Dans l'ombre des esprits universels

Lamb est une personne dont on ne sait rien. Un personnage de l’ombre, jamais en avant et qui n’intéresse personne. Pourtant, certains n’auraient jamais pu être ce qu’ils sont sans elle. Je n’en dirai que le moins possible pour ne pas trahir cette particularité de discrétion mais pour au moins aider à comprendre sa personnalité, je vais évoquer deux ou trois choses de son passé.

Aux temps d’avant, quand le monde était rempli d’une agitation sanguinaire où tout le monde se faisait le guerre sans trop savoir pourquoi, Lamb vivait dans une région du continent de Kalimdor qu’on appelait les Tarides. Les autochtones la voyait souvent du côté de la Croisée, sans jamais vraiment savoir ce qu’elle y faisait. On connaissait son nom, mais d’aucun ne pouvait prétendre la connaître plus que cela. En fait, elle parcourait les montagnes à la recherche d’une connaissances que seuls les esprits élémentaires pouvaient lui révéler. C’est la raison pour laquelle elle croisa la route d’une autre parle-esprit très particulière que tous craignaient et respectaient à ce moment : Chayem, l’elfe de feu.

Pendant une longue période, Chayem se retira dans sa caverne consacrée, baignant dans l’atmosphère ardente d’une cavité dédiée au feu dans la montagne des Lamentations. La seule qui pouvait encore communiquer avec elle était Lamb. Cela ne se faisait pas directement. Toutes deux étaient des chamanes, des "parle-esprit" comme disent certains éveillés. C’est donc par l’intermédiaire des esprits qu’elles pouvaient échanger quelques informations et Lamb servit un temps d’intermédiaires entre Chayem et le reste du monde. Cela dura, je crois, jusqu’à la Grande Absorption. La réputation de la fille du feu devint mondiale, ce qui obligea Lamb à se montrer un peu plus. Mais si peu !

Maintenant, les choses ont changé. Lamb est revenue comme une éveillée et porte le nom de Groaa. Je ne me souviens plus qui lui a donné ce nom mais une chose est sûre : Elle l’avait avant de rencontrer Monamie et les éveillés d’Evigil. Au début, sans savoir pourquoi, elle était très attirée par les terres brûlées d’Irmansuul. Peut-être y ressentait-elle un présence familière. Mais ce n’était pas le feu qui la motivait vraiment. Alors elle errait entre les marais, les plaines jaunes, la forêt verte et les terres rouges. Rouge, vert, jaune, bleu... Les couleurs de la terre sont des visions des esprits.

Ce qui l’avait séduite chez les évigilans était leur vie rustique, une certaines sauvagerie dans leur façon de parler et de vivre et, surtout, leur liberté. Les évigilans n’ont pas de structure hiérarchique avec un chef, des sous-chefs et des personnes ordinaires pour qui tout n’est qu’obligations. Les gens du village se réunissaient ensemble et prenaient toutes leurs décisions à main levée. Il arrivait parfois que des discussions s’animaient et que des poings se lèvent mais, une fois une chose décidée, personne ne revenait dessus et n’en prenait secrètement le contre-pied comme cela se fait souvent quand un groupe de décideurs tente de forcer les récalcitrants à suivre la voie qu’ils leur ont tracé. On peut dire que les évigilans vivent en harmonie parfaite et il est impensable que l’un d’entre eux ne trahisse ses frères ou sœurs. Tout cela plaisait à Groaa. Aussi prenait-elle souvent des initiatives pour aider sa communauté.

Quand elle entendit parlé des pratiques des gens des Hautemaisons pour faire revenir des fantômes à la vie, elle réalisa subitement qu’aucun fantôme n’apparaissait, ni la nuit, ni le jour, à Evigil. Et cela la chagrina longtemps avant qu’elle ne décida d’aller au contact de ces étranges magiciens de la forêt verte.