Tournée Générale

Il avait voulu apprendre, maintenant il ne savait plus qu’une chose :


Il avait voulu voir hier, il avait tout vu et aujourd’hui :

Il avait voulu un peu de temps pour lui mais :

Son aventureuse Louve l’avait éveillé à l’immensité du monde, les Éléments à l’immensité des plans mais, son regard sur l’immensité du Temps, lui, avait été de trop. Ses clignements d’œil avaient été des lunes entières et ses nuits des portes vers le lendemain. Là bas, il avait vécu des journées plus longues que des vies, et des vies aussi courte qu’une comptine.

Il les avait vu naître et avait été là à l’aube de leurs derniers jours.
Il avait été là tant de fois et absent tant d’autres.

Maintenant il était rentré chez lui, là où il était né, là où il avait reçu le nom de Barde : Ce qu’il était, avait été et serait toute sa vie. Mais si son corps, son bras, son cœur était de retour. Son esprit flirtait encore avec les étoiles dans les méandres de l’espace et du temps.
Chaque fois qu’il posait le regard sur quelque chose, ses souvenirs se confondait entre passé, présent et futur et alors même qu’il touchait du doigt la réalité, tout perdait son sens dans l’immensité du monde.
Tout les problèmes des éveillés n’étaient que des gouttes d’eau dans un océan frappé par la tempête.
Plus rien n’avait d’importance, plus rien n’existait vraiment et ils n’avaient, eux les éveillés, de réelles prises sur aucunes des forces titanesques qui régissait ce monde. Ils étaient le seul espoir du monde mais aussi des insectes belliqueux sur le dos d’immenses colosses paresseux.

Il est une sensation indescriptible, une sensation tant spirituelle que physique, celle de l’alignement. L’alignement, oui, celui nos pensées, mots et actes, un alignement tel que nos mots deviennent des guides, nos gestes des rituels et nos pensées des trésors à jamais inestimables.

Aujourd’hui, il suivait la voie des Longs-Voyants, aujourd’hui les vertiges avaient cessés, aujourd’hui le Musicien avait grandit, aujourd’hui Barde s’était aligné.
En lui tourbillonnait des énergies nouvelles, qu’il lu dans sa langue à lui : Les longue ballades graves de la Terre, les joyeuses mélodies dansantes de l’Air, la libre harmonie inaltérable de l’Eau et les puissants rythmes passionnés du Feu. Mais au-delà de tout cela une clé harmonisait les quatre danses dans le cœur de l’humain, une clé qu’il n’entrevoyait qu’à peine et n’imaginait même pas encore, celle de l’Esprit, qui apportait l’Équilibre. Le Musicien se limita pour le moment à écouter patiemment ce fascinant chaos organisé, tout était lié, aucune place n’était laissée au Vide, les Éléments étaient tout et lui était… Un Barde.

Aussi il entonna quelques airs, s’appropriant les premières notes qui lui venaient, il s’était déjà essayé à l’exercice auprès de ses amis du feu, mais cette fois ci il en était tout autre : Il pouvait être le Feu, l’Air, l’Eau ou la Terre. Cela l’effraya un instant, il ne ressentait pas la même affinité avec toutes les mélodies des éléments puis un visage lui apparu, le rassurant… Celui de Flamme, sa vieille amie dévouée corps et âme au Feu. Il n’était qu’un nourrisson sur le chemin des éléments.
Désormais, il serait un Long-Voyant, il s’assurerait de l’Équilibre des éléments et du monde.

Musique du Barde:

C’était l’idée qui guidait la longue méditation de Barde, les mots n’étaient pas exactement les siens, ils lui donnaient même l’impression de venir d’un lointain passé ou d’un lointain futur, après tout il avait flirter avec tant d’époques à la fois, cela venait sûrement d’une d’entre elle.
Si le Long-Voyant avait pris sa retraite au bord de l’océan du Sud de la Jungle, ce n’était pas pour rien. Outre le cadre presque paradisiaque et la possibilité de croiser sa très vieille amie Limiia, son objectif principal était là en face de lui, infini, insondable et étrangement calme ce soir… l’Océan. Il lui fallait se couper des énergies tumultueuses des Éveillés et du bruit d’Hautemaisons pour écouter les musiques de l’Eau.

