacune des notes comme à une petite flamme dans le froid de la Nuit. La tristesse s’était emparée de son sourire ses derniers temps, et son isolement devenait aussi évident que de se cacher dans une cage.

Il l’était, déçu, par lui, par ce cœur terrorisé qui se cachait derrière de grands palabres mais qui cette fois ci, avait cessé de battre. Mort ? Non, il aurait préféré, mais il aurait trop honte de mourir, il créait ses pleurs, et les recouvrait de solitude… Au moins, il était autonome dans sa tristesse.

Alors que le temps passait, il se mit à siffler, mais pas ses classiques sifflotements joyeux, qui annonçaient son arrivée à la Taverne, mais des sifflements longs et graves, des sifflements, dans le Vent.

Il siffla, donc, pour ces terres mortes, ces terres noires, fendue d’un cours d’eau et poignardée de l’immense Tour du Maître en son cœur.
Ces terres où il avait perdu la vie… Mais où on lui avait aussi offerte.

…

Car c’était d’ici qu’il venait, comme tout le monde.. Car il était en vie lui, pas comme tout le monde.
Cette vie qu’il chantait à tous, mais qui ce soir, lui faisait défauts.
Et si…

Il se laissait aller, cela n’était que quelques pas.
Et la chute, puis le calme, le calme de la Mort…

Le Musicien soupira longuement
C’est malin d’avoir son cœur comme seul arme, une fois qu’il ne va plus, plus rien ne va.
Et puis de toute façon, si il faisait ça, on le ramènerait et ça ferait des soucis à tout le monde.

Après avoir longuement jouer, siffler, parfois l’un, parfois les deux, pour autant lui que les esprits du Vent de la vallée, le Barde se releva, faisant craquer son dos de fainéant

Et se mit en marche vers la Forêt Verte, Il devait au moins dire « Au revoir » si il voulait partir en paix… Encore des excuses, idiot de Barde, ils te manquent juste.

Musique du Barde:

Un frisson parcouru l’échine du barbu blond.
C’était là, le début et sûrement la fin… Le balbutiement des plus grands héros de ce monde comme les premiers pas de ceux qui n’en sont déjà plus.. Ce lieu aussi austère que mystérieux, cette mère sombre, nappée dans la brume, peuplée d’âmes errantes qui parfois rejoignent la surface..


Barde marcha vers l’autel de Lumière mais s’arrêta quelques instants pour observer la scène, songeant à la peur, l’effroi de la première sortie de la crypte… Et à ce soleil de Lumière qu’était la porte de l’abbaye, irradiante des rayons de cristal violet à travers le sombre teint de ce défilé. Ce premier toit apportant vêtements, premiers visages et ce premier soupir de soulagement à tout éveillés de ce monde.

Avec quelques pas en arrière, c’était le monde de Barde qui s’étalait devant ses yeux, d’un coté la Lumière, accueillante et réconfortante, source de quelques pétales d’Espoir, guidant le chemin des perdus mais pourtant si aveuglante, devenant parfois comme un soleil qui brûle la peau ou ébloui les yeux jusqu’à les faire pleurer.
En face, le cimetière, brumeux, noir, mort. Et pourtant, berceau de tout Éveillés de ces terres, si attirant. Attirant de réponses à nos questions, de réponses aux mystères qu’il renferme, combien en sortirons, combien y retournerons ? Pourquoi, comment, qui, quand ?

Le Musicien haussa les épaules, ce n’était pas vraiment son problème tout ça, c’était des forces trop grandes, trop lointaine. Si il était ici, c’était pour jouer, ça c’était son problème à lui.
Il s’installa donc à mi distance entre l’Abbaye et la Crypte, dans la poussière noire du Défilé.

Après quelques minutes à apprécier l’étrange harmonie de ce lieu, décidément. Sa première note sonna.. Une note douce qui fut suivi d’une note bien plus sombre, il fredonna tranquillement une histoire d’amour entre Ombre et Lumière, imaginant quelques instants, une paix pour tous.

Après avoir terminé ses quelques rimes, il continua de jouer, répétant parfois des vers de la chanson, comme pour qu’elle ne meurt pas de suite. Puis il ralenti, doucement, notes par notes… Et s’arrêta.

Et le silence retomba sur l’abbaye, le cimetière et sur la paix souhaitée par l’Humain.

Barde se releva, un sourire tranquille aux lèvres, et se mit en route, distrait, vers il ne sait où.

Musique du Barde:

Barde entrechoqua à nouveau les deux cailloux, faisant jaillir quelques étincelles sur son petit foyer improvisé, alors que l’odeur de fumée s’élevait dans l’air, il plia sa chemise au coté de ses gants et bottes posé prêt de lui puis s’assit en tailleur devant son petit feu. Il écouta un moment le crépitement du feu puis il fit porter sa vue sur les Terres Brûlées, les Terres de flammes, de Flamme et de feu d’âme.

Il s’était posté à l’entrée, ne voulant ni importuner ces esprits brûlants qu’il ne connaissait que trop peu, ni mourir brûlé.

Le Musicien jeta quelques herbes dans le feu, l’odeur d’herbes brûlées lui évoquant souvent le vent que parfois, cette vallée crachait sur les marais. Après avoir apprécier encore une fois le calme loin de chez lui, Barde posa à plat son instrument sur ses genoux et pris une grande inspiration, puis parla, les mains jointes au dessus de sa tête baissée, le visage vers le sol, ses nombreuses mèches de cheveux s’étalant autour de lui comme des racines.


Sa tirade finie, Barde s’étira, repris une immense respiration par le nez. Bloqua un instant, les yeux fermés et souffla une longue expiration. Une fois les yeux ouvert, il remis un peu d’herbe dans le feu puis posa sa main droite en bas du cristal de son instrument. Une douzaine de fin fils de lumières jaillirent de la base de l’instrument pour aller se loger dans la pierre en son sommet. L’instrument toujours à plat, un brin d’herbe pas encore brûlée au coin de son sourire, il fit sonner une cascade de premières notes, comme pour annoncer qu’il commençait.

Il commença sa ballade par essayer d’évoquer le feu tel qu’il était parfois vu, dangereux, incontrôlable… Brûlant.
En même temps que le musicien jouait il tapait parfois sur ses cordes ou sur le corps de son instrument, comme pour faire un rythme qui épousait la mélodie des cordes.
A mesure que le morceau avançait, que ses doigts jouaient des notes dans tout les sens, Barde se laissait aller. Le Feu. Les grandes flammes des danses autour du foyer des marais. Le Feu. Qui l’avait toujours réchauffé mais jamais brûlé. Le Feu. Flamme son amie, aussi brûlante dans sa colère que dans ses amitiés. Le Feu. Le Feu ! Le Feu !!!

Barde coupa nette la montée, jouant ensuite des notes plus douces.
Le Feu, qui meurt sous la pluie. Qui se débat entres les gouttes, que le vent écrase, que les pierres retiennent. Le Feu qui renaît des braises laissées à l’abandon.
Pendant que le rythme de la musique de Barde reprenait son envolée devenant plus forte, plus rapide à chaque note, il songeait, les yeux clos, encore, encore et encore au feu qui était présent partout dans sa vie.

Le Feu.

Lui qui, naît d’une petite étincelles et pourrait brûler une forêt entière, qui pourrait brûler un pays, qui pourrait faire flamboyer le monde entier !

A mesure que ses pensées grandissait, Barde jouait plus fort et plus vite que jamais ne jouant plus que des accords et non quelques notes.

Le Feu. Qui anime l’Amour !
Et.. me fait vivre.

Et sur cette pensée Barde s’arrêta net, posant ses mains à plat sur les cordes. Ne laissant plus sonner aucune notes, plus aucun autre son que celui de son feu à lui qui crépitait autant devant lui que dans sa poitrine.