Barde avait appris ce qu’il pouvait apprendre des long-voyants de son monde, désormais il devait s’enfoncer encore plus profondément dans la philosophie des éléments mais il n’était pas sensible à tout les éléments de la même manière. Ses éléments de prédilections étaient l’Eau et la Terre, le musicien trouvait d’ailleurs son équilibre à lui, entre les deux forces. Ensuite venait le Vent et pour finir le Feu. Alors avant de combler ses faiblesses autant travailler ses forces, de toute manière le combat ne l’intéressait pas, il voulait apprendre à soigner son monde, pas à combattre pour lui.

« Vide ton esprit. »

L’humain inspira longuement, souffla tout l’air dans ses poumons et répéta l’opération plusieurs fois, jusqu’à atteindre un état méditatif satisfaisant, il laissa patiemment l’Eau s’insuffler en lui.

« Sois informe. Informe comme l’eau. »

Doucement, Barde sentait son esprit à lui laisser sa place aux Esprits de l’Eau, leurs chants mélancoliques s’immisçant dans ses oreilles, l’odeur des embruns dans ses narines et les infinies formes de l’eau se former dans son imagination. Rien ne pouvait atteindre l’eau lorsqu’elle le décidait, ne disait-on pas «Un coup d’épée dans l’eau » ? La place de l’Eau dans le Grand Équilibre était importante, elle calmait les ardeurs du Feu, entourait la Terre et venait la nourrir lorsqu’elle devenait trop sèche et dansait avec l’Air lors de leurs danses infinies et tourbillonnantes. Mais là plus grande force de l’Eau était son infinie évolution, rien n’arrêtait jamais l’Eau, elle prenait la forme de tout, agissant à tout les niveaux du monde. Si elle pouvait faire naître la vie, elle pouvait aussi la reprendre lorsque c’était nécessaire.

« Maintenant, l’eau peut couler ou elle peut s’écraser. »

L’esprit de Barde était désormais mêlé à celui de l’eau, complètement. Chaque pas vers les éléments et vers leurs sagesses infinies, l’éloignait des Éveillés et de leurs préoccupations. Pourquoi se soucier des maux d’un seul être, lorsque l’ont entends ceux du monde entier ? Comment se soucier des mots d’un seul être, quand l’ont devine ceux du monde entier ? Barde changeait, sa quête de sagesse le changeait, il n’oubliait pas qui il était mais il n’avait plus d’autre choix que d’avancer, à vrai dire… C’était son choix. Pour protéger les siens et leurs monde, il fallait veiller sur l’Équilibre, bien sur les musiques ne cesseraient jamais mais sa place au sein des siens finirait par changer.

« Sois de l’eau, mon ami. »


Le Musicien rouvrit les yeux car son corps lui demandait pitance, non… Il lui demandait pitié. Il était recouvert d’une pellicule de sable séché, lui formant presque une seconde peau de sable, son estomac criait famine et son corps était resté figé dans sa posture de méditation. Se relever fut une affaire compliqué, ses muscles étaient depuis trop longtemps au repos. En se relevant péniblement il remarqua le sable autour de lui, des symboles étaient dessinés autour de lui, des spirales, des tentacules, des ronds… Apparemment l’Eau avait médité en sa compagnie.
Cependant derrière lui, des pas approchaient, une odeur de viande avec… Il n’était pas le seul long-voyant dans la Jungle..

HRP:

Le Chantesprit s’était installé au bord du lac, pipe fumante au coin de la bouche, l’air y était doux, l’ambiance apaisante… Mais lui balayait la Grande Ville de ses yeux magiques… Plus précisément Le Palais du Roi. Alors son retour était proche, le retour du Roi tant adoré du peuple d’Hurlevent.

D’aussi loin que sa mémoire d’Éveillé aille, il n’avait jamais apprécié ce Roi, chose tout à fait extraordinaire pour Barde, qui semblait appliquer à aimer tout le monde, mais il ne s’était pas inquiété outre mesure, le monde est rempli de mystère dont la vérité saute au yeux de plus patients… C’est dans les méandres du Temps qu’il avait eu sa réponse, plus qu’une réponse : son identité.


Il n’en avait dit mot à qui que ce soit, ni même à sa confidente la plus proche, ni même aux vents… Ce n’était pas vraiment important, en vérité, pas dans ce monde.


Et le Roi n’avait rien à faire dans CE monde.. Un sentiment inconnu vint naître dans le cœur du paisible musicien…

‎ ‎ ‎ C’est entièrement nu et immergé jusqu’à la taille dans l’eau, qu’il patientait les bras légèrement écartés, yeux clos, laissant l’énergie aquatique couler sur sa peau. Laver son corps, laver son âme, laver les doutes. De sa main humaine, la droite, il tenait tel un fanatique religieux, une lame de cérémonie tranchante comme un rasoir, tandis que sa main de golem, la gauche, était ouverte paume vers le ciel. Voilà quelques minutes qu’il méditait ainsi, jaugeant patiemment les flux d’énergies environnants puis lentement il amena la lame en dessous de son menton et trancha d’un mouvement net et sec.

‎ ‎ ‎ Une première mèche de barbe tomba dans l’eau, puis une autre et encore une autre, encore et encore... ensuite se furent des mèches de cheveux qui tombèrent, celles qui étaient trop emmêlées, celles qui étaient trop longues, celles qui lui empêchait d’y voir clair. Enfin, lorsqu’il fut satisfait, le Musicien pris une longue inspiration et s’enfonça tout entier dans l’eau. Là en apesanteur, il se frotta énergiquement le visage, la tête, le menton, se libérant des mèches les plus coriaces, puis il se laissa à écouter cette paix temporaire qu’offrait les fonds marins. Il était de retour parmi les mortels, pour bien des raisons qui lui resteraient longtemps personnelles mais leurs affaires présentes créaient en lui le doute : Devait-il intervenir ? Rien n’était moins surs, aucun de ses maîtres ne s’impliquaient jamais dans les petites affaires des mortels, ni Velen, ni Nobundo, ni même Uktena. Mais qu’aurait-il dit lui ? Si il avait vu son meilleur ami observer ses compagnons partir en guerre sans bouger le petit doigt, la prétention du pacifisme n’est-elle pas de raisonner les guerriers aveuglés ?.. Puisqu’il manquait d’air il se redressa vivement pour sortir à nouveau son buste de l’eau, secouer sa tignasse mouillée et prendre une grande bouffée de l’air frais de la Forêt Verte.


‎ ‎ ‎ Il promena songeur les doigts de sa main sur les cicatrices qui bariolaient son corps. Sa première réaction fut de remarquer que son corps était en excellente forme, que se fussent ses privations alimentaires dernières, ses entraînements à la magie élémentaire ou ses longues errances… Harmonie serait ravie : Barde avait renoué avec sa, bien que moins imposante, musculature sèche d’antan. Mais son sourire presque vantard s’effaça, lorsque les souvenirs liés aux différentes cicatrices vinrent. Il avait vécu bien des batailles, qu’elles soient pour survivre à Murmure, pour protéger ses compagnons et amis d’ici ou qu’elles furent celles auxquels il avait assister dans la Grotte du Temps. Il avait vu des engins de morts ravager des terres entières, des civilisations être effacées de la mémoire des survivants, des êtres qui ne se connaissaient pas mourir aux profits d’individus qui eux se connaissaient très bien, ou encore un colérique roi humain acclamer une paix nouvelle sur les vestiges sanglants des peuples opprimés.