Inspiration, pause, longue expiration.
Il rouvrit les yeux, faisant à nouveau balayer sa vue sur la vallée.

Le Musicien joint alors à nouveau ses mains au dessus de sa tête, dans la même position qu’au départ.

Il apprécia dans cette position le souffle du vent chaud sur sa peau perlée de sueur, restant silencieux. Calmant sa respiration, il releva la tête, son habituel sourire aux lèvres, et repris son jeu, plus doux cette fois ci, les yeux ouverts, simplement pour le plaisir de jouer pour ce mystérieux peuple ardent.

Musique du Barde:

Barde s’asseya contrarié, dans un coin au centre du Sanctuaire de Lumière, de voulant ni déranger les nombreux fantômes, ni la disciplinée marche de McBride.

Une fois son calme revenu, il ouvrit la bouche pour grommeler comme à son habitude mais remarqua qu’il y avait une quinzaine de personnes présentes. Pour une fois, il allait grommeler.. Dans sa tête !

Malgré ses pensées quelques peu colériques, ce fut vite la tristesse qui gagna le cœur du Barde, et c’est avec une mine triste qu’il se mit à jouer, l’instrument posé dans sa forme, dites Luth.


Le Musicien ne put retenir une larmes qui coula le long de sa barbe

C’est sur ces joyeuses pensées que Barde continua de jouer dans le Sanctuaire. Faisant résonner des notes pour raisonner son cœur lourd.

C'était un bel endroit.
Les lumières de l'extérieur perçant à travers les vitres multicolore illuminant les pierres blanches. Et le puis de Lumière en son centre. Symbole de la puissance et légère mégalomanie de Lumière.. La ballade du Barde s'accordait parfaitement avec l'endroit.

Après tout c’est l’instrument d’Ishmii, c’est chez lui ici.

Musique du Barde:

Voilà. Il ne restait à Barde qu’à annoncer à quelques fantômes de son idée et c’était bon, il pourrait commencer. Il entra en sifflotant dans la Taverne de Boloss.
Le Barde éclata de rire, en se tapant le ventre puis repris,

Il quitta la Taverne en fredonnant, visiblement enjoué à l’idée de jouer cet après-midi.
Sur le chemin du retour Barde songea à ce que représentait cette ville et la folies des grandeurs des Anciens. Elle était immense, faites de pierres blanches, arborant leurs couleurs partout. Véritable mégalomanie aussi impressionnante que dégoûtante. Comment des éveillés pouvaient en arriver à ça ? Combien pouvaient-ils être pour avoir à ce point besoin de place ? Et si ils étaient autant alors pourquoi certaines immenses bâtisses ne semblaient accueillir que quelques privilégiés ? Des prêtres, des soldats, des chefs ?

Le musicien rumina encore ses questions un moment, le temps de retrouver son chemin jusqu’à la place et à la roulotte. Où il s’installa à l’ombre, autant en Forêt Verte il flotte, autant ici le soleil cogne, il inspira et patienta quelques instants avant de commencer à jouer.

Son instrument s’étira, les cordes filèrent de la base puis claquèrent le manche jouant une toute première note, et directement Barde commença à jouer ce rythme entraînant qui lui traînait dans la tête depuis un moment.

Et après avoir rit aux éclats de cette présentation aussi fine qu’imprécise, le Musicien joua de tout son cœur, un grand sourire sur les lèvres, peut importe son publique. Que ce soit l’arbre en face de lui ou la moitié des terres éveillées, peu lui importait, il jouait pour ceux qui étaient là.

Si personne ne l’eus interrompu, il continua ainsi une bonne partie de l’après-midi, chantant tantôt, fredonnant le reste du temps. Étanchant sa soif avec quelques bouteilles de Vin d’Épine qu’il s’était mis au frais dans l’eau avant de partir pour la grande ville… D’ailleurs il y en a une qui flotte toujours au milieu de l’étang…

Ce fut une joyeuse après-midi pour lui, mais lorsque l’ombre vespérale vint à tomber sur la ville, le Troubadour  fini tranquillement ses morceaux, salua la grande ville :


Barde copia une révérence surjouée sur celle des longues oreilles et rentra au village de la Forêt Verte, en sifflotant.

Musique du Barde:

C’était un forgeron, un ami du feu, il n’avait pas peur de la chaleur, il la supportait même, plutôt bien…


Il but une gorgée minuscule, il devait économiser son eau… « Étrange » se dit-il, un sourire aux lèvres.. Il venait du marais, où il avait dû protéger la moindre flamme, entourée d’eau et vase. Et voila qu’il devait chérir la moindre goutte, au milieu d’un brasier et de la lave.


Durant sa, tout de même, longue vie Barde en avait vue des choses, il avait maintes fois été impressionnés par les vestiges des temps anciens. La Tour, véritable colosse qui imposait sa sévère présence sur une terre entière. Le Sanctuaire, monument fantasque à la gloire de la Lumière, ou encore récemment la Grande Ville, véritable ode à l’inexplicable mégalomanie des anciens mortels du Lion. Mais cette cité noire… Cette cité de nains. Dépassait tout.

Ce qui avait d’abord frappé le Musicien, c’était la vertigineuse hauteur des plafonds de cette cité. On pouvait presque y imaginer le dragon du portail y déambuler sans gène. De ces véritables falaises de pierres noires dont s’écoulait de la lave, le sang de la montagne comme il disait. Elle tombait mollement dans des lacs entier de cette mélasse brûlante, véritable fruit de la fusion du feu et de la terre, projetant sa lumière rougeâtre sur les pierres noires de la citadelle.
Et lorsque son regard était repu, c’était les sons, les sons de ce trésor souterrain qui venait cueillir le Barde. Le son de la lave était un étrange mélange entre le crépitement d’un feu de cheminée et le son de la pluie qui tombe et ruisselle, il aurait pu rester là à l’écouter pendant des heures si il l’aurait pu mais surtout si il n’était pas couvert par l’inlassable marche des Golems de la cité. Les colosses marchaient lourdement, chaque pas résonnait comme le son d’une enclume frappée par un forgeron géant, faisant vibrer la Montagne entière...




Lorsque Barde refit attention à son environnement, un golem le regardait… Leurs regards de pierre se croisèrent un instant qui lui paru une vie puis ce dernier repris sa marche. Le Musicien frissonna..

Il aurait sa réponse un autre jour, il entendit des pas derrière lui, pas réguliers, pas un seul de travers, un léger cliquetis… Barde sourit en poursuivant son morceau. C’était une amie.

Notes:

Musique du Barde:

Barde s’installa dans le foin d’une carriole abîmée, sorti son instrument et resta muet un instant, pour apprécier l’atmosphère de l’endroit.

Puis Barde commença à jouer, marquant par ses notes cette Terre de Pins, cette Terre de guerre, cette Terre de Lumière… Cette Terre, d’Amis.
Tout d’abord venait l’odeur, l’odeur de la mer, cet air fatiguant, qui marquait la peau, marquait les rides et tannait la peau comme du cuir, cette odeur qui se mêlait à celle des grands pins, l’odeur de leurs résines collantes, l’odeur de leurs épines piquantes. Le matin, parfois, quelques nappes de brumes se faufilaient entres les arbres titanesques et venaient, au contact des premiers rayons du soleil, apporter une aura argentée aux arbres, qui semblaient alors fait de bois et d’argent pur. Puis lorsque la brume se levaient c’était le cœur de ce pays qui se dévoilait… Les Éclaireurs.

Barde avait chaleureusement été accueilli parmi eux, c’était une communauté solide et fière. Chacun et chacune y avait sa place, paysan, prêtre ou guerrier. Tous s’affairait à faire vivre, presque comme une seule entité ce combat contre l’Ombre qui était le leurs. Car si il devait y avoir quelque chose qui caractérisait les Éclaireurs, c’était bien ce combat. A la manière des Anges d’Ishmii de la Forêt Verte, ils incarnaient pour Barde cette Lumière Éveillée, qu’il chérissait tant.