‎ ‎ ‎ Le Chantesprit soupira longuement, il faudrait qu’il s’occupe de ça aussi, un jour, mais les Éveillés semblait, non-sans-surprises, se désintéresser du retour de ce maudit Roi ! Ça lui laissait quelques coups d’avances.. Ayant fini de s’ausculter, il sorti tranquillement de l’eau et se sécha à l’aide une étoffe propre empruntée à la Maison Commune, enfila son pantalon, boucla sa ceinture puis décrotta ses bottes avant de les chausser. Il prit à nouveau le temps, dans un frisson, de sentir sur sa peau le vent frais des matinées puis se vêtit de sa chemise bleu foncée, dont il remonta grossièrement les manches. Enfin, il secoua son bandeau et le noua sur son front puis dans un sourire l’abaissa sur ses yeux toujours clos, il est des choses qui restent très bien cachées. De toute manières, ils ne comprendraient pas. Sa moue « éternellement » heureuse revint rapidement alors qu’il se bourrait nonchalamment une pipe aux odeurs aromatiques d’Étouffante.
‎ ‎ ‎ – Bien ! Allons discuter de la paix avec les Éclaireurs ! Clama-t’il haut et fort d’une voix joyeuse et chantante. Après tout ! N’est-ce-pas là mon rôle, depuis le tout début !!?



… Au loin, de l’autre coté du Lac Cristal une Sissy rouge écarlate repris enfin son souffle, décidément il faisait vraiment très très chaud dans cette forêt ce matin, vous ne trouvez pas vous ? Pfiouf…

HRP:

– Et… Voilà. Souffla doucement le Musicien, devant son feu de bois naissant.

       Évidemment il aurait pu allumer magiquement un feu, mettre le feu au bâtiment même mais il y avait un certain charme, et, une certaine nostalgie à allumer manuellement un feu comme lors de ses premiers jours d’éveillés. Maintenant que son feu était allumé, il entreprit, songeur, la préparation de son repas : Du pain rassi et un poisson frais à préparer. Dehors, sur les Terres d’Arathi, partout la pluie battante chantait la cadence frénétique de l’Eau et ce petit endroit au sec était un véritable cocon pour le vagabond habitué aux nuits fraîches et humides de son mode de vie.
       Prudemment il découpa la chair du poisson, une truite, remerciant à haute voix la Nature, comme à son habitude. Sa présence, ici, au Trépas d’Orgrim était une toute nouvelle étape dans la vie du Long-Voyant, il avait rejoint le front comme un soutien, comme un gardien passif et sage de l’Équilibre, du moins c’est ce qu’il essayait de faire. Et  si il s’était rendu aussi haut dans le Nord, perçant les lignes de goules en compagnie d’un Placide héroïque et ce dans le but de soigner les malheureux de la Croisade insensée de l’Ordre Du Marteau ; il était une vérité qui vivait aussi dans son cœur, une vérité effrayante et grandissante : Il fuyait Hautemaisons.
       Il ne reconnaissait plus son foyer, la Forêt Verte l’avait-elle jamais réellement été ? Il n’était pas favorable à l’abandon du Marais, ni aux politiques expansionnistes d’Harmonie, en vérité « Le lieu le plus accueillants du MONDE avec de gentils habitants », ce qui fut la maxime d’Hautemaisons à l’arrivée de Barde, était désormais bien loin. Car ce qui l’effrayait le plus, était bien son épouse. Un fossé se créait entre eux, lui n’était plus qu’un outil à sa femme qui errait loin d’elle la plupart du temps, pour ne recevoir la moindre réelle marque d’affection lorsqu’il était à ses côtés, lorsque ce n’était pas des remarques piquantes ou injustes. Mais le Musicien ne jetait pas entièrement la pierre à Harmonie, il avait vu dans les yeux de tous les changements profonds qui se profilaient en lui et lui qui été réputé aimé de tous se retrouvait finalement très seul face à lui même. Probablement aurait-elle été plus heureuse avec Belette.
C’est en faisant généreusement la tête qu’il termina la préparation de son repas et s’attaqua à le manger en observant la pluie tomber. Si ses peines de cœur étaient un poids sur les épaules de Barde, se furent les souvenirs qui l’étaient le plus…

Le Musicien fumait tranquillement la pipe, surplombant le Port de la Grande Ville, si il affichait son habituel sourire serein, son abdomen le faisait souffrir et le déchirement de son âme l'épuisait. Mais pour l'heure il n'y pouvait rien, aussi sa philosophie lui intimait de ne pas s'en soucier, pourtant après quelques minutes... Il sera remémora ce qui l'avait embarqué dans cette galère involontaire...


Debout, bras croisés au milieu des Hautes Terres d’Arathi, le Chantesprit, bien que d’une immobilité presque irréelle était plus qu’occupé, il devait se dépêcher et tisser, tisser plus vite, prudemment, tisser plu-

– Crois tu que j’ignore ce que tu es en train de faire, mortel ? Tonna une voix suave autour de lui. Crois tu pouvoir me berner moi, la reine des illusions ?
– Qui sait, démon ? Vous chantez bien de sombres mélodies aux oreilles du premier barde de cet âge ! Répliqua, dans un sourire inquiet, le Musicien. Que-puis-je pour vous ?

Tout autour de lui, apparurent des formes humanoïdes, Harmonie, Brave, Emiade, Manon, Brume ou Brave. D’un seul ton elles entonnèrent ensembles.

– Tu n’es qu’un mortel, humain. Un mortel faible qui provoque des choses bien trop grande pour lui ! Un mortel faible qui perd les siens, encore et encore.
– Vos illusions ne fonctionnent pas sur moi, jeune femme, j’ai déjà tout perdu, plusieurs fois.
– Crois tu être le premier Parlesprit que je rencontre, vermisseau ?

Si les humanoïdes continuaient d’apparaître autour de lui réveillant dans le cœur du Ménestrel Errant des souvenirs, parfois plus douloureux qu’une brûlure ou plus vieux que le monde lui même, il ne se détournait pas des raisons de sa présence, plus qu’urgente en ces terres élémentaires : Accorder les quatre éléments présents pour former une barrière infranchissable autour de la cuvette que formaient les reliefs : Un Sanctuaire Inviolable et pour de bon.

– Tu es parti, tu as fuis. Entonna une illusion à l’apparence de Brave.
– Tu m’abandonne toujours ! Ajouta une Harmonie aux yeux brillants de colère. Tu n’es plus là ! Tu n’es plus toi !
– Tu nous as oubliées. Annoncèrent de concert Limiia, Erika et Brume. Tu as oublié Hautemaisons, celles qui fut ta maison et ton refuge lorsque tu étais faible.
– Le Grand Barde n’a plus d’intérêt pour les mortels, n’est-ce-pas ? Annonça un Aube hautain aux côtes d'une méprisante Rinidiel. Qui reste-t’il sous vos grands discours ? Vous qui n’êtes même plus humain.
– Qui s’occupe des vôtres lorsque vous vagabondez, Barde ? Qui tiens la barre lorsque que le Capitaine joue les aventuriers ? Vociféra une Miracle, brûlante de rancœur, portant dans ses bras Méleryon et un enfant qu'il ne connaissait même pas.
– Vous avez tourner le dos à la Lumière, Barde. Elle même qui vous a pris auprès d’elle lorsque l’Ombre s’abattait sur vous, elle qui vous a offert la musique. Soupira une Emiade au regard sévère, accompagnée d’une Brume qui ne le regardait même pas.
– Ça que mauvais apprenti, rien écouter à moi ! Bon qu’à chanter, pas défendre, pas taper, rien faire. Grogna Uktena, postée derrière sa moitié.
– Où est mon concert, Barde ? Vous qui avez jouer avec mes sentiments et m’avais abandonnée lorsque je ne vous était plus utile ? Larmoya à son oreille, une Manon dévastée.
– Est-tu satisfait de toi, lorsque tu observe le monde s’écrouler sans rien faire ? Ne m’as tu pas tant dit qu’il fallait agir !!? Cria Renard, dans une colère noire.


– Tu n’es pas venu me chercher. Annonça sombrement Ravage.

Les différentes illusions étaient désormais à quelques centimètres du Musicien, toujours stoïque les bras croisés, le visage fermé. Puis, alors qu’elles allaient le toucher, il écarta soudainement les bras, les mains gorgées de magie élémentaires et retira son bandeau d’un seul mouvement, dévoilant ses yeux de verres déversant un torrent de larmes d’énergie pure… Pourtant, le Chantesprit affichait un sourire éclatant et annonça d’une voix claire et assurée.

– Je te voit.

Et dans un seul mouvement, il joint ses deux mains et fit soulever devant lui le sol, qui se fissura dans une profonde crevasse, effaçant les mirages sur le chemin jusqu’à… Harmonie, qui fut prise au pied et tirée dans le sol jusqu’à la taille.