Chaque soir Barde avait animé la maison commune, qui lui semblait si familière, chaque jour Barde avait vécu avec ces gens qui étaient devenu ses amis, chaque matin il s’était levé pour aller filer un coup de pouce à la forge, aux pécheurs, aux paysans. Usant de sa vue peu commune, pour renseigner les chasseurs sur la position du gibier ou indiquant les déplacements ennemis suspect aux stratèges. Mais là n’était pas la vie habituelle du Barde, maintenant il devait rentrer dans sa pluvieuse Foret Verte adorée.

Alors le dernier soir Barde leurs chanta ces quelques vers :

Puis après une courte pause, et une rasade d’une quelconque boisson il conclut :

Puis, il repris ses airs habituels, et ses chansons entraînantes, jusqu’au bout de la nuit.

Musique du Barde:

C’est en marchant pieds nus sur un caillou plus pointu que les autres que Barde avait réalisé qu’il avait égaré ses bottes. Et depuis que le soleil s’était levé, il les cherchait patiemment.
Après avoir retourné tout ce qu’il trouvait autour de lui, il décida d’opter pour une méthode plus… grandiose. Barde s’installa en tailleur, inspira puis fit porter sa vue sur la région entière et perdit rapidement de vue son but premier.
Il préféra contempler cette terre peu commune. Il était dans une forêt, encore. Mais cette forêt n’avait rien à voir avec les précédentes.. Celle là, baignée dans une lumière de fin de journée, semblait magique ou imaginée.

Autour de lui s’élevait un bois, des arbres aux troncs blancs massifs qui s’entortillaient sur eux mêmes. Ces colosses pâles étaient habillés de coiffes de feuilles aux couleurs chatoyantes allant d’un pourpre profond, passant par les teintes du feu pour finir dans un jaune d’or. Au sol, l’herbe était verte, parsemée de buissons de la couleurs des feuillages et parcourue par des félins au pelage chatoyant. Ensuite venait les battisses, vestige de la civilisation elfe disparue. C’était des bâtiments, complexes et raffinés, certains magique, qui lévitaient parfois dans l’air. Chaque ornement était fin, propre, élégant… à l’image de la plupart des elfes de sang que Barde avait pu rencontrer dans sa vie, cela ne venait pas de nul part. C’était un bois de bord de mer, ainsi l’Est de la région était faite de plage, sur lesquels traînait des vestiges d’une vie arrêté prestement, des battisses usée par les vents marins, des barques encore nouée à leurs poteaux, même une paire de bottes ou encore les magnifiques bateaux abandonnés, qui venaient rappeler le désert qu’était ce bois : Les terres de Marithe, la déesse de la Solitude.
Mais lorsque l’on voulait décrire cet endroit, quelque chose ne pouvait être ignoré.. Une gigantesque cicatrice de terre noire, fanée, qui défigurait cette charmante contrée et montrait qu’aussi beau et raffiné avait pu être le règne des Elfes de Sang d’avant, un jour quelqu’un ou eux même.. Les avaient sauvagement poignardés au cœur de leurs maisons.

En revenant à lui, Barde décida de jouer en regardant cette mer de feuilles d’or qui s’étalait devant lui. Il joua longuement, espérant que ses notes résonneraient un petit peu, et tiendraient compagnie à ceux qui resteraient ici, lorsque lui reprendrait son chemin. Au fil de ses mélodies, les mots lui vinrent alors il chanta brièvement pour ces arbres imaginaires et leurs longues histoires :

Et comme souvent après avoir chanté seul.. Barde écouta le son, il écouta les moindres bruits, les moindres notes que ce monde lui répondait. Puis satisfait, il rentra fredonnant, sourire aux lèvres, en direction de la maison où il résidait avec quelques uns de ses compagnons.. et une déesse.
Mais l’harmonie de ce moment fut finalement perturbé lorsque, marchant une énième fois pieds nus sur ce même caillou piquant, il poussa un grossier juron qui fut entendu jusqu’à Hautemaisons.

Musique du Barde:

Le vent marin nocturne lui fouettait le visage, secouant sa crinière blonde dans tout les sens. Le fracas des vagues couvrait tout les autres bruits, grondant comme un monstre en colère, ballottant l’imposant Chanterousse comme une simple barque. L’écume s’étalait partout, voltigeant dans tout les sens, recouvrant irrégulièrement la plage où il marchait, pieds nu, les mains dans le dos. Il devait être prudent, ce soir là, la mer et le vent dansaient ensemble.

Malgré le vent, Barde continua son imprudente marche au bord de l’eau. Cette fois-ci il ne fredonnait pas, ne sifflait pas, ne souriait même pas. C’était les idées troublées qu’il avait quitté la Maison Commune et n’ayant pas le courage d’affronter lesdites idées, il préféra les dénouer tranquillement en se promenant. Le musicien parlait tantôt à haute voix, n’ayant pour réponse que le claquement de deux vagues ensemble, s’étalant ensuite parfois jusqu’à ses pieds enfoncé dans le sable glacé. Après avoir manqué plusieurs fois de se faire emporter par une vague plus longue que les autres, il décida de s’installer plus au calme sur un rocher un peu plus éloignés de l’eau. Ici il serait en sécurité. Le spectacle devant lui ne rendait pas hommage à la région. Des Terres Jaunes aux teintes dorées et à l’atmosphère chaude et sèche, lui ne percevait qu’une mer en colère aux teintes noires et bleutées ou se reflétait la faible lumière blanche d’une semi-lune.

Le barbu serra contre lui ses bras et ses jambes, il était frigorifié, ainsi décida-t’il de s’ouvrir une bouteille de Tafia de la Montagne de Feu, l’effet fut immédiat, à peine le liquide franchi-t’il ses lèvres que la chaleur l’envahit, au point où il en toussa un petit nuage. Mais très vite, le vent et l’humidité du bord de mer reprirent le dessus et il décida de ne pas abuser de la boisson sous peine de finir à la baille plus rapidement que prévu. Ses pensées se tournèrent à nouveau vers sa soirée passée.. Il était déçu, déçu que la paix de soit pas vraiment le but de tous, lui qui défendait pourtant bec et ongles à qui osait dire l’inverse, que le cœur de tous était animé par l’envie de paix… N’y croyait même plus ce soir. Lui qui défendait les actes de Hautemaisons et de sa cheffe auprès de qui n’y croyait plus, en était venu à douter. Lui qui avait tant parler, tant dis, tant chanter la paix, s’était apparemment trompé. Personne ne voulait vraiment prendre position contre le Vide qui avait déjà emporté tant de vie et manipulé tant d’autres, sous peine qu’il restait… Où il était.
Il n’était pourtant pas de nature guerrière était décontenancé par les volontés intimes de tout à chacun, voulaient-ils vraiment la paix ou simplement fermer les yeux sur la guerre ? Lui à qui on avait tant répété que sa naïveté le perdrait… Était perdu. Beaucoup ne luttait réellement que pour leurs conforts personnels, pour du pouvoir, pour être plus fort mais jamais simplement… Pour être gentil. Les sourcils froncés, il se leva en colère, manquant de tomber à l’eau… Le Tafia avait fait plus effet qu’il ne saurait l’admettre et se mis à parler à l’océan agité.


Il retomba ensuite lourdement sur le rocher, des larmes se mêlant aux embruns salées et à sa barbe. Il continua son monologue en sanglotant.

Barde resserra ses jambes contre lui, tremblant de froid et de tristesse. Ses reniflement et son hoquet couvert par les bruits de l’océan qui n’avait pas arrêté de rugir.

L’abattu musicien se releva toujours aussi adroitement, finit finalement d’une traite sa flasque d’alcool de feu puis jeta la bouteille à la mer.

Il descendit de son rocher et se dirigea grelottant vers le Chanterousse, seul endroit plus ou moins sec de tout ce bord de mer.

Notes:

Musique du Barde:

Barde débarrassa tout son bardas par terre, salua chaleureusement chacune des personnes présentes au rez de chaussé de l’Auberge, retira ses gants, but une longue lampée de Vin d’Épine puis soupira… Il tournait en rond. Toutes ses affaires sur le feu nécessitaient de l’aide, aide qui était visiblement occupée. Parfait, il avait le temps de reprendre ce qu’il avait commencé la veille ou « Le Registre de Marithe ».

C’est ainsi qu’il avait nommé les mélodies de la Déesse de la Solitude, elles étaient son premier pas dans la découverte des pouvoirs et des secrets de son instrument.

Si d’abord cette remarque l’avait agacé, persuadé de déjà le faire, il avait fini par décider de tirer un enseignement de la remarque. Si il voulait comprendre les potentiels pouvoirs de cet instrument divin, il devait insuffler de ses émotions dans ses notes, pas juste les raconter, mais les faire parler. Du moins c’était ce qu’il avait fini par conclure, l’avenir lui donnerai tort ou raison.

Pour l’une des rares fois de sa vie, Barde décida de faire preuve de méthode, pas non plus une méthode interminable des magiciens de son monde mais celle de Barbegrise, l’émérite forgeron. Tout d’abord, à la manière d’un forgeron qui apprends à forger une lame, il avait observé et écouté Marithe. Ensuite, venait le temps de reproduire la lame de son maître, ou ses notes. Après de s’approprier l’art de faire une lame par ses propres moyens et enfin, de faire sa propre lame… Ses propres mélodies. De cet apprentissage méthodique, il était arrivé au moment de reproduire le style de Marithe, de doucement se l’approprier, d’improviser autour, d’en faire l’un de ses registre à lui, sans lui faire perdre de son âme première. C’était un travail plus corsé que l’imaginait Barde, mais les premiers résultats pointaient le bout de son nez. C’était motivant.
La veille, il avait pu jouer ses premiers essais devant trois femmes aux yeux de lunes et longues oreilles pointue. Toutes trois charnellement si proche et à l’âme pourtant si lointaine. Si Papillon était longtemps rester avec Elune (La version de Barde de « la tête dans la lune »), Rinidiel elle avait tout de suite aimablement saluée ses notes, puis Natalia, aussi improbable apparition fut-elle, avait glissé quelques conseils à son oreille pour finalement l’accompagner en fredonnant dans une langue que Barde ne connaissait pas. Le Musicien avait accompagné les discutions de ses trois amies, écoutant distraitement, concentré sur ce qu’il jouait. Tout d’abord, il avait repris, du mieux qu’il le pouvait, la musique la moins triste qu’avais jouer Marithe. Très vite, un style se dessina, presque comme une évidence pour le tout de même expérimenté Barde.
Il devait jouer les notes doigts par doigts, pas toute d’un seul mouvement de la main. Chacune des notes devait être rattrapées par sa seconde main sur le manche de l’instrument. L’exercice musical aurait été ardu si Barde n’était pas déjà un musicien de longue date. Le pouce jouait les notes les plus graves, quand les autres doigts eux, dansaient pour créer une mélodie. Mais la musique n’était que la partie immergée du nénuphar. La mélodique fleur prenait source bien plus profondément, directement dans ses émotions et sentiments. Il avait choisi « d’insuffler » un sentiment de paix. Des dires de Natalia, Marithe aurait paralysé des armées entières, l’idée était agréable, bloquer un conflit pour prendre le temps de discuter, quel spectacle digne d’un barde !

Ce soir encore, il piocha dans le registre de Marithe, continuant tranquillement à s’approprier cette manière de jouer, en en faisant l’une des siennes. Très vite un effet qu’il connaissait bien arriva, il était en paix, calme, serein. En voulant insuffler ces sentiments là dans ses notes, c’était lui qui était touché et lorsque nombre de ses amis passèrent auprès de lui, tantôt pour discuter, tantôt pour l’écouter, il ressenti une grande paix à leurs égards et même de la gratitude pour leurs courage et détermination à vivre.
Une fois la soirée terminée sur une excellente nouvelle, Barde parti se coucher, mais demeura éveillé un petit moment, pris dans ses pensées. Alors qu’il avait travaillé deux jours durant à insuffler la paix dans ses notes, une bonne nouvelle avait finalement vu le bout de son nez. Si Barde n’enleva rien aux récentes prouesses de ses amis, il y trouva un message, il trouva en cette soirée une énième motivation à la Paix.

HRP:

Musique du Barde:

Ce matin là, il se leva tôt, donna un coup de main à Erika et Brog pour stocker et ranger les vivres du jour puis mis la main à la pâte pour accompagner Tomas et Toddrick à la cuisine… Du Sanglier, pour changer. Le tout autour d’une bonne bouteille de Vin d’Épine, pour se donner de l’élan dirait-il.
Une fois certains que les occupants de la Maison Commune, n’avaient plus besoin de son aide, il sorti profiter d’un des rares brins de soleils de la saison. Le soleil était déjà haut dans le ciel et l’odeur de la terre mouillée envahissait le village, se mêlant aux odeurs du repas des cuisiniers et de la fumée de la forge. Un mélange familier et rassurant pour Barde. Il s’installa aux cotés de Seoman, sur la bordure de pierre de l’auberge, commença a jouer tranquillement et se laissa à penser en même temps.

Le voyage dans la Montagne Noire l’avait physiquement atteint, vivre au cœur d’une forge pendant plusieurs lunes n’était fait que pour son amie Flamme. Il lui arrivait encore de tousser, il avait perdu du poids, les traits de son visage s’étaient creusés et sa peau s’approchait doucement plus du cuir que d’une douce peau humaine. Il soupira longuement, puis sourit.
Tout cela valait le coup. Il avait pu profiter de la compagnie sa vieille amie Flamme, et avancer ce projet de Sancteforge. Il avait de grands espoirs, peut-être trop, sur le symbole que pouvait devenir ce nouvel alliage, issu de l’entraide entre les Anges et Hautemaisons. Il voulait en faire un symbole de protection de la paix, là où tout les autres alliages servaient à faire épées, dagues et autres tristesses du genre. Celui là devait servir la Vie et non la Mort.
La Paix semblait régner en Forêt Verte, tous s’affairaient à leurs affaires personnelles, les plus sanguins tournaient en rond et ses amis étaient même revenus de leur exil, il ne manquait plus que « lui » pour faire Barde totalement heureux..

Le Musicien soupira longuement, un brin nostalgique, puis repris son morceau. Les temps changeaient, de nouveaux éveillés venaient, d’autres partaient mais lui était toujours là et chacun et chacune posaient une pierre de l’immense bâtisse qu’était la Paix que Barde rêvait nuit et jour.
Il joua ainsi tout le milieu de journée, discutant tantôt des dernières nouvelles avec l’impassible Seoman, offrant son aide au râlant Tognus lorsqu’il semblait pester contre la forge entière et guettant du coin de l’œil les chevaux qui observait calculateurs, vicieux et faussement paisibles les allez-et-venus des Éveillés de la Forêt Verte. Peu à peu, les mots de la Déesse de la Solitude lui revinrent en tête « Barde doit jouer ses émotions » et réalisant que c’est ce qu’il faisait, Barde sourit dans une sorte de soupir de soulagement. Le Musicien allait bien était en paix, heureux et jouait des airs paisibles, joyeux.

Musique du Barde et d'Harmonie:

Ce furent les, quoique peu surprenantes, premières pensées du Musicien en se tenant devant l’autel de la Cathédrale de la Lumière. L’endroit lui inspirait la paix.. Non. Elle ne lui inspirait pas : Elle la rendait encore plus évidente. La Paix était le seul cap valable pour les Éveillés.

Après avoir inspecter, en compagnie de la Louve, les vestiges d’un passé aveugle et révolu mais fondement de leurs futur, ils s’installèrent sur les marches du chœur de l’édifice puis.. Des notes s’élevèrent, elle chantait, lui jouait.
Son regard, cependant, se laissa happer par la vision de l’immense salle de pierres blanches, sûrement les mêmes que celles du Sanctuaire. La haute voûte était supportée par d’imposantes colonnes, aussi blanche que le reste. Au travers des vitres colorées, des rayons de toutes les couleurs balayaient le sol, les murs et le plafond donnant un aspect presque magique aux chants de la Louve et à la musique du Musicien. La Cathédrale n’avait rien à envier au Sanctuaire, c’était le même en plus.. grand. Au milieu de tout ça, des « loupiotes » voltigeaient, les petits êtres de Lumière veillaient patiemment l’endroit, le protégeant des violents vents du Vide qui grondaient tout autour des murs, et tentaient de se frayer un chemin jusqu’à eux.
C’est dans ce véritable cadre de conte, qu’il se laissa, l’espace d’un instant qui paru infini, à se rappeler à quelques uns de ses engagements entre lui et le monde entier, à se les dires, pour ne jamais les oublier.

Il fut tiré de ses pensées par un cri… Ou plutôt par un appel qui résonna dans la Cathédrale, voila qu’on les avait trouvé. Il soupira longuement, la Louve n’avait pas entendu alors il profita jusqu’au dernier instant de ses chants, du fragile calme qui animait l’endroit, et de cette promesse faites à lui même.

Musique du Barde:

Ils étaient parti en fin de soirée, le Rekhii, manipulé de plus en plus adroitement, avait alors filé vers le Nord-Ouest, vers ce que devinait Barde comme étant l’autre continent, « Kalimdor » selon Dornaa.
Cap sur Kalimdor donc.

Le Musicien et la Jeune Paladine firent d’abord halte dans des terres jaunes pour qu’elle se repose. La région, peu hospitalière, était brûlée par le soleil et pourtant habitée par quelques lézards.. Ils se mirent à l’abri du soleil dans un bâtiment qui rappela à Barde les constructions de la Jungle. Partout un nouveau symbole était dessiné, cette fois ci ce n’était pas celui du lion mais probablement encore une communauté fascinée de sa propre grandeur.. Une fois installée à une table et pendant qu’elle se reposait, la jeune femme conta quelques uns de ses souvenirs au barde.. Des histoires du monde d’antan que l’humain se surpris à apprécier, des histoires de conseils, d’alliance et de ses amis.
C’était de nouvelles bribes de leurs anciennes vies chargées, d’un passé de guerre, de grandeurs mais d’efforts pour la paix. Harmo’, Flamme, Épine, Ukte’, sous ces noms là où sous leurs noms et titres d’avant avaient œuvrer pour réunir des peuples en guerres et cesser de faire couler le sang.. Cette idée provoqua un sentiment étrange à Barde.. Le passé n’était finalement pas uniquement source de guerre, de batailles et de morts, des gens s’étaient ligués pour la paix et encore plus que simplement des gens, s’étaient ses amis qui avaient été artisans d’une paix, même éphémère.
Tout l’Avant n’était peut être pas à jeter ! Cependant Dornaa n’avait aucun souvenir de quelqu’un faisant de la musique en ces conseils d’illustres personnes, cela ne pouvait dire qu’une chose : Barde ne faisait sûrement pas parti des grandes personnes du monde d’avant. L’idée lui allait plus que bien, pas de destin improbable, de fantômes qui ressurgissent ou encore de poids du passé à porter sur les épaules. Tout naturellement, l’idée qu’il puisse avoir été un grand du monde d’avant mais contre la paix, ne lui traversa même pas l’esprit.. à raison ?

Une fois son amie reposée, le bateau volant repris sa route vers le Nord, décidément, et survola quelques mystérieuses contrées dont une mer infinie de feuilles vertes et bleues, puis, il arrivèrent à leurs destinations, c’était deux îles, aux teintes rouges, presque de sang, pour l’une et d’un bleu profond, quoique violacé pour l’autre. C’est sur cette dernière qu’ils se posèrent, dans un inconnu total pour l’Humain mais « à la maison » pour la Draeneï.
Dornaa continua alors ses contes pendant que Barde regardait autour de lui et écoutait attentif, ses moindres mots. Elle lui conta son maître, la vie sage des Draeneïs, leurs rapports à la Lumière et d’autres anecdotes, non sans humour, sur la vie de ce peuple qui venait apparemment d’ailleurs, pour ce que cela voulait dire. Ils mirent ensuite le cap sur le but premier du voyage : L’Exodar.

Rapidement, entre les hauts sapins et l’épaisse brume de la région, il discerna les titanesques cristaux violet du vaisseau, ils ressemblaient à ceux d’Ishmii mais faisaient simplement la taille de la Tour du Maître. A mesure qu’ils se rapprochaient, Barde pu avoir une rapide vue d’ensemble sur la scène, le vaisseau était immense, peut être de la taille de la Grande Ville, fait d’un matériau qu’il ne parvint pas à identifier mais surtout ornés d’innombrable cristaux, de toute tailles.. Mais aussi impressionnant était l’Exodar, il restait une épave. Tout autour du vaisseau-ville, l'endroit portait les stigmates de la violence du choc qui l’avait mis à terre, la montagne dans lequel il était encastré donnait même l’impression d’avoir bouger à l’impact. Mais il n’eut pas le temps de s’attarder sur cette vue qu’ils pénétrèrent à l’intérieur. Les premiers couloirs étaient tortueux et portaient encore les marques d’un atterrissage compliqué mais en s’enfonçant plus profondément encore ils arrivèrent sur une immense salle que Barde aurait bien du mal à raconter à ses amis une fois rentré dans petite Forêt Verte.
C’était immense, plus grand encore qu’un quartier de la Grande Ville. Au plafond d’immenses tentures diaphanes, se mêlaient a des filaments, qu’il devina être purement magiques, dans des couleurs roses ou violettes. Sur les parois, trois immenses portes ornées laissaient accès à d’autres parties du vaisseau.. Probablement des sortes de quartiers. Et enfin, au cœur de la salle, trônait un puits de cristal dont s’échappait un large rayon de lumière et d'éclairs dans la même teinte que le plafond. Encore une fois, Barde mettait les pieds dans un endroit aux limites de l’imaginaire.
Dornaa, le guida, continuant son inlassable conte sur sa famille, toujours pour le plus grand plaisir de Barde. Elle lui parla de celui qui était leurs guide à eux, Velen, de son grand-père Nobundo puis de noms qu’il connaissait plus en les personnes d’Uktena et d’Épine, au fil de leurs pas, il découvrit le bureau de l’une, les traces de l’autre.. Parfois même quelques noms encore annoté y faisant références en d’élogieux termes. Puis une fois sur le pas de ce qui était leurs maisons, elle décida de l’emmener au plus bas de l’Exodar, au siège du Naaru O’ros, qui veillait toujours sur la ville déserte.

O’ros était impressionnant par son aspect Barde n’avais jamais rien vu de semblable mais reconnu quelques symboles aperçu dans l’Exodar juste avant.. C’était un être lumineux, comme un soleil blanc. Certains « traits » du Naaru lui rappelèrent d’ailleurs son instrument. Si Dornaa se mit à genoux devant lui, Barde ne le fit pas. Pas par esprit rebelle mais simplement car cela aurait été un respect faux et vide de sens.. Puis après un petit moment de blanc, il décida de faire ce qu’il faisait toujours en cas de nouvelles rencontre : Leurs rapporter la musique. Le Musicien s’installa donc au sol, instrument sur les genoux et joua doucement son sentiment du moment au dieu, un sentiment de paix, de joie, mais nimbée d’une nostalgie étrange que lui évoquait cet endroit vide de civilisation qui lui semblait si sage.


Furent les premiers mots qui s’élevèrent dans l’esprit du Barde, doucement il engagea une discussion avec la voix, qui se révéla être celle d'O’ros.. Pendant que Dornaa restait silencieuse, agenouillée à ses côtés, il continua de jouer et de discuter mentalement. Il put poser ses questions, il put obtenir conseil sur les raisons de son voyage puis même sur des questions plus existentielles. Barde n’abusa pas des sages paroles du Naaru, sélectionnant précisément ce qu’il demandais, dans l’innombrable nombres de questions qui lui traversait la tête. Et lorsque Dornaa, décida d’aller se reposer, lui resta assis là, au dessus d’une infinité de cristaux violet à jouer pour ce dieu solitaire, pour le remercier de veiller encore cet endroit jadis si important. Il lui joua alors sa vie, la vie du monde d’aujourd’hui, depuis ses premiers pas hors de la crypte, de sa tentative de cautérisation de plaie avec une hache chauffée à blanc et de le disparition de tant d’être chers.. Jusqu’à la joie qu’il avait de vivre entourés de ses amis, dans un monde de plus en plus facile à vivre.. Alors il les lui raconta tous, mélodies après mélodies, leurs défauts bien sur, mais surtout leurs grandes qualités à tous et très souvent la Paix qui les liaient.
Et lorsqu’il eu fini, jouant ses trois dernières notes comme un merci, il se leva, s’inclina légèrement et parti se coucher dans un coin de l’Exodar, contre une caisse, à même le sol, bras croisé, instrument à portée de main.
Les habitudes avaient la vie dure.

Le lendemain, Barde ne retourna pas auprès du Naaru, mais se promena plutôt dans l’Exodar en fredonnant, les mains dans le dos et l’œil curieux. Il continua de découvrir les impossibles créations de ce peuple, rencontra même une sorte d’esprit de Velen, qui lui demanda quelques réponses. Réponses qu’il n’avait pas, hélas. Puis finalement de retour à son endroit de couchage, Dornaa vint le trouver, au grenier apparemment et ils reprirent leurs tour de l’endroit. Ils récupérèrent ce pourquoi ils étaient venu, dans une partie presque détruite du vaisseau, puis Dornaa suggéra l’idée de rencontrer le fameux "Papi Nobundo" et de toute les rencontres qu’eut pu faire Barde, il jugea qu’il était l’une des plus importantes.
L’esprit du chaman raconta tout d’abord son éprouvante vie, Barde ne saisi évidemment pas tout mais deux idées le marquèrent profondément : « Tout ce qui est, est vivant » et « La Lumière existe dans chaque éléments ». De ses idées, une réflexion naquit dans l'esprit du Barde.

Sa vie avait placé Barde entre les deux forces de ce monde, deux forces de Paix, deux arts de soigneurs. Si il jouait la musique de la Lumière, il voyait le monde par les yeux de la Terre. Son impression de n’appartenir à ni l’un, ni l’autre des deux mondes n’était peut être pas la bonne. Peut être pouvait-il être la passerelle entre ces deux voies ? Il y avait sûrement à apprendre des deux arts, et les maîtres en la matière ne manquaient pas.. L’impression de s’être trouvé une voie lui réchauffa le cœur et c’est cette idée qui lui trotta dans la tête jusqu’à ce qu’il remette le pied dans la Maison Commune, bien plus tard dans la nuit.

HRP:

Musique du Barde:

C’est dans un long soupire, tant de soulagement que de fatigue, qu’il s’installa auprès de Morgan et Seoman, à l’entrée de la Maison Commune de Hautemaisons. Ici, il se déchargea d’une poussiéreuse tenue, sa « tenue de combat ».
Avec la reprise de la Grande Ville qui arrivait, arriver uniquement vêtu d’un pantalon de lin et de sa toute nouvelle chemise, offerte par Miracle, ne suffirait pas. Bien sur, il ne comptait pas se battre, pour rien au monde, mais il voulait éviter d’être une cible trop évidente en cas d’imprévu. Il commença sa révision par le pantalon de plaque de Mithril..
Pendant qu’il vérifiais l’état du cuir et nettoyait ses plaques en fredonnant, son esprit se laissa, comment souvent en ce moment, à penser à la bataille qui venait.

C’est en grommelant à l’idée qu’un vieil ami se moque de lui, qui poursuivit l’entretien de sa tenue, il viendrait compléter le pantalon de Mithril, par des bottes et gants de bronze argenté. Pour son torse, il regarda longuement son armure, cédée par Brave mais ne put s’y résoudre, plutôt il mettrait quelques lanières de cuir par dessus sa chemise… ça fera moins promeneurs au milieu de l’enfer. Enfin, il choisi de pas prendre son épée non plus, de toute manière, elle était émoussée.


Il déposa bien rangé tout son bardas à coté de lui, et regarda dans le lointain, puis déclama un discours dans le vide, pour visiblement Seoman et Morgan, mais surtout pour lui.

Le Musicien ramassa ensuite rapidement son bardas, et rentra s’en parer, histoire de s’y ré-habituer.

Musique du Barde:

Froid... Il avait froid, comme rarement il avait eu froid. Pas de ceux qui font frissonner la peau, couler le nez ou cracher les poumons.. Non ! Froid comme de ceux qui éteignent le cœur, qui rendent chaque sourires forcés, chaque pas difficile et chaque réveil triste.

De ses yeux blancs pourtant habituellement pleins de malices, ne restait qu’un blanc finalement que de verre. Il errait, sans grand but sur les chemins, sur les routes. Ne s’arrêtant que pour souffler, dormir à l’ombre d’un arbre parfois puis il reprenait sa route.
Il n’était pas retourner à Hautemaisons, plus depuis la réunion catastrophique pour reprendre la Cathédrale, si il n’était pas physiquement porté disparu, Barde lui était parti.



Pendant qu’il marchait en soupirant, las de tous, il trébucha et roula mollement pour finir par terre, en vrac sur les fesses… Face au Chanterouse.

Le Musicien haussa les épaules, un maigre sourire en coin en se dirigeant vers le navire.. Au moins, ici, il était chez lui. Aussi, il s’y installa et rejoua son air favori de ses nouveaux sons, l’esprit loin de l’autre coté de l’étendue d’eau.

HRP:

Ding ding…

La clochette tintait, mais toujours il était impossible de savoir d’où cela venait. Devant ses livres, l’écrivaine tenait sa plume mais… la main ne bougeait pas.

Ding-gueling…

La clochette tintait toujours mais, devant ses livres, jamais terminés, l’écrivaine pressentait quelque chose. Un nouveau malheur. Une grande tristesse. Un désespoir.

Gling diguing ding…

C’est alors qu’elle se souvint des paroles de son maître : « L’espoir, ça se décide ! » disait-il. Elle commençait seulement à comprendre, un peu.

Fallait-il attendre que quelqu’un, un jour, lui en donne ? Mais non ! C’était à elle d’en donner. Il fallait en donner à ceux qui en avaient le plus besoin. « L’espoir, ça se décide ! » Mais pourquoi est-ce si difficile ?

Manon comprit alors que la clochette était un signal : La musique c’était tue. Le spectacle n’avait pas repris dans son théâtre. Elle descendit du haut de sa tour d’ivoire dans l’espoir d’entendre la doux son de l’instrument du barde mais…

Ding ding… La musique était morte.

Alors, elle s’approcha de l’orgue et y rejoua les quelques notes qu'elle avait apprises. C’était jadis, il y a peu, mais c’était si loin, hier. « L’espoir, ça se décide ! » et en s’écoutant jouer, un sourire revint sur son visage. C’était maladroit, mais c’était doux et réconfortant.

Peu importe ce qu’on en pense ! Peu importe ce que les extérieurs font ou ne font pas ! Peu importe la bêtise des gens ! L’important était de continuer d’y croire. Peu importe le désespoir parce que, Manon le comprenait maintenant, elle y croyait : L’espoir, oui, ça se décide, et elle avait tellement envie de le lui dire.

Musique du Barde:

Installé dans la cabine du Chanterousse, Barde, à travers les vitres sales et griffées par le vent, regardait la mer, bras croisés, la tête appuyée contre l’une des poutres, une bouteille de vin à la main. Dehors la mer était d’huile, plate, infinie, mystérieuse. Au loin des mouettes tournaient au dessus de l’eau, comme si quelque chose flottait là bas.. Il haussa les épaules, sûrement rien d’important. Peu à peu, il repensa à ce rêve singulier fait quelques jours auparavant..

De son monde, du monde où lui était né, les dieux mourraient, ou disparaissaient. Le résultat était le même, les Éveillés étaient plus que jamais maîtres de leurs destins… Plus que jamais… Seuls.
Son monde, ses marques s’effondraient, encore un peu plus chaque lune.

Demain, les oiseaux se tairaient.
Demain, les mystères de la mer s’endormiraient.
Demain, toutes les terres seraient connues et alors… alors.
Demain, le monde perdrait définitivement de sa saveur et de sa couleur.

Le Musicien soupira.. Habituellement c’était là, là que lui entrait en jeu. Apportant couleurs, Bardises et chansons aux Éveillés. Mais rien, rien ne lui venait plus, comme essayer de se souvenir d’un nom perdu. Sa légendaire joie, si facile, si libre, si naturelle n’était plus qu’un nom perdu…
Un nom perdu, oui. Mais… Certains ne retrouvaient-ils pas leurs noms perdus justement ? Isterion, Hazel, Luciel ou encore Emiade, n’avaient-ils pas réussi à remettre la main sur ces fameux.. Noms perdus ? Alors lui, certes, n’aurait jamais d’autres noms que celui de Barde, Barde c’était lui.
Si d’autres avait fait quête de leur nom perdu, lui devait poursuivre la quête du siens, la quête de son nom, sa quête de Barde.

Aussi, il s’étira et fini ce fond de vin qu’il faisait tourner en marmonnant, attacha sa crinière, mis son instrument dans son dos, et pendant qu’il montait sur le pont du Chanterousse, ses fredonnements se mêlèrent aux embruns de la mer. Il inspira longuement, un timide sourire décorant sa barbe hirsute et… une écharde de bois vint se loger dans son talon nu.

– Bon sang ! Où sont donc mes fichues bottes !!? vociféra-t’il, jurant et maudissant le navire tout entier.

Musique du Barde:

– C’était réel ? Souffla Harmonie.

Pertinente question, Jolie Louve.. Il affirma que oui, puis s’installa dans le lit et très vite, le sommeil le rattrapa.
Dès le lendemain matin, Barde s’éclipsa doucement du lit du Chanterousse, il observa un instant Harmonie, qui évidemment dormait profondément. Ce voyage lui faisait le plus grand bien, pas encore reposant, mais évadant. Il se remémora les événements de la veille..

Tout d’abord, ils avaient visiter Cabestan, une formidable ville où Barde se sentait bien, l’architecture était chaotique, faites de maisons en bouts de bateaux et de bateaux faits de bouts de maisons. Partout il traînait des vestiges d’une ville vivante, mouvementée et peut-être un brin dangereuse. Une ville de Gobelins, des dires du fantôme de Faerlyn. Et comme dans toutes les itérations passées du chaos, de la débauche et de l’alcool dont avait entendu parler Barde, Hazel y était. Ainsi Harmonie se laissa à retrouver des vieux souvenirs.. Barde lui, l’observa patiemment, faire le tour d’une de ses nombreuses vies. Puis ils furent guider vers un Le Gros, Bernik Le Gros.
Un gobelin avare, vulgaire et hautain… Le fantôme ne leurs parla que d’or puis soudainement certains anciens noms se connectèrent à ceux que le musicien connaissait et l’irréparable fut commis : Bernik parla mal de Flamme, avant de proposer un commerce à Barde.
Une part de lui qu’il ne connaissait trop bien se réveilla en lui : Il ne se frottait plus le menton, mais se tortillai la moustache… Il voulait filouter ce petit gobelin qui parlait mal de sa brûlante amie.
Ainsi un commerce fut lancé, non sans mal, grâce à l’étonnant entêtement d’Harmonie à vouloir jouer franc jeu avec ce malhonnête garnement.
Ce gobelin voulait de l’or, il en aurait, l’or n’avait que peu de valeur dans le monde de Barde. En échange, nous en apprendrions plus sur le passé, il en était sur.
Une fois le marché conclu, il tira Harmonie hors de la maisonnette avant qu’elle ne révèle quoique ce soit, compromettant la filouterie. Puis ils repartirent se promener, Harmonie ayant souvenir d’un village plus à l’intérieur des terres, elle y retrouva des souvenirs aussi doux que tumultueux… Pour changer.

Puis tranquillement, il se laissèrent suivre les chemins, guidés par une étrange intuition qu’un « truc » se trouvait au cœur de la forêt, il quittèrent le sentier, s’enfoncèrent plus dans la forêt encore.. Tout devint noir et le sentier disparu… Puis un lac… Harmonie disparu… Puis une tour violacée et… une elfe.

Barde s’étira en faisant craquer son dos, sur le pont du Chanterousse. Harmonie avait raison.

– C’était réel ?

– Il faut tout perdre, pour tout gagner.

C’était la seconde leçon de Nobundo, la première étant son histoire. Ce soir là, à l’Exodar, Barde avait fait un nouveau pas vers le futur.
Accompagné de Zohor, le discret fils d’Épine et d’Uktena, Barde avait commencé son apprentissage auprès du roué. Et quel premier pas.

Nobundo avait directement mis Barde dans le bain… Chez les roués on ne perdait apparemment pas de temps. Après quelques explications aussi synthétiques qu’importantes, l’humain fut privé de son ouïe, puis de sa vue.
Il ne flancha pas, tentant d’user de ses souvenirs d’aveugle et de son pied marin pour se maintenir  en équilibre. Ne pas flancher et ne pas perdre sa concentration, c’était le cœur de ses pensées.
Une voix vint retentir dans sa tête, une voix qu’il ne comprenait que vaguement, cette voix continua de lui faire tout perdre, perdre Harmonie, le Chanterousse, perdre tout.
Mais l’humain restait serein, tout d’abord faire disparaître la Louve était un luxe que bien des dieux n’avaient pu se permettre, aussi, il sut que ce n’était que temporaire, ensuite, tout perdre n’était qu’un pas.

– Il faut tout perdre, pour tout gagner.

Il avait déjà perdu tant de choses, tant d’amis, sa vue, son bras, son meilleur ami, sa maison, même son passé d’une certaine manière.. Mais si chaque fin est triste, elle n’est toujours que le début d’autre choses. Et justement, cet autre chose tentait d’entrer en contact avec Barde, elle essayait de compenser sa perte de sens, de lui redonner son équilibre… Non pas son équilibre, lui soufflait l’Équilibre.
L’unique Équilibre du monde : Celui des éléments.. Celui de l’infinité unique d’esprits de la terre qui remuaient au cœur du monde, celui de l’esprit tantôt d’huile et tantôt cruel de l’eau, portant le Chanterousse et entraînant par le fond les imprudents, celui de l’air qui dansait avec les vivants, griffant, fouettant les cimes et caressant la joue des enfants s’amusant dans les jardins et enfin celui du feu, qui brûlait, pas par méchanceté mais parce que c’était sa nature, marquant à vie l’intrépide et réchauffant l’égaré solitaire.
Barde fut pris de vertige face à l’immensité harmonieuse des éléments de son monde, mais au milieu de cette tempête de sensations, d’idées et de murmures, il trouva sa clé. La sienne, une mélodie. L’harmonie de tout était mélodieuse, ça il connaissait et très vite, ses yeux jusque là clos, s’écarquillèrent par réflexe.