– Tu es là, Démon.

La pâle copie d'Harmonie hurla de colère en tentant de se défaire de l’emprise du sol sur ses hanches et jambes.

– Libère moi sur le chant ! Médiocre créature inférieure ! LIBÈRE MOI !!
– Excusez mon manque de courtoisie très chère, mais vous jouiez avec ma zénitude et vous libérerai dans un instant, vous avez ma parole. En vérité de telles manières m’insupportent et je m’en voudrais de traiter avec aussi peu de délicatesse une femme, aussi maléfique puissiez vous être.

Mais déjà la démone hurlait dans une langue démoniaque que Barde ne parlait pas… Pour autant le Parlesprit avait d’autres plans en tête et repris ses négociations élémentaires, la Terre retiendrait bien l’Impératrice quelques précieux instants.

– Pour tout vous dire et je me doit de l'ajouter. Entonna-t’il d’un rare ton narquois, déjà concentré à nouveau dans ses méditations diplomatiques. Que vous faites une très mauvaise Harmonie, mon épouse se serait déjà libérée et je serais face à une invincible montagne de crocs, de fourrure et de muscles. Vous pouvez quitter son apparence, elle ne vous sied guère et elle est inimitable.

Mais à ces mots, l’Harmonie s’arrêta de hurler et lui afficha un sourire satisfait et provocateur.

– Tes désirs sont des ordres mon chéri. Susurra t’elle avant de reprendre sa forme à elle, celle d’une simple succube… Et non celle de l’Impératrice de la Souffrance comme attendue.
– Par Ishmii, qu’est-ce… Eu le temps de marmonner le Musicien avant de voir traverser son abdomen une lame violette accompagnée des bruits de milles âmes éplorées.

Il le sentit immédiatement, la lame se mis à boire son âme et lorsque l’Impératrice derrière lui la retira lentement, dans un rire extatique de victoire, il sentit son humanité le quitter. Mais, alors que les éléments se précipitaient en lui, pour remplir cet espace nouvellement vide, il le sentit pour la première fois : L’Esprit. Le Cinquième Élément. Ainsi, dans une manœuvre désespérée il ordonna magiquement à une goûte de son esprit de revenir à lui avant que le reste ne soit absorbé par la triomphante femme cornue.

– Bien, tu vas désormais mourir, stupide humain. Et ton agonie sera lente et délicieuse. Murmura Tryxvinia à l’oreille d’un Barde aux portes de la mort, en le soulevant par la gorge, puis en lui embrassant longuement la joue. La Mort te va très bien, insecte.
– …
– Que-dit-tu ? Annonça l’Impératrice en portant la tête du malheureux à son oreille.
– … Attention … à vos cornes … Toussa-t’il dans un dernier sourire.
Et alors que l’Impératrice levait mollement les yeux vers ses cornes, le sol glissa sous elle, la déséquilibrant un instant, instant qui la fit lâcher l’humain aux portes de la mort qui dans un tout dernier effort tonna.

– Placide, à moi ! Éléments, à moi, couvrez ma fuite ! Le Chantesprit vous le demande !

Et alors qu’un bélier fonçait tête baissée vers son compagnon de toujours. Le Vent, la Terre et l’Eau (mais pas le Feu) se soulevèrent un instant pour créer un chaos autour de l’être vicié, l’instant d’après Placide fonçait vers son foyer d’antan, Barde évanoui sur son dos.

– Cours donc petit humain, la Mort te rattrapera bien vite. Soupira l’Impératrice. Catarah, tu te débrouillera pour te sortir de là, j’ai à faire désormais.

Et sur ces mots, la réalité se fissura autour d’elle avant de l’engloutir, ne laissant qu’une odeur de souffre à la succube coincée dans le sol. Mais... Déjà, dans le cœur de Barde naissait les cauchemars qui accompagnaient les doutes et reproches qu’avaient réveillé cette entrevue.


Le Vagabond, désormais enchainé à un unique endroit, souffla un épais nuage de fumée. Décidément, se battre était une régulière idée de merde.