Là, il vu que Nobundo et Zohor le regardait de leurs grands yeux bleus opaque. Il voyait.

– Il g ben-nig, souffla le jeune draeneï.

– Apparemment, rétorqua Barde dans un sourire et dans cette langue qu’il comprenait désormais mieux.

Oui, il avait réussi. Il entendait à nouveau, et re-voyait. Mais cette fois ci, d’autres choses lui murmurait, un nouveau sens avait émergé en lui, comme si il avait toujours été là, comme se rappeler d’un vieux nom d’Éveillé. Sa connexion avec les éléments était désormais plus forte que jamais.

– Terre et Air bien aimer toi. Eau aussi.. Feu moins, marmonna Nobundo à l’attention de l’humain qui, déjà, avait re-concentré toute son attention sur son professeur.

Le Musicien sourit, le Feu était l’ami inconditionnel de son amie Flamme, lui était un éveillé du marais, terre d’Eau, de Terre et d’Air. Finalement tout n’était pas qu’hasard et savoir qu’il retrouvait des affinités avec les éléments de sa maison perdue, l’empli d’une joie particulière.

– Laissez Feu à Chayem, elle déjà jouer avec, poursuivi Nobundo.

Enfin le roué conclu cette soirée par quelques histoires sur Uktena, Flamme et l’ancien temps.. Barde en savait de plus en plus, un jour peut-être conterait-il tout cela aux générations d’Éveillés qui arriveraient ? Mais ce n’était encore le moment. Après que le Sage Long-Voyant, lui ai donné rendez-vous le lendemain pour poursuivre, il le salua, indiqua qu’il passerait voir Velen avant, en espérant la compagnie d’Épine et Zohor : Il devait aussi apprendre la Lumière et qui de mieux que Le Prophète, Épine et O’ros pour cela ?

Ses premiers pas dans l’Exodar eurent une étrange harmonie, il avait toujours été attentif au chants du monde, cette fois ci il les comprenaient et en voyaient les notes. Et soudain un tout autre chant passa au loin avant d’arriver vers lui au pas de course… La Louve n’était décidément et heureusement pas prête de lui disparaître.

Notes:

- Marcher sur l'une des deux voies, te fermera l'autre à tout jamais, déclara Velen. Mais tu ne perdra pas les dons qui t'ont été fait, si c'est ce que tu craint.

Ceci venait conclure une longue discussion sur le lien entre les deux arts, initiée auprès du Chaman Nodundo et close ici, auprès du Prêtre. Elles se mêlaient mais jamais ne se touchaient et leurs apprentissages ne laisseraient pas les mêmes marques sur l'humain.. Puis, le Grand Prophète proposa au Musicien de lui conter l'Ancien Temps, mais une autre fois, maintenant il devait... réfléchir. Voila bien un problème qu'il n'avait pas prévu, lui qui pensait pouvoir apprendre et la voie de la Lumière et la voix des Chamans.. Devrait faire un choix... Mais après quelques instants, un sourire se dessinait déjà sur son visage : Choisir une voie ne l'empêcherai pas de glorifier les deux à la fois. Si Nobundo était un Chaman, il prônait les valeurs de la Lumière également et, si Velen était un élu de la Lumière, il reconnaissait et défendait aussi l'Équilibre :
   
   
Alors que déjà Barde organisait la paix dans ses pensées, l'élémentaire de guerre qu'était son épouse vint le guider :

- Après c'est à toi de voir soit tu devient ennuyant, lent et inutile comme les gens de la Lumière soit un demi-dieu comme Ukte', attaqua la Louve, moi j'aurais vite choisi.

Après un instant dubitatif, l'humain éclata d'un rire franc. La Louve enorgueillit de lui avoir cueillis un rire qui s'était fait si rare, ne s'arrêta pas là et continua ses comparaisons aussi douteuses que piquantes entre Lumière et Chamanisme.. Comparaisons ici tues, n'ayant leurs places que dans un recueil nain grivois. Mais Harmonie très vite amena aux yeux du barde un soucis : Il lui fallait un autre son de cloche, celui de la Lumière. Mais pas celui de Velen ou de Nobundo, qui était celui de sages bien sur mais aussi celui de maitres apprenant à leurs élèves... Il lui fallait celui d'un ami, de quelqu'un en qui Barde avait déjà confiance depuis longtemps... Il lui fallait... Épine.

Et pendant que l'ancienne cheffe taisait ses discours aussi assassins que drôles pour sa seconde passion : Trouver où dormir. L'Apprenti savait qui serait la suite de sa quête à l'Exodar, son amie Épine.

Musique du Barde:

La Prêtresse était introuvable et les deux maitres attendaient qu'il fasse son choix, aussi très vite un choix fut fait : Pour réfléchir il faut se promener. Et c'est ainsi qu'Harmonie et Barde explorèrent dans les alentours de l'Exodar.

Leurs premiers pas furent sur une île aux teintes azures, bleutées, une île franchement agréable à parcourir. Partout des vestiges de la civilisation Draeneï rappelaient la violence de l’atterrissage de l'Exodar mais visiblement, le peuple de Velen avait su s'en relever..
L'endroit était, encore une fois, splendide, c'était le lieu de repos parfait. De partout, d'immenses sapins aux teintes bleutées perçaient vers le ciel, au sol à travers les vestiges du vaisseau et de ses immenses cristaux violacées, s'élevaient d'élégantes constructions faites de bois. Les deux humains tournèrent un moment sur l'île, entre souvenirs de jeunesse de la Louve et émerveillement du Musicien, ils finirent même par découvrir une vallée remplie de toutes sortes de formes de vies allant de "Phalène Bleue" à des espèces de ronciers déambulant parmi les champs de fleurs parme et de cristaux améthystes..
Mais hélas, ce ne fut pas l'île la plus marquante pour le barde.

Tout au bout d'un pont, ils trouvèrent une terre rouge, très vite l'émerveillement de Barde se tut, laissant place à une profonde tristesse.
- Si la balafre des Terres du Nord, chez Marithe, est une cicatrice.. Cette île est une plaie béante, marmonna le Musicien, tout de suite confirmé par la Louve.
Ils avançaient prudemment dans cette Terre Ensanglantée, Barde ne sut pas si c'était son nouvel éveil aux éléments ou sa sensibilité naturelle mais la vue d'une terre ainsi en souffrance, lui serra le cœur.
Les cristaux violacées étaient dévorés par des corruptions rouges, certains arbres étaient même étouffés par ces cristaux écarlates. Partout les traces de combats violents, qu'Harmonie associa à Uktena, rappelaient la violence insensée de l'Ancien Temps, les rivières semblaient de sang, l'herbe de chair et les feuilles de charbon.
Et alors qu'ils progressaient à leurs rythme, la curiosité légendaire fit rapidement place à la curiosité des deux voyageurs..
- Et ça mon chérie, c'est le portail d'où je viens, déclara, sans sourciller, Hazel.
Tout d'abord, il n'y cru pas une seule seconde. Autour d'eux ne se trouvait que le Vide, le chaos, la mort, la souffrance et... Il compris. La Louve ne mentait pas et il était face à l'une des nombreuses vies d'Hazel, celle là même qui forgea en elle son incroyable ténacité et refus de la Mort elle même. Elle lui conta quelques bribes de souvenirs puis il jugèrent qu'il ne faisait pas bon de s'éterniser ici et rebroussèrent chemin vers l'Île Bleue.

Sur le chemin du retour, pendant qu'Harmonie finissait de raconter contes et légendes, mêlant ses inventions farfelues aux choses qui lui revenait, Barde se laissa aller à penser. Une chose était sur : Plus il en savait, moins il en savait. Aussi, l'Exodar ne serait qu'une étape dans son long voyage